La crise sanitaire a fait apparaître de nouvelles opportunités avec la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales. Le secteur d e l'aéronautique pourrait jouer le rôle de locomotive dans la relance post-Covid-19 par rapport à un ensemble de variables résultant de la mondialisation et des rapports de force, n otamment sur le plan économique au niveau régional, continental et international. En la matière, le Maroc a des atouts indéniables à travers la situation géographique, la qualité, la livraiso n à temps (On time Delivery) et la compétitivité-coût. Et si la relance post-Covid-19 venait du secteur aéronautique et automobile ? Cette réflexion n'est pas anodine car elle exprime un état des lieux et une tendance prometteuse puisqu'elle met en exergue le positionnement du Maroc dans les chaînes de valeur mondiale. La dernière rencontre entre le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Ryad Mezzour, et le Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS) au siège de l'Institut des métiers de l'aéronautique (IMA), à Nouaceur à Casablanca, conforte cette idée. D'autant plus que cette réunion de travail a été consacrée à la feuille de route du développement du secteur aéronautique au Maroc. Il s'agit d'un secteur pourvoyeur d'emplois et de devises à l'instar du tourisme et autres activités à l'exportation. D'ailleurs, le ministre l'a bien relevé en mettant l'accent sur l'importance du capital humain dans la dynamique du secteur, lequel a créé, depuis 2014, plus de 11.000 emplois, et ce, dans le cadre du Plan d'accélération industrielle (PAI). En outre, le partenariat stratégique signé entre le GIMAS et le gouvernement, renforcé par la signature d'un plan d'accélération industriel, a permis à cette industrie de s'engager dans sa nouvelle phase de développement avec des objectifs ambitieux qui sont de tripler le nombre d'employés pour atteindre 30 000, doubler le nombre d'entreprises et réaliser 42% d'intégration locale. Et c'est à juste raison si le Policy Center for the New South s'est interrogé, dans son débat hebdomadaire du Mardi, sur « Quel positionnement du Maroc dans les chaînes de valeurs mondiales ? Un débat qui a été animé par Fathallah Oualalou, ancien ministre de l'Economie et des Finances mais également un éminent chercheur du PCNS. Des réformes audacieuses Car pour le conférencier, avec un commerce et une croissance plus lents, le Maroc peut faire mieux grâce à des réformes qui renforcent sa participation aux chaînes de valeur mondiales. Celles-ci peuvent l'aider à passer des exportations de produits de base à la fabrication tout en veillant à ce que les avantages économiques soient plus largement distribués dans la société. Dans ce contexte, fait-il remarquer, le Maroc a été confronté au défi d'accéder aux chaînes de valeur mondiales, notamment dans les secteurs de l'automobile et de l'aviation. Désormais, de nouvelles opportunités apparaissent avec la reconfiguration des chaînes de valeur, considérant un ensemble de variables résultant de la mondialisation et des rapports de force, notamment sur le plan économique au niveau régional, continental et international. Ce qui fait dire à M. Mezzour que le grand potentiel du Maroc en compétences et ses atouts augurent de belles perspectives de développement pour le secteur. « Plus que jamais, les opérateurs ont besoin de compétitivité et de jeunesse pour la reprise. Il est, aujourd'hui, primordial pour le Maroc de renforcer son attractivité », a-t-il lancé à l'adresse du GIMAS. Avant de rassurer que de nombreuses opportunités s'offrent au secteur notamment à travers les nouveaux investissements à forte valeur ajoutée (recommandation du NMD) lui permettant de consolider, entre autres, l'écosystème propulsion. Dans le cadre de ces perspectives, le Maroc prévoit également de renforcer l'intégration profonde des écosystèmes existants et de développer pleinement l'écosystème d'ores et déjà connecté à la locomotive historique Safran et, tout récemment, aux motoristes Rolls Royce. En la matière, il faut rappeler d'ores et déjà que les jalons de l'intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales sont posés dont le plus récent est le partenariat scellé entre Pilatus et Sabca, portant sur un contrat de montage complet à Casablanca des aérostructures de l'aéronef PC-12. Ce contrat constitue une étape importante qui tire parti de l'écosystème aérospatial au Maroc. Les métiers de spécialisation Il prévoit l'assemblage du fuselage, ailes et commandes de vol y compris l'installation électrique du câblage. Le premier fuselage ailes assemblé dans la nouvelle unité industrielle de Sabca à Casablanca sera prêt à être livré à la ligne d'assemblage finale à Stans, en Suisse, d'ici la fin de 2022. De leurs côtés, Hicham LamHammdi et Mohammed Makhtari, dans leurs contributions sur « L'intégration du Maroc dans les Chaînes de Valeur Mondiales : Le cas du secteur aéronautique », déclarent que le Royaume a beaucoup d'atouts pour se prévaloir d'une place de choix dans ce secteur. En effet, écrivent-ils, le Maroc figure parmi les pays qui ont réussi à intégrer les CVM non pas uniquement en exploitant sa richesse naturelle (cas de plusieurs pays africains qui le font principalement à travers l'exportation du gaz et du pétrole), mais principalement à travers les exportations de produits manufacturés. Dans ce sens, l'économie marocaine est profondément intégrée dans les CVM à travers la situation géographique, la qualité, la livraison à temps (On time Delivery) et la compétitivité-coût. Cependant, estime cet autre expert, le défi pour le Maroc, dans les activités de production, est d'intégrer des métiers de spécialisation tels que la sécurité-défense, le spatial et les composites. Concernant les activités « Amont », l'intégration du segment « conception » et le développement des activités en R&D constituent un défi pour les années à venir, ajoute notre interlocuteur. Les expériences de certains pays émergents à l'image du Brésil, qui a réussi à attirer les géants de l'aéronautique et de développer des activités de conception, peuvent inspirer le Maroc. Wolondouka SIDIBE