Là où Bank Al Maghrib, le CMC et le FMI tablent sur un taux de croissance de plus de 5%, l'Exécutif semble avoir préféré s'accorder une marge de manoeuvre en fixant son taux prévisionnel à 3,2% pour 2022. Préparé au pas de course, le Projet de Loi de Finance 2022 (PLF) a respecté son premier engagement ayant étant déposé au Parlement avant le 20 octobre, en attendant sa présentation devant les deux Chambres. Très attendu, ce premier PLF de l'équipe Akhannouch devra permettre le démarrage effectif de réformes structurantes, à l'image de la généralisation de la protection sociale, du plan de relance de l'économie nationale et de la réforme du secteur public. Pour mener à bien ces chantiers titanesques, les principales orientations pour la période 2022- 2024 seront centrées sur la poursuite de l'effort de rationalisation des dépenses de fonctionnement de l'administration qui passent notamment par l'abstention de la programmation des crédits d'investissement liés à la construction ou à l'aménagement des locaux administratifs, ou encore à l'achat de véhicules. L'investissement public devrait également être renforcé et pourrait atteindre les 245 milliards de DH, dont le financement devrait varier entre budget de l'Etat et le Fonds Mohammed VI pour l'investissement. Cette dernière institution devrait aussi multiplier les partenariats avec le secteur public. 3,2% de croissance attendue Le PLF table par ailleurs sur un taux de croissance prévisionnel de 3,2% pour 2022, qui devrait passer à 3,8% en 2023, avant d'atteindre 4% en 2024. Des prévisions prudentes de l'Exécutif qui tranchent avec les estimations faites par Bank Al Maghrib qui, lui, table sur une croissance de 6,2%, et des 7,1% avancés par le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) ou encore des 5,7% prévus par le Fonds monétaire International (FMI). Une approche qui suscite l'interrogation des observateurs et qui indique la volonté de l'Exécutif de se ménager une marge de manoeuvre qui semble prendre en compte l'hypothèse d'une détérioration de la situation sanitaire. Concernant l'inflation, le taux attendu par le PLF ne devrait pas dépasser 1,2%. Du côté du déficit budgétaire, l'Exécutif table sur un taux de 5,9% contre les 6,2% enregistrés en 2021. Des projections qui reposent sur une reprise généralisée de l'économie internationale, notamment au niveau de la zone Euro et sur une campagne céréalière dont la récolte estimée est de 80 millions de quintaux. Le PLF table également sur une amélioration des recettes fiscales qui devraient générer quelque 27 milliards de DH, auxquels s'ajouteront 12 milliards de DH fruits de « financement innovant ». Le transfert d'actifs et la reprise des privatisations devraient générer pour leur part pas moins de 8 milliards de DH. Hausse en cascade pour les TIC Des fonds qui devraient être redéployés vers la deuxième phase de la généralisation de l'Assurance maladie obligatoire (AMO), dont la mise en oeuvre devrait mobiliser une enveloppe de 4,2 milliards de DH. Le projet de développement du monde rural et des zones enclavées, qui est censé se concentrer dans un premier temps sur la mise à niveau des infrastructures et services sociaux de base, devrait également capter une partie non négligeable des fonds publics. Idem pour les budgets alloués aux ministères de la Santé et de l'Education qui devraient être revus à la hausse et capter des crédits supplémentaires estimés à 9 milliards de DH, dont 5 milliards de DH seront alloués à la mise à niveau des unités hospitalières, des centres de formation des enseignants ou encore des universités. S'y ajoutent les 250 millions de DH prévus pour la mise à niveau du préscolaire. Sur un tout autre registre, une série de hausses ont été programmées au niveau des Taxes Intérieures de Consommation (TIC). Elles toucheront notamment les droits d'importation des tubes et lampes à incandescence qui passeront de 2,5 à 40%, les galettes de volailles précuites qui devront s'acquitter d'un droit à l'importation de 40%, les produits énergivores (climatiseurs, réfrigérateurs, congélateurs...) qui devraient également être touchés par ses hausses de TIC. Des hausses justifiées tant par la protection du « Made in Maroc » que par une volonté de gestion efficiente de la consommation électrique. A. A. L'info...Graphie