15.226 entreprises, comptant 48.614 salariés, n'ont pas repris leurs déclarations auprès de la CNSS à fin 2020, selon l'Observatoire Marocain de la TPME L'Observatoire Marocain de la TPME (Très Petites et Moyennes Entreprises) publie la seconde édition de son rapport annuel, qui s'attache, conjoncture oblige, à retracer les premiers impacts de la crise pandémique sur les actes d'affiliation à la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale) et les emplois déclarés en 2020. « Les données de la CNSS montrent un recul important du nombre d'affiliés auprès de la CNSS, qui a atteint un creux à fin avril 2020, avec une baisse de 48,3% en glissement annuel. Il en est de même pour ce qui est des emplois déclarés auprès de cet organisme qui ont enregistré une baisse de 35,4%, soit 899.844 salariés, et ce, en raison des arrêts temporaires ou définitifs des activités de plusieurs entreprises dus à la crise pandémique. Ces régressions recouvrent des niveaux différenciés au plan régional, sectoriel et par classe d'effectifs », explique l'Observatoire Marocain de la TPME (OMTPME). Pour ce qui est des actes d'affiliation à la CNSS, les baisses les plus importantes ont été enregistrées au niveau de la région de Drâa-Tafilalet (56%), suivie de Marrakech- Safi (53%), de Rabat-Salé-Kénitra (49%) et de Casablanca-Settat (47%). Elles ont été enregistrées également par les entreprises dont l'effectif est compris entre 0 et 10 employés avec 53,5%, les entreprises disposant de plus de 500 employés ayant connu une baisse de 8,2%. Au niveau sectoriel, le recul important du nombre d'affiliés auprès de la CNSS a été enregistré par l'« hébergement & restauration », les « activités de services administratifs & de soutien » et la « construction », soit respectivement 87,2%, 61,9% et 56,6%. S'agissant des emplois déclarés, les baisses les plus importantes ont été enregistrées au niveau de la région de Drâa-Tafilalet (51%), suivie de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (47%), de Casablanca-Settat (33,2%) et de Rabat-Salé-Kénitra (27,8%). Elles ont été enregistrées également par 226 entreprises dont l'effectif est compris entre 0 et 10 employés avec 57,4%, les entreprises disposant de plus de 500 employés ayant connu une baisse de 23,6%. Au niveau sectoriel, les baisses du nombre d'affiliés auprès de la CNSS ont été observées au niveau des secteurs de l'« hébergement & restauration », de l' « industrie manufacturière »et de la « construction », soit respectivement 77%, 51% et 50,5%. Tous secteurs confondus, le rapport de l'Observatoire Marocain de la TPME fait remarquer que ce sont 15.226 entreprises, comptant 48.614 salariés, dont 93,5% de micro-entreprises, qui n'ont pas repris leurs déclarations auprès de la CNSS à fin 2020. Lourd impact sur la trésorerie des entreprises S'agissant des impacts de la crise pandémique sur la trésorerie des entreprises, l'Observatoire Marocain de la TPME, citant une enquête du HCP réalisée en janvier 2021 auprès d'un échantillon de 3600 entreprises, fait observer que 40% des entreprises ne disposaient d'aucune réserve de trésorerie, et 8% d'entre elles ont une réserve permettant de tenir moins d'un mois. De plus, 25% des grandes entreprises disposaient de réserves qui peuvent tenir plus de 6 mois, cette proportion est de 14% chez les PME et 11% pour les TPE. Les résultats de l'enquête du HCP révèlent aussi que 44% des entreprises âgées de moins de 10 ans n'avaient aucune réserve de trésorerie. Cette proportion est de 38% chez les PME et 36% pour les grandes entreprises de la même tranche d'âge. Par ailleurs, les résultats de l'enquête font ressortir que les effets de la crise sur la trésorerie des entreprises restaient hétérogènes par secteur d'activité. Au 2ème semestre 2020, 54% des chefs d'entreprises de l' « hébergement & restauration » déclarent ne pas avoir de réserve de trésorerie et 9% ont une réserve de moins d'un mois. L'impact a été également important au niveau de la « construction » avec 46% des entreprises n'ayant aucune réserve de trésorerie et 12% ne disposant que d'une réserve de moinsd'un mois. À l'inverse, l'OMTPME indique que d'autres secteurs montrent plus de résilience, comme l'«énergie » et l' « enseignement & la santé », dont 24% et 27% des entreprises respectivement disposent d'une réserve de trésorerie de plus de 6 mois. Redressement des actes d'affiliations à la CNSS Autre élément soulevé par l'Observatoire Marocain de la TPME : le déconfinement décidé par les autorités marocaines, au cours du mois de juin, a eu un impact immédiat à la fois sur le nombre d'entreprises affiliées et sur les déclarations des emplois. En effet, le nombre des actes d'affiliations s'est redressé pour atteindre, en juillet 2020, un niveau quasi-similaire à celui du même mois de 2019, pour l'ensemble des entreprises. En effet, suite à l'assouplissement des règles sanitaires décidé par les autorités, le nombre des actes d'affiliations à la CNSS s'est redressé, en juillet 2020, en retrouvant son niveau de la même période un an auparavant, pour l'ensemble des secteurs à l'exception de l'hébergement et de la restauration qui ont terminé l'année avec une baisse de 13,2%. Il en est de même des emplois déclarés, à fin août 2020, qui ont atteint leur niveau de la même période de 2019, exceptés ceux des secteurs de l'hébergement et de la restauration, des activités de services administratifs et de soutien et de l'industrie manufacturière qui ont accusé des baisses respectives de 28,3%, 2,3% et 3,4%. A la lumière de ce qui précède, il s'avère que les TPME, en particulier les TPE, sont entrées dans la crise de la Covid-19 avec des marges de liquidité et de solvabilité limitées. En outre, plus de 51% de cette catégorie d'entreprises exerçaient, en 2019, dans les branches parmi les plus affectées par cette crise, à savoir l'hébergement et la restauration, le commerce et les transports, ces branches ayant drainé près de 48% du total de leur chiffre d'affaires. « En mettant en exergue de nouveau les vulnérabilités structurelles de certains segments du tissu productif, les conclusions du présent rapport appellent à une accélération des réformes nécessaires à l'amélioration de sa compétitivité et pour le préparer à l'ère post-Covid, qui est marquée par des changements majeurs liés notamment à la transformation numérique, l'accroissement des exigences ESG (Environnemental, Social & Gouvernance), la relocalisation des productions et la reconfiguration des chaînes de valeurs », relève-ton dudit rapport. A. CHANNAJE SOS des TPE-PME Face à la situation économique de plus en plus difficile pour les TPE et PME, la Confédération marocaine des TPE et PME interpelle le futur gouvernement pour venir en aide à ces structures menacées de faillites en série, en raison de la crise économique engendrée par la pandémie de la Covid-19. « Nous espérons que le nouveau gouvernement sera attentif aux préoccupations des TPE-PME et auto-entrepreneurs, et ouvrira avec notre confédération un processus de dialogue permanent, afin de résoudre les graves contraintes dont souffrent ces structures, et qui restent à ce jour non résolues », a souligné Abdellah El Fergui, président de la Confédération, dans un communiqué (Cf. « L'Opinion » du 15 septembre 2021). Des contraintes qui sont liées essentiellement à l'accès au financement, aux commandes publiques et au foncier, à la protection juridique des TPEPME sous-traitantes, à l'accès à l'information, etc.