A l'approche de la très attendue comparution de l'ex-chef de la diplomatie espagnole prévue le 4 octobre prochain, l'enquête se poursuit et s'attaque maintenant aux responsables locaux. A quelques jours de la comparution d'Arancha Gonzalez Laya, ex-ministre des Affaires étrangères espagnole, devant la justice pour éclaircir son rôle dans l'affaire Ghali, les révélations issues de l'enquête du juge d'instruction du tribunal n°7 de Saragosse continuent. Selon les derniers éléments de l'investigation, l'administration de l'hôpital de Logroño aurait été notifiée de l'arrivée de Brahim Ghali 48 heures à l'avance, soit le 16 avril dernier, et aurait libéré une place pour l'accueillir. Le gérant de l'hôpital aurait par la suite avisé le responsable de l'unité de soins intensifs, de l'admission de Brahim Ghali en lui spécifiant que cette procédure relevait d'un «dossier d'aide humanitaire ». Le management de l'hôpital aurait également omis de communiquer l'identité du leader des séparatistes aux équipes chargés des soins intensifs. Selon une conversation via la messagerie WhatsApp récupérée par les enquêteurs, le responsable en charge de ce département a été avisé par un message envoyé le 16 avril par le gérant « qu'il nécessiterait probablement un lit en soins intensifs pour un patient atteint du Covid en provenance de l'étranger, mais qu'il n'avait pas la date exacte d'arrivée qui était prévue entre le 17 et le 18 ». Lors de la même conversation, le gérant a commenté au chef du département de soins intensifs « que c'est un ami à lui qui lui avait demandé de lui libérer une disponibilité ». Interrogé sur l'identité de cet « ami » par les enquêteurs, ce dernier a précisé qu'il s'agissait du chef de cabinet de la présidence de la région autonome de La Rioja. Ce dernier, qui devrait bientôt être entendu comme témoin, aurait par la suite confirmé au management de l'hôpital la date et l'heure d'arrivée de Ghali à l'aéroport de Saragosse et se serait chargé de coordonner le transfert en ambulance du leader du Polisario depuis l'avion jusqu'à son admission à l'hôpital. Le responsable de l'unité de soins intensifs a également confié aux enquêteurs que son attention a été attirée par les papiers d'identité qui lui ont été présentés. Les documents qui étaient au nom de Mohamed Benbatouche ne correspondaient pas aux données qui figuraient dans le dossier médical, tout comme les formulaires fournis par les ambulanciers en charge du transfert de Ghali depuis l'aéroport. L'administration et le corps médical de l'hôpital se sont par ailleurs accordés à dire qu'ils n'ont été informés de l'identité réelle du patient mystère qu'après la publication des premiers articles. Le gérant n'a par ailleurs pas pu préciser aux enquêteurs le type de papier d'identité fourni par l'accompagnant de Ghali. A ce jour, les enquêteurs ne peuvent confirmer si c'est un passeport ou une photocopie qui a été présenté à l'hôpital. Du côté du gouvernement local de La Rioja, la présidente socialiste de la région, Concha Andreu, a confirmé, lors d'une séance du parlement local, qu'elle a autorisé l'admission de Ghali à Logroño. Une décision qu'elle a justifiée comme « une réponse à la demande de collaboration du gouvernement central et qui s'inscrit dans le cadre de la loyauté institutionnelle qu'elle doit au gouvernement ». S. A.