La publication du montant des retraites alloué aux membres du gouvernement sortant a suscité, sur fond de crise économique, les protestations des internautes. Eclipsé un temps par la pandémie et les élections générales, le dossier de la retraite des ministres revient au-devant de la scène. Suite à la publication du montant alloué à la prime de départ des membres de l'Exécutif, les accusations de dilapidation de l'argent public se multiplient sur les réseaux sociaux et un sit-in de protestation a été annoncé pour le 25 septembre, devant le Parlement. "Je trouve inacceptable que les ministres soient aussi grassement rétribués", déplore une jeune femme qui conspue la gestion d'un gouvernement "longtemps resté dans le déni". Et pour bien des internautes, aujourd'hui de plus en plus avertis, il est temps d'en finir avec ces pratiques. En effet, comme à l'accoutumée, à la fin de leur mandat, une prime de départ est versée à chaque ministre. Un « pécule » qui équivaut à dix mois de salaire. L'indemnité totale de fin de service de la vingtaine de ministres du gouvernement sortant coûtera plus d'un milliard et demi de centimes, 15.100.000 DH précisément. Aux indemnités de fin de service s'ajoute la retraite définitive dont ils bénéficieront. Ils continueront de percevoir une retraite à vie pouvant aller jusqu'à 39.000 dirhams par mois. Quant à la valeur de la retraite du chef du gouvernement, le montant s'élève à près de 60.000 dirhams. Pour rappel, le chef de gouvernement sortant percevait un revenu mensuel de 70.000 dirhams par mois, tout compris (salaires et indemnités), tandis que les ministres touchent un salaire mensuel de 58.000 dirhams, comme stipulé par le Dahir n° 1.74.331 publié le 11 Rabii II 1395 (23 avril 1975) réglementant les attributions des membres du gouvernement et la composition de leur cabinet. Les essais ont échoué Bien que le Chef du gouvernement sortant ait multiplié les effets d'annonce sur la question, mais concrètement, rien n'a été fait ou entrepris pour remédier au problème et mettre fin à la polémique. Saâd Eddine El Othmani avait précédemment révélé qu'il avait tenté deréformer le système de retraite des ministres ; mais il n'a pas pu le faire, considérant que «ce n'est pas entre ses mains», comme il devait l'affirmer dans des déclarations précédentes. Nouveau gouvernement, nouvel espoir Résultat des comptes : l'équipe d'El Othmani, qui est depuis les élections législatives un «gouvernement de gestion des affaires courantes", passe ainsi la patate chaude à son successeur. Il convient de noter que si le gouvernement sortant est appelé à oeuvrer à la continuité des services publics, la conjoncture exceptionnelle que traverse actuellement le Royaume rend cette gestion des affaires courantes assez atypique. Selon la loi, le gouvernement sortant doit impérativement s'abstenir de prendre des décisions susceptibles d'engager durablement le futur gouvernement, notamment l'approbation de projets de lois et de décrets réglementaires ainsi que les nominations aux fonctions supérieures, précise la loi organique 65-13 relative à la conduite des travaux du gouvernement et au statut de ses membres. Par ailleurs, en attendant la composition de la nouvelle équipe gouvernementale du chef du gouvernement désigné, Aziz Akhannouch, les défenseurs d'une réforme du système de retraite des ministres et même celui des parlementaires appellent à prioriser ce dossier durant la prochaine année législative. Safaa KSAANI