Après avoir dévoilé son programme national, le Parti de l'Istiqlal livre sa vision pour chaque région, dont Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Plus d'une centaine de mesures pour lutter contre les inégalités spatiales dans une région très riche. Détails. Région riche du Royaume, au potentiel énorme, Tanger- Tétouan-Al Hoceima se présente comme l'une des locomotives de croissance du pays, une région qui a connu un enrichissement palpable durant les dernières années avec l'industrialisation de la métropole Tanger et les grandes infrastructures de transport et de tourisme dans les autres villes. Pourtant, des problèmes de justice spatiale et territoriale subsistent encore, compte tenu de la faible répartition des projets de développement et des investissements publics. Conscient de l'importance de cette région stratégique du Royaume, le Parti de l'Istiqlal veut la revigorer à l'aide d'un programme spécial, inspiré des spécificités de la région, dont les détails ont été dévoilés, mardi, par le président de l'Alliance des économistes istiqlaliens Abdellatif Maâzouz, lors d'une conférence de presse tenue à Larache, en présence du Secrétaire Général du parti Nizar Baraka et des autres candidats istiqlaliens pour les législatives. Fruit d'un travail conjoint de tous les cadres des Alliances du parti, le programme, loin de la démagogie électorale, contient plus d'une centaine de mesures et projets concrets, réalistes pour les habitants locaux, touchant à tous les aspects de la vie quotidienne (éducation, santé, transport, culture, ...). Dans son allocution, M. Maâzouz a expliqué que ces mesures sont inspirées des griefs et des revendications des citoyens des différentes zones de la région, exprimées à la fois dans des meetings et dans des sondages sur les réseaux sociaux. D'après l'expert istiqlalien, ancien ministre du Commerce extérieur, l'ultime objectif de l'Istiqlal est de lutter contre les inégalités sociales criantes qui persistent dans la région dont les habitants n'ont pas encore palpé les retombées de l'essor économique qu'elle a connu, notamment Tanger, durant les dernières années. Le programme de l'Istiqlal vise essentiellement l'amélioration du quotidien des citoyens par des projets sociaux.
« Le Maroc a toujours été emprisonné dans des logiques verticales et des politiques sectorielles. A présent, nous voulons adopter une logique intégrée et ainsi établir des chartes avec la jeunesse» Nizar Baraka Améliorer l'accès aux services publics de base
L'Eduction et la Santé sont en tête des priorités. Le Parti de l'Istiqlal entend investir dans l'infrastructure éducative et hospitalière dans plusieurs villes et zones rurales, surtout celles qui souffrent d'un manque urgent qu'il faut absolument combler en urgence, comme Larache, Ksar El Kébir... etc.
«Nous veillerons également à renforcer et réformer les lois relatives aux libertés publiques pour être en conformité avec les dispositions de la Constitution » En plus d'un renforcement de l'offre de Santé à Larache, le parti envisage de construire un complexe hospitalier multidisciplinaire à Ouazzane, une ville qui, jusqu'à présent, a souffert d'une marginalisation étendue sur plusieurs années. Outre cela, l'Istiqlal veut réhabiliter l'hôpital de Targuist, une ville située au coeur du Rif, dans la partie occidentale de la province d'Al Hoceima. Concernant l'Education, le programme prévoit l'installation d'un Institut de technologie agricole à Ksar El Kébir, et entend réaménager l'Université Abdelmalek Essaâdi de Tanger, en investissant dans le renouvellement et la modernisation de ses équipements. Pour ce qui est du Logement, le programme istiqlalien définit deux priorités et promet de s'y attaquer au cas où il prend les commandes de la région. Il s'agit de la lutte contre la construction informelle qui enlaidit le paysage de la commune de Gueznaya, dans la banlieue de Tanger. Commune d'autant plus importante qu'elle abrite une zone industrielle. En parallèle, les Istiqlaliens aspirent à donner un nouveau souffle aux régions éloignées du Rif, en lançant un programme régional de logement social.
« Le pouvoir d'achat de la classe moyenne a diminué de 20 %, c'est pourquoi nous aurons à coeur de rehausser ce pouvoir d'achat en travaillant sur la défiscalisation pour tous ceux qui gagnent 4000 dirhams ou moins par mois » Transport public : pour un Tramway à Tanger et une autoroute Tanger-Fnideq L'amélioration des services de transport et de l'infrastructure routière et ferroviaire est l'un des grands axes du programme istiqlalien et l'un des plus abondants en propositions. Le parti veut élargir le réseau routier le maximum possible, et se propose de relier Tanger à Fnideq par une nouvelle autoroute, et construire une route qui relie la zone Tétouan Shore à Tétouan et Martil. L'enjeu ici est de sortir ces deux villes de l'enclavement. Un projet de liaison Tanger- Fès à travers Ouazzane est également prévu, cela devrait contribuer à sortir cette ville d'un enclavement qui date d'il y a longtemps, sachant qu'elle est difficilement accessible par les routes nationales. Idem pour Al Hoceima qui devrait devenir plus accessible de l'étranger, avec de nouvelles liaisons maritimes et aériennes. Sur le plan du transport ferroviaire, deux projets audacieux sont proposés par l'Istiqlal, dont l'installation d'un réseau Tramway à Tanger, afin de limiter la pression qui pèse sur le transport urbain et accompagner l'expansion de la métropole. En plus du Tramway, le parti veut construire une gare de Train à grande vitesse (TGV) à Larache, ville où se présente Nizar Baraka pour les législatives. Le transport aérien est parmi les préoccupations, le programme prévoit de mettre en place un aéroport près de la nouvelle ville de Chrafate, située à 18 km au Sud-Est de Tanger. Pour faciliter l'accès des élèves des régions enclavées dans les montagnes et les zones rurales aux écoles, le programme préconise d'investir davantage dans le transport scolaire dans ces régions, surtout dans les véhicules.
« Nous allons veiller au déploiement de la régionalisation avancée et le transfert des compétences et prérogatives de l'Administration centrale vers les Directions régionales » Des projets écologiques
Bien que domaine qui intéresse peu les gens, l'écologie figure dans le programme de l'Istiqlal comme pilier fondamental dans la stratégie de développement de la région. Neuf projets sont préparés en la matière, dont le plus ambitieux est la création d'une ceinture verte à Bni Makada (grand espace forestier qui sépare des quartiers ou des zones urbaines à l'image de celui Rabat-Témara). S'ajoute à cela le projet de réaménagement de Cap Spartel pour le transformer en parc national. Le programme istiqlalien envisage de s'attaquer également à une problématique de taille, celle de la déforestation des régions du Rif qui nuit à la biodiversité à cause de l'exploitation excessive du bois, le parti s'engage à y trouver des alternatives.
« Nous allons assurer le rééchelonnement des crédits pour les personnes touchées par la pandémie et qui se sont retrouvées menacées d'être expulsées de leur logement suite à l'accumulation de crédits » Nizar Baraka Et le sport et la culture ? L'épanouissement socioculturel est devenu, à l'ère de l'urbanisation galopante, une nécessité absolue, voire une exigence. Nizar Baraka avait expliqué, lors de la séance de présentation du programme national, que le sport doit être un levier d'ascension sociale. En étant visiblement conscients, les concepteurs du programme régional prévoient plusieurs projets sportifs telles que la construction de plusieurs piscines municipales et l'édification d'une salle multidisciplinaire à Larache, accessible à la jeunesse locale. La même attention est accordée à la culture. Le programme présenté par Abdellatif Maâzouz aspire à investir particulièrement dans les musées, en en construisant un de technologie et de science à Tanger, à l'image des musées de Valence et Grenade en Espagne. Le parti veut également célébrer le patrimoine culturel et historique de Larache en y organisant un festival annuel de patrimoine équestre.
Anass MACHLOUKH
Dynamiser l'activité économique, le cannabis au service des agriculteurs Dotée d'un fort potentiel de croissance et d'un fort potentiel démographique, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima est la troisième plus riche région du Royaume, derrière Casablanca- Settat et Rabat-Kénitra. Elle contribue, selon Abdellatif Maâzouz, à hauteur de 10% au produit intérieur brut (PIB) du Royaume. Bien que de gigantesques projets d'industrie et d'infrastructures aient été mis en place, un grand travail de dynamisme économique est attendu pour relancer l'activité, surtout dans les autres provinces et les zones limitrophes de Tanger. Afin de créer plus d'emplois, le programme veut installer un marché de proximité à Gueznaya, ainsi que des zones industrielles dans la province de Larache. Pour la ville d'Al Hoceima, où le chômage est élevé, le Parti de l'Istiqlal propose de réorienter les activités vers le secteur des services, avec l'appui de l'Etat aux jeunes entrepreneurs. Fnideq, qui vit toujours sous le poids de la fermeture des frontières avec Sebta, et qui a vécu plusieurs grognes sociales au cours des derniers mois, peine à trouver des alternatives au commerce transfrontalier et à la contrebande, unique source de revenu d'une grande frange de la population locale. Le Parti de l'Istiqlal propose des alternatives telle que la mise en place d'une zone économique libre, qui devrait abriter des projets locaux générateurs d'emplois. Même logique appliquée pour la ville de Larache, où le parti propose de créer des zones industrielles et logistiques. Comme la région du Rif est connue pour la culture du cannabis, dont elle regorge, la légalisation du chanvre indien à des fins thérapeutiques est considérée comme une aubaine pour l'agriculture locale et notamment aux agriculteurs. Ayant plaidé depuis longtemps pour sa légalisation, l'Istiqlal plaide pour la régularisation du statut des agriculteurs, en plus d'instaurer une zone industrielle dédiée à la valorisation et à la transformation du chanvre.
« Le programme du parti est basé sur une étude approfondie des besoins de la population » Abdellatif Maâzouz
« Les ressources humaines marocaines sont connues pour leur intelligence, leurs compétences et leurs aventures en termes d'investissements. Or, ces profils nécessitent un accompagnement par le financement et l'encadrement »
« Notre programme comprend six domaines territoriaux, avec une perspective de développement propre à chaque région » Abdellatif Maâzouz