Le discours du roi Mohammed VI au peuple marocain à l'occasion de la fête du Trône a été une synthèse de toutes les préoccupations de la politique intérieure et extérieure du royaume frère. Ce discours annuel est devenu une occasion nationale importante pour la communication entre le peuple et le leadership. Lors de ce discours, la scène marocaine, interne et externe, est passée en revue avec la franchise et la transparence dont Sa Majesté a pris l'habitude à l'égard de son peuple. Le Roi a tenu à rappeler dans l'introduction que la célébration de la Fête du Trône représente plus qu'une occasion de célébrer l'anniversaire de notre accession au trône. Elle incarne les liens de sainte allégeance et la forte cohésion qui a toujours réuni les rois et sultans du Maroc avec leur peuple, quelles que soient les circonstances. Le discours était fort, plein de significations, de connotations et d'un désir profond de partir des constantes du Maroc. « Pays séculaire, le Maroc est une nation unie, façonnée par une histoire commune. Il puise sa force dans la cohésion nationale et l'adhésion unanime de ses composantes autour de ses symboles sacrés. Il tire aussi sa puissance de ses institutions et de ses citoyens qui s'emploient, par leurs compétences et leurs initiatives, à développer, à faire progresser leur pays et à défendre son unité, sa stabilité. » Ces caractéristiques ont été considérées par le roi Mohammed VI comme un « capital humain et civilisationnel en perpétuel renouvellement, » jouant un rôle clé pour relever les défis et surmonter les difficultés auxquels le Royaume est confronté. Sa Majesté a adressé un mot de remerciement aux acteurs du secteur de la santé et à toutes les autorités pour relever le défi de l'épidémie de Covid-19. Ça a clairement reflété l'intérêt de Sa Majesté pour ce sujet vital. La santé est devenue une variable clé dans diverses résolutions et politiques, entraînant des changements majeurs dans les conditions des Etats et des relations internationales dans divers domaines. Les mots du discours royal dans ce contexte ont été soigneusement choisis. Ils étaient porteurs de messages précis qui ne se limitent pas à remercier les acteurs du secteur de la santé et de la sécurité. Ils portaient aussi l'affirmation de l'engagement du leadership envers son peuple dans cette étape difficile. Il faut noter ici que le roi a tenu à faire valoir la notion d'égalité entre son peuple et sa famille face à ce défi. La valeur de l'engagement est l'une des plus importantes caractéristiques de la gouvernance dans le royaume frère. Elle constitue une pierre angulaire des sociétés fortes et cohésives fondées sur la justice, l'égalité et la solidarité entre les individus. La partie du discours du Roi Mohammed VI sur l'épidémie de Covid 19 comportait une profonde dimension stratégique. Sa Majesté a couvert tous les aspects de ce dossier à travers le concept de souveraineté sanitaire comme « une composante essentielle de la sécurité stratégique du pays. » Le leadership marocain s'est ainsi avéré conscient des transformations majeures que l'épidémie a entraînées dans la conception stratégique de la sécurité nationale des Etats et dans les structures des relations internationales. La souveraineté sanitaire est en effet devenue une priorité majeure de la souveraineté nationale de tous les Etats. Assurer la sécurité sanitaire est désormais un enjeu qui côtoie les autres priorités nationales qui, pendant des années, ont reçu la part du lion des dépenses publiques. La pandémie a révélé que la santé intervient au même titre que la sécurité militaire, économique, hydrique, alimentaire ou cybernétique dans les calculs de sécurité nationale. Sa Majesté a aussi évoqué un effort national collectif dans différents domaines, notamment l'économie. Ce passage a illustré une prise de conscience des systèmes de travail nationaux qui vise à mobiliser les efforts individuels et à encourager chacun à s'engager dans un mécanisme national. Le Royaume est à l'aube d'une nouvelle phase de développement basée sur un modèle national auquel ont participé divers acteurs nationaux et de la société civile. « Sa mise en œuvre relève d'une responsabilité nationale nécessitant la mobilisation des potentialités de la Nation et l'implication de toutes ses compétences, » a déclaré Sa Majesté. Le Pacte national pour le développement devrait devenir une locomotive stratégique pour le développement au XXIe siècle, pour concrétiser ce que Sa Majesté a baptisé une nouvelle Révolution du roi et du peuple. Cette révolution vise à façonner un avenir meilleur pour les futures générations marocaines. Sur le plan extérieur, le discours a renouvelé l'appel aux frères en Algérie à « œuvrer de concert et sans conditions à l'établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage. » Sa Majesté a souligné que la réalité des relations maroco-algériennes « ne nous satisfait guère car il ne sert en rien les intérêts respectifs de nos deux peuples. » Après ce diagnostic, Sa Majesté a ensuite précisé le remède. Sa Majesté a fait part de sa conviction que l'ouverture des frontières serait la norme entre deux pays voisins et deux peuples fraternels. Une telle position est conforme aux visions de Sa Majesté sur les relations avec l'Algérie en général, tant sur le plan des relations fraternelles que dans le cadre du droit et des conventions internationales. Ces derniers stipulent la nécessité d'assurer la libre circulation des personnes, des biens et des services entre les pays. La référence de Sa Majesté au fait que les leaderships actuels des deux pays ne sont pas responsables de la réalité de la fermeture de la frontière implique une message subtil qui encourage l'adoption de l'initiative de conciliation de Sa Majesté. En même temps, elle met devant leurs responsabilités historiques et populaires s'il y a la volonté politique de changer cette réalité pour le bénéfice des deux pays. Cette référence a certainement été liée au fait que tout le monde a maintenant une responsabilité politique et morale pour la continuation de cette réalité, « d'autant que les raisons ayant conduit à la fermeture des frontières sont totalement dépassées et n'ont plus raison d'être aujourd'hui. » L'initiative marocaine d'ouvrir une nouvelle page avec l'Algérie n'est pas comme les fois précédentes. Cette fois-ci, elle est plus amicale et ouverte, porte un langage réaliste, tourne complètement la page sur le passé et n'adopte aucune position ou condition préalable. Elle met l'accent sur le principe de la fraternité. Et elle réfute raisonnablement toute opinion opposée à l'initiative de rapprochement, à travers un discours pondéré qui préserve la dignité et la fierté des marocains et rejette toute image mentale négative en leur défaveur. Le Roi Mohammed VI a manifesté son souhait d'établir le principe de la bonne volonté et de renforcer les liens de fraternité avec les frères en Algérie en déclarant que « ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable. » Le Roi a manifesté son souhait d'établir le principe de la bonne volonté et de renforcer les liens de fraternité avec les frères en Algérie en déclarant que « ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable. » Cette fois, l'initiative ne s'est pas limitée à l'appel à tourner la page du passé et à la volonté de mettre fin aux tensions médiatiques qui, selon le Roi, « nuisent à l'image des deux pays et laissent une impression négative. » Mais elle a aussi repris des principes et des fondements qui étaient censés être étudiés consciemment et précisément par la partie algérienne. En particulier, l'initiative souligne que « la sécurité et la stabilité de l'Algérie, et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc. » « Les deux pays font indissolublement corps » compte tenu de la convergence des défis auxquels ils sont confrontés. L'initiative rationnelle du Maroc se fonde sur la primauté de la raison, de la sagesse et des intérêts supérieurs afin de surmonter la « situation déplorable » des relations maroco-algériennes. Cette situation gaspille les énergies des deux pays et est contraire aux liens de fraternité entre les deux peuples. Tout le monde devrait contempler cette situation claire qui exige des décisions qualitatives pour changer la réalité des relations entre deux pays frères.
Par Salem AlKetbi Politologue émirati et ancien candidat au Conseil national fédéral