Depuis le 1er août 2014, soit sept années de cela, l'opération Barkhane a été lancée au Sahel dans le but de lutter contre le terrorisme. Un important contingent de 5100 soldats français y a été déployé, pour traquer les groupes armés djihadistes dans toute cette région, mais n'a pas réussi à en venir à bout. La fin de Barkhane vient d'être annoncée et elle sera remplacée par la Takuba Task Force. Gilbert Bécaud fredonnait : « que vais-je faire puisque tu es partie ? » dans sa chanson mythique « Et maintenant ». La même interrogation s'applique aujourd'hui aux pays du G5 Sahel confrontés à la lutte contre le terrorisme après l'annonce par le président français, Emmanuel Macron, de la fin de l'opération Barkhane dans cette région d'Afrique. L'interrogation se justifie à plus d'un titre et les inquiétudes sont bien fondées. Même si l'Elysée affirme que la lutte contre le terrorisme sera faite, désormais, avec des forces spéciales structurées autour de l'opération Takuba avec évidemment une forte composante française et des forces africaines, européennes, internationales. Elle aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme. Mais pour celui qui connait la difficulté dans cette guerre asymétrique ne peut s'empêcher de se dire que le plus dur commence. Il ne pouvait en être autrement. En effet, depuis le 1er août 2014, l'opération Barkhane a été lancée au Sahel dans le but de lutter contre le terrorisme. D'ailleurs, les attaques se sont multipliées ces temps notamment dans les trois frontières Mali-Niger-Burkina avec des pertes en vie humaine en grande masse au sein des populations. Formation des unités maliennes Et rien n'indique que la nouvelle force qui sera déployée sera plus efficace que Barkhane. Appelée force Task Takuba, elle sera composée de troupes d'élite censées former les unités maliennes au combat et qui rassemble aujourd'hui 600 hommes, dont la moitié de Français, et le reste des Estoniens, des Tchèques, des Suédois et des Italiens. Son centre de commandement sera localisé sur l'emprise française de Niamey, qui sera fortement musclée. Même si cette décision de transformation radicale du dispositif militaire actuel était attendue et souhaitée par la majorité des connaisseurs, chercheurs ou présumés experts du Mali et du Sahel, comme le souligne Nicolas Normand, ancien ambassadeur français au Mali, les réactions sont mêlées d'inquiétudes, surtout pour les autorités qui se reposaient sur Barkhane, mais aussi pour les populations du nord qui sont très directement menacées par les extrémistes armés. Ce sentiment de peur et d'inquiétude ira en crescendo car les jihadistes adapteront leurs luttes à la nouvelle donne. Et vu l'immensité du territoire à couvrir, on sera loin du compte pour mener une lutte efficace. Là où plus de 5000 hommes n'ont pas pu faire, ce ne sera pas une unité de 600 soldats qui pourra réussir même si comparaison n'est pas raison. Mais les faits sont têtus. D'aucuns trouveront dans le démantèlement de l'opération Barkhane une occasion pour les pays du G5 Sahel de réorganiser leurs troupes, d'équiper leurs armées. Cependant, la situation politico-économique notamment au Mali et au Tchad ne s'y prête pas forcément. Et la dernière sortie du Président du Niger, Mohamed Bazoum, à propos des autorités maliennes ne va pas faciliter la mutualisation des forces en présence sur le terrain. Echecs sur le terrain Celui-ci a déclaré, lors du Sommet de G5 Sahel et sans ambages, qu'« il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu'ils ont des déboires sur le front où ils devraient être » et de noter que « si des colonels deviennent des ministres et des chefs d'Etat. Qui va faire la guerre à leur place ? Ça serait facile qu'à chaque fois qu'une armée, dans nos pays, a des échecs sur le terrain, elle vienne prendre le pouvoir ». Avant d'ajouter « c'est ce qui s'est passé par deux fois au Mali : en 2012, les militaires avaient échoué, ils sont venus faire un coup d'Etat. Cette année encore en 2020, ils ont fait la même chose. Ce ne sont pas des choses acceptables ». « En tout cas, il est temps que les Africains prennent leurs responsabilités et replient les bras qui tiennent la sébile, que ce soit en direction de la France, de la Russie, de la Chine ou des Etats-Unis » estime-t-on dans la capitale malienne. C'est en cela que des projets comme l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme, qui vient d'être inaugurée dans la cité balnéaire de Jacqueville en Côte d'Ivoire, devraient être portés, par exemple, par la Commission économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO). Déjà quelque 300 stagiaires, venus d'une douzaine de pays, ont été formés entre 2017 et 2021 dans cet établissement d'excellence. Et quand on demande au Colonel Mandjou Dioubaté, Attaché de Défense à l'Ambassade de Guinée au Maroc si l'Afrique a besoin d'une armée pour la gestion des crises sur le continent ? Sa réponse est on peut plus claire. « Nous sommes déjà sur cette lancée. Au Mali, il y a déjà la MUNISMA. Elle est composée en grande partie de militaires africains venant de plusieurs pays dont le mien la Guinée, et qui est sur le théâtre d'opération au nord du Mali sans oublier l'initiative de la Force en Attente de l'UA qui doit être en constitution. Il est évident qu'un tel corps est nécessaire dans le contexte d'aujourd'hui pour la gestion des crises et des conflits au niveau de l'Afrique et pour que nous puissions gérer nos problèmes africains, entre Africains », souligne notre interlocuteur.
Wolondouka SIDIBE Genèse de la FAA
Le Protocole relatif à la création du CPS confère de larges pouvoirs à ce dernier en matière de prévention, de gestion et de règlement des conflits. C'est dans ce contexte que l'APSA a été conçue, en tant qu'ensemble d'outils fonctionnels qui entourent le CPS, avec pour vocation de répondre d'une manière globale et entièrement complémentaire à un certain nombre de problèmes complexes inhérents à des situations de crise sur le continent africain. La Force africaine en attente (FAA) constitue l'une des composantes majeures de l'APSA. Son rôle dans les opérations de soutien à la paix (voir ci-dessous), tel que défini en 2004, trouve sa véritable impulsion politique en l'Acte constitutif de l'Union africaine adopté en 2000. Celui-ci donne en effet à l'UA le droit d'intervenir dans un Etat membre en cas de circonstances graves, à savoir les crimes de guerre, les génocides et les crimes contre l'humanité. Cependant, en 2021, la FAA n'est pas encore opérationnelle. Triste réalité