Il y a près de trois décennies, Oujda l'orientale instaure son festival de la musique gharnatie. Des années plus tard, elle récidive avec un évènement international mettant en scène le raï. Dans le lot, des maîtres et des stars des deux sensibilités sont accueillis sur ce sol épris de belles rencontres, marchant de pas allègres. C'est la fête et la joie comme on peut difficilement les déceler en s'éloignant de leur matrice subjective. L'engouement est là, entre fond et forme. Cette ville au passé tumultueux, entre conquêtes et remises en forme, se racle la gorge avant de se prononcer. Et lorsqu'elle le fait, sa voix porte jusqu'à plus frontières. Par ses folies raggada, son raï spécifique ou son gharnati millénaire. Oujda l'artistique est aussi belle que ses terres alentours. De Taourirt à Debdou, juifs et musulmans vibrent aux sons du matroz, du chgouri, du malhoun et du gharnati. Ainsi, le paquet est prêt à exploser. Et lorsque la déflagration se fait entendre, la communion affiche son définitif «non-retour». Finalement, ce festival est un pèlerinage vers le passé comme c'est le cas de toute approche mystique ou commémorative. A Oujda, le gharnati se prend les pieds dans le vieux et indestructible tapis andalou. Depuis qu'il existe, depuis qu'il fait frémir, ce festival déroule l'amour. Aux sons et aux cordes vocales parfois approximatifs, il se déploie au Théâtre Mohammed VI jusqu'au 13 juin, en mode hybride. En espérant que le cuivre se transforme en or.