Pour Hamid Bouchenak, la musique est avant tout une affaire de famille. Plongé dès son plus jeune âge dans les sonorités Gnaoua et Gharnati, c'est tout naturellement qu'il débute avec ses frères une carrière musicale. Présent au Festival international du Raï à Oujda, Hamid Bouchenak compose à présent en solo une musique entremêlant le Raï avec des touches de Gharnati. Rencontre avec cet Oujdi de coeur. Que ressentez-vous à quelques heures du concert ? J'aime toujours le niveau de prestation à Oujda. Le niveau monte toujours. Moi, je suis l'enfant de la ville, je suis né ici, j'ai ma famille ici. Alors, j'ai le cœur qui bat, le tract monte un peu au début. La seule chose qui me tient à cœur, c'est le public oujdi. Ce public, il est toujours au rendez-vous pour les trois jours du Festival. On observe lors des concerts une véritable interaction entre le public et les artistes. D'où viennent cette énergie et cette joie des Oujdis ? L'énergie du public vient du manque de spectacles et de manifestations culturelles. Sur toute l'année, on manque d'évènements organisés. Il faut récupérer ce monde-là pour donner d'autres rendez-vous annuels. Ce qui fait la particularité du public oujdi, c'est déjà la diversité qui existe dans l'Oriental. On a une grande diversité du folklore et il y a aussi le fait qu'on soit voisins avec l'Algérie. Quelle place tient la musique dans votre vie ? Toute ma famille est dans la musique. Mon père était un grand chanteur dans la musique gharnatie et ma mère était follement éprise des gnaouas. Je suis parti d'abord avec mon frère, on a fait une carrière nationale et internationale. Puis j'ai fait une carrière solo. Pour la famille Bouchenak, le Raï n'est qu'une toute petite partie de ce que nous avons vécu dans le domaine artistique. Comment êtes-vous venu à jouer du Raï justement ? Le Raï est venu par rapport à la région. Le Raï il est d'Oran mais aussi de toute la région de l'Oriental. A l'époque, les chioukhs voyageaient et transmettaient cet art du Raï, l'art des anciens. Le Raï est devenu fin, quelque chose de «soul». Ce n'est pas du vrai Raï. Le Raï est en mouvement. Mais il faut garder quelque chose de la source. Je ne suis pas satisfait du travail des chebs. On ne reconnaît plus le vrai Raï. Je refuse cette étiquette de chanteur de Raï. On m'a donné le surnom de «chevalier du Raï» mais le Raï n'est qu'une toute petite partie de ce que je fais. Je suis plus dans la world musique, dans le brassage des cultures, dans la fusion, dans la création et l'expérimentation. Je chante l'amour, la paix, ma mère, là où je suis né. Il y a un peu le côté engagé, mais je peux aussi chanter des choses plus simples de la vie. Que souhaiteriez-vous voir changer à Oujda et dans la région de l'Oriental ? Ce que je souhaite pour ma ville, ce sont des manifestations culturelles sur toute l'année. Il faut créer un environnement culturel pour ce public, avec plus d'échanges au milieu de l'année. Il faut donner d'autres rendez-vous au public, pour faire découvrir le folklore de la région, de la danse et pas seulement la musique… Je sens que le public veut plus et pour l'instant, il n'a que ce Festival chaque année.