Le Parlement européen a voté, jeudi, une résolution contre le Maroc au sujet de la migration des mineurs, sans prendre en considération le péché originel du gouvernement Sanchez. Eclairages sur les implications et les enjeux de cette décision. Après une longue campagne visant à corrompre l'image du Maroc, les eurodéputés espagnols ont réussi à persuader une partie de leurs collègues d'épingler le Royaume, en lui attribuant la responsabilité de la crise migratoire de Sebta. Bien que la résolution votée par le Parlement de Strasbourg considère que le Maroc a violé les conventions des Nations unies relatives aux droits de l'enfant et l'appelle à cesser de faire pression sur l'Espagne, il n'en demeure pas moins qu'elle n'aura pas l'effet escompté, surtout qu'elle ressemble plus à une simple déclaration qu'à une véritable condamnation du Maroc. «La condamnation est exclue, sachant qu'elle a été citée dans le texte initial avant qu'elle soit retirée», nous explique Lahcen Haddad, député Istiqlalien et membre de la Commission mixte des parlements maroco-européens, précisant que la résolution parle de rejet de la supposée utilisation des mineurs par le Maroc à des fins politiques. Ainsi, nul besoin de se préoccuper des conséquences que pourrait entraîner cette résolution sur le futur de la coopération Maroc-UE, selon Lahcen Haddad, qui souligne que le texte voté contient également des signes rassurants à l'égard du Royaume. « La résolution a exhorté le Maroc et l'Espagne à régler leur différend de façon bilatérale, ce qui signifie que le Parlement européen veut éviter un problème régional en appelant implicitement Madrid à régler sa crise avec Rabat », a-t-il indiqué. Il ajoute que les eurodéputés ont loué au même temps la décision du Maroc de rapatrier les mineurs tout en le qualifiant de « partenaire ». En effet, le texte cite littéralement le Royaume comme « un partenaire privilégié de l'UE dans le domaine de la coopération politique et économique ainsi que de la coopération commerciale, technique». En somme, la résolution n'est qu'un soutien symbolique du Parlement de Strasbourg à l'Espagne, puisqu'elle est dépourvue d'effets juridiques ni de sanctions au vrai sens du terme, estime le député Istiqlalien. « Ce n'est pas une défaite pour le Maroc comme ce n'est pas une victoire pour l'Espagne, qui a échoué à obtenir le consensus », a-t-il argué, précisant que plusieurs eurodéputés ne veulent pas impliquer l'Union européenne dans un antagonisme avec le Maroc. À ce titre, il est à noter que ladite résolution a été boycottée par près de la moitié des membres de l'hémicycle qui ont estimé inopportun et irréfléchi d'antagoniser un partenaire aussi important pour l'Union européenne que le Maroc. Quelque 85 députés ont voté contre la résolution et 196 s'y sont abstenu. Quelques députés comme le tchèque Tomas Zdechovsy ont dénoncé une tentative de l'UE de détruire ses intérêts stratégiques, en s'attaquant à un pays partenaire.
Cette résolution, va-t-elle compromettre les relations entre Rabat et Bruxelles ? Lahcen Haddad, estime que cet épisode de tension sera dépassé, vu la nature du partenariat qui réunit le Maroc aussi bien à l'Espagne qu'à l'Union européenne. Le vieux continent reste le partenaire privilégié du Maroc avec 65,8% du total des échanges commerciaux (chiffre 2019, avant Covid), soit 508,6 milliards de dirhams (MMDH). Pour autant, ceci n'empêchera pas le Maroc, aux yeux du député istiqlalien, de mettre tous les dossiers sur la table avec l'Espagne, même ceux qui fâchent, surtout celui du Sahara, afin de pousser Madrid à sortir de son ambiguïté, en exprimant une position claire et sans équivoque.
Rappelons que la résolution du Parlement européen a été votée par 397 voix favorables. Le Maroc avait accusé le gouvernement ibérique de vouloir européaniser sa crise diplomatique avec le Maroc, provoquée par l'accueil, en catimini, de Brahim Ghali en Espagne.