La pandémie de Covid-19 a donné un coup d'accélérateur à la tendance de la télémédecine. Un tel bond en avant doit être renforcé, estime Ali Taleb, co-organisateur du premier sommet africain de l'innovation en santé. -L'Association des Médecins Internes de l'Université Mohammed VI des Sciences de la Santé (AMIUM6) a organisé, le samedi 29 mai, le premier sommet africain de l'innovation en santé, «Africa Health Innovation Summit». De quelle envie est venue cette idée ? -Aujourd'hui, la pandémie a révélé à quel point la santé était au coeur des préoccupations des Marocains, et à quel point le système de santé était inégalitaire, peu développé et manquant de modernité. A travers le premier sommet africain de l'innovation en santé, on voulait braquer les projecteurs sur des questions essentielles qui sont au centre du débat sanitaire national. La médecine 2.0 et la E-médecine sont aujourd'hui une réalité. Elles permettent de désenclaver sanitairement le monde rural et certaines zones reculées, où il n'ya ni médecin, ni infirmier, ni de dispensaire. Peut-être qu'à travers la télémédecine, on pourra les désenclaver. D'ailleurs, le Nouveau Modèle de Développement (NMD) qui a été présenté à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a évoqué la télémédecine en tant que l'un des moyens clés pour les enclavés sanitairement dans certaines régions éloignées du Royaume. A travers ce Sommet, on a parlé de télémédecine, mais aussi d'Intelligence artificielle, qui va sans doute révolutionner le système de santé et les opérations chirurgicales. Il faut donc en discuter dès aujourd'hui. -A cette occasion, la médecine 2.0 et la E-médecine au Maroc ont été discutées. Quel état des lieux ? -Aujourd'hui le Maroc est à la traîne mais a un énorme potentiel. Notre invité d'honneur, Alexandre Laurent l'a confirmé. Le Maroc peut devenir un hub technologique sur le plan sanitaire, au niveau continental et international. On a une jeunesse extrêmement compétente et un tissu de start-ups santé qui commence à se développer. Le Maroc est l'un des pays les plus avancés en Afrique en termes de start-ups. Il faut profiter de ces jeunes pour en développer davantage. Il faut que le ministère de la Santé fasse tout pour encourager ces Marocains à développer des technologies au service de leur pays. -Quelles opportunités et quels défis se présentent devant l'Intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la santé ? -Les opportunités sont sans limite. L'IA permettra d'aider les médecins à voir certaines lésions par rapport au scanner par exemple. N'oublions pas que la machine est bien plus développée et plus précise que l'oeil humain. Concernant les défis, sans tarder à le dire, l'IA ne pourra jamais remplacer l'homme en termes de raisonnement, d'analyse objective. C'est pourquoi on aura toujours besoin du médecin. -A quel point les start-up santé participent-elles à améliorer le système sanitaire ? -Aujourd'hui, beaucoup de start-ups marocaines s'appliquent à la santé qui facilitent au patient marocain la prise de rendez-vous, qui se fait en ligne, sans devoir passer par des appels téléphoniques. Cela permet, d'une part, aux médecins d'avoir un agenda en ligne qui leur permet de planifier les choses à l'avance et, de l'autre, au patient d'avoir une meilleure prise en charge, plus facile, rapide et plus intuitive. Innovation médico-chirurgicale L'Université Mohammed VI des Sciences de la Santé lance l'Ecole Panafricaine de Chirurgie L'Université Mohammed VI des Sciences de la Santé lance l'Ecole Panafricaine de Chirurgie (EPAC), la première en son genre au Maroc, qui a pour mission d'offrir des programmes de formation continue et de recherche dans le domaine de l'innovation médico-chirurgicale. Inaugurée le 3 Juin, l'EPAC est un espace de travail et de collaboration alliant praticiens, étudiants en médecine, ingénieurs biomédicaux, techniciens et infirmiers dans l'objectif de promouvoir l'innovation, la créativité et la recherche. Cette première école de chirurgie au Maroc forme aux chirurgies innovantes de toutes spécialités à savoir la chirurgie mini-invasive, la chirurgie endoscopique, la chirurgie expérimentale, la transplantation d'organes, la télé-chirurgie, la chirurgie robotique, l'endoscopie et la radiologie interventionnelle, la chirurgie réparatrice cellulaire et tissulaire, la simulation chirurgicale et la microchirurgie. Elle oeuvre également pour le maintien des compétences et une valorisation basée sur la validation des habiletés techniques et de l'expertise chirurgicale, détaille l'Université Mohammed VI des Sciences de la Santé de Casablanca dans un communiqué de presse.Lors de la cérémonie d'inauguration, trois accords de partenariat ont été signés avec des sociétés savantes marocaines : la Société Marocaine de Chirurgie Viscérale, la Société Marocaine d'Endo-urologie et l'Association Marocaine d'Urodynamique et de Pelvipérinéologie. L'objectif étant de promouvoir le montage de projets innovants en matière de formation continue et de recherche dans le domaine de la chirurgie, conclut-on.