Le Maroc a un rôle « extrêmement important » à jouer dans le développement de la médecine du futur en Afrique, a affirmé, samedi, l'urologue français, Laurent Alexandre. Le Royaume a vocation à constituer « un hub technologique » pour le continent africain de par sa position géographique « privilégiée » dans la zone euro-méditerranéenne, a précisé M. Alexandre qui ouvrait les travaux du 1er Sommet africain de l'innovation en santé, organisé par le Comité Scientifique de l'Association des Médecins Internes de l'Université Mohammed VI des Sciences de la Santé (UM6SS). « Le modèle de développement national est le plus convaincant pour l'Afrique », a-t-il dit, mettant en avant les avancées technologiques et organisationnelles importantes réalisées par le Maroc qui se dirige davantage vers une économie de la connaissance. Parlant des mutations profondes que subit le monde de la médecine, l'expert dans le domaine de la santé, a fait état de l'émergence d'une transition d'une médecine sous forme d' »un artisanat intellectuel » vers « un métier technologique, capitalistique et mondialisé », dans la mesure où la partie artisanale régresse en parallèle avec le recours accru à la haute technologie. L'intelligence artificielle (IA) médicale n'aboutira pas sous une forme décentralisée, a-t-il estimé, notant qu' »il y aura forcément une mondialisation du développement informatique dans le secteur de la santé, eu égard au coût colossal de la conception des logiciels dédiés ». M. Alexandre a également fait observer la formation de conglomérats continentaux et intercontinentaux dans le secteur et une tendance accélérée à la mondialisation, outre l'entrée de nouveaux acteurs qui vont restructurer fortement la médecine. Actuellement, les géants de la technologies nourrissent de grandes ambitions dans le monde de la santé électronique, a relevé M. Alexandre, ajoutant que cette nouvelle configuration de la médecine va entrainer de nouvelles régulations, d'où un changement profond de la façon dont fonctionne le système de la santé. Pour sa part, Chakib Nejjari, président de l'UM6SS, a souligné que la pandémie de Covid-19 a montré l'importance de développer l'innovation en santé, qui requiert la mise en place d'une approche pluridisciplinaire. Ainsi, la collaboration entre plusieurs disciplines et expertises est à même d'aboutir à des idées innovantes qui peuvent déboucher sur des solutions pour les problématiques de la santé. Au cours de la crise sanitaire, des initiatives très intéressantes ont vu le jour au Maroc, a-t-il rappelé, notant que l'UM6SS, dans le cadre de ses missions de formation et de recherche scientifique, veut « inculquer l'innovation dans l'ADN de la formation des étudiants » pour qu'ils puissent contribuer au nouveau modèle du développement du Maroc. De son côté, Ali Taleb, représentant de l'Association des Médecins Internes de l'UM6SS, a mis en exergue l'importance que revêt la télémédecine pour le Maroc, notamment, en matière de « désenclavement médical des villages marocains ». Le nouveau modèle de développement s'est intéressé aux besoins en santé du Maroc, a-t-il relevé, tout en invitant la nouvelle génération à s'intéresser aux questions de l'innovation dans le secteur médical pour « une meilleure préparation aux défis y afférents ». Organisé en format hybride, le 1er sommet africain de l'innovation en santé « Africa Health Innovation Summit » se penche sur des thématiques s'articulant autour du futur de la santé, la médecine 2.0 et la E-médecine. Au menu de cette rencontre, figurent des panels sur la télémédecine, la médecine régénérative et l'intelligence artificielle, animés par des intervenants et des experts internationaux.