Après que le système LMD (Licence, Master, Doctorat) ait montré ses limites, les universités marocaines s'apprêtent à switcher graduellement vers l'architecture pédagogique Bachelor, avec pour ambition d'améliorer l'employabilité des étudiants à travers la consolidation des«soft skills», des «life skills», sans oublier les «professionnal skills». Si le ministère de l'Education chante les louanges de cette réforme de l'enseignement supérieur depuis sa première annonce en 2019, rien ne garantit qu'il remédiera au mille et une lacunes dont souffre ce secteur, surtout après l'état des lieux déplorable dressé par la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement. En passant en revue les recommandions de celle-ci, on s'aperçoit très vite que l'enseignement supérieur n'a pas besoin de réforme, mais plutôt d'une rupture et d'une refonte globale. Car, au moment où les universités devaient faire de la centralité de l'étudiant un pilier de leur architecture pédagogique, bon nombre d'entre elles se sont inscrites dans une logique de laisser-aller, favorisant une détérioration de ce secteur fondamental pour accélérer la trajectoire de développement du Maroc et pour l'ériger au rang des nations durablement compétitives. D'ailleurs, c'est cette même attitude apparemment nonchalante de ces établissements, qui a causé la faillite du système LMD au Maroc, qui a pourtant très bien porté ses fruits sous d'autres cieux. Et le Bachelor risque de connaître le même sort sauf en cas de refonte structurelle et de rénovation des contenus et méthodes pédagogiques pour un enseignement efficace et épanouissant. Pour entrer pleinement dans le 21ème siècle, l'Université marocaine devrait impérativement changer de paradigme, en mettant en place un système de pilotage transparent, qui assure l'équité pour tous, à même de booster le potentiel et l'innovation des étudiants. Saâd JAFRI