La perspective marocaine d'une diplomatie post-covid reconfigurée a été présentée par l'ambassadeur Youssef Amrani qui est intervenu, mardi, en tant que paneliste de l'émission-débat d'Al Jazeera «Inside Story», tenue sous la thématique «La diplomatie digitale est-elle une alternative d' avenir ?». Intervenant aux côtés d'experts internationaux de renom, à savoir M. Tom Fletcher, Directeur de Hertford Collège Oxford et conseiller de trois Premiers Ministres britanniques, Mme Theresa Fallon, présidente du Centre d'études sur la Russie, l'Europe et l'Asie, le diplomate marocain a apporté des éclaircissements sur ce qu'il a qualifié «d'un paradigme changeant dans l'exercice d'une action de la diplomatie qui ne saurait faire l'économie d'une nécessaire adaptation dans ses démarches comme dans ses outils de travail».
Partant du postulat que la pandémie mondiale de la Covid-19 a imposé une nouvelle réalité dans les relations et l'interaction internationales, M. Amrani a souligné que le diplomate a été confronté à un exercice de remise en question structurel et profond sur la façon même dont il conçoit la pratique de son métier et plus globalement les schémas de coopération d'une diplomatie qui ne peut se permettre d'avancer à reculons.
La principale conséquence du coronavirus est celle d'avoir mis en évidence la nécessité de garantir et de renforcer la résilience d'un ordre international fondé sur des règles, des principes et des cohérences organisées, a-t-il fait constater. M. Amrani a, dans ce sens, souligné que le combat contre la pandémie relève éminemment de la responsabilité d'une diplomatie internationale, plus que jamais, appelée à investir l'ensemble des leviers en sa disposition pour assurer la continuité du dialogue, de l'échange et donc d'une décision internationale concertée et en phase avec les enjeux d'aujourd'hui et de demain.
A ce titre, l'ambassadeur a loué les mérites d'une diplomatie digitale qui a permis, dans une certaine mesure, « de contourner» les restrictions sanitaires d'un virus qui a drastiquement limité les possibilités d'interactions humaines, pourtant tellement fondamentales dans l'exercice d'une diplomatie d'action. Reconnaissant l'apport indéniable des nouvelles technologies de communication, il a soutenu que «la diplomatie c'est d'abord et avant tout le contact, le verbe et la confiance qui ne se retrouvent qu'autour d'une table de négociation où l'humain, le diplomate interagit avec tous ses sens pour convaincre, influencer et débattre».
«Rien ne remplace le contact direct, les salles de réunions de New York, Addis, Vienne ou Genève où l'on peut à travers la négociation trouver le meilleur compromis possible. Le numérique ne peut remplacer l'humain. Il doit être un vecteur de rapprochement et pas de remplacement», a plaidé l'ambassadeur.