A l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a dressé un bilan mitigé du secteur de la presse en ces temps de crise. Une crise économique, des mesures de restriction sécuritaires et sanitaires, mais aussi des restrictions d'informations, des infodémies...La crise Covid-19 a impacté lourdement le secteur de la presse au niveau national et mondial. Toutefois, les journalistes ont toujours été à la première ligne et ont mis leur propre sécurité en danger afin d'informer et de lutter contre la déformation de la vérité.
Des mesures gouvernementales lacunaires
Le Syndicat n'a pas manqué de rappeler qu'en plus de l'aide annuelle ordinaire accordée à la presse nationale, des mesures urgentes de soutien à la presse ont été prises, il n'en demeure pas moins qu'elles restent en deçà des attentes. En effet, le gouvernement a versé les salaires des employés des établissements médiatiques et a payé les engagements de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) liés aux salaires versés depuis juillet 2020, afin d'améliorer la situation des journalistes et soutenir la presse nationale pour faire face aux répercussions de la pandémie et surmonter ses effets négatifs. Toutefois, le rapport épingle les mille et une lacunes de cette démarche : l'absence de suivi, d'audit, de rapports et d'études sur la manière de décaissement de cet appui, le choix des établissements, sans oublier la répartition des aides qui laisse à désirer.
S'agissant de l'effet de ces mesures sur les journalistes, le syndicat note qu'elles restent très limitées vu qu'une grande partie des institutions s'est retrouvée contrainte à diminuer les salaires des journalistes jusqu'à 50% parfois. Tandis que d'autres ont diminué les heures de travail pour justifier cela alors que d'autres ont complétement renvoyé les journalistes malgré les réceptions d'aides gouvernementales.
Le droit d'accès à l'information
Les problèmes d'accès à l'information sont les premiers à être évoqués. Huit ans après la promulgation de la loi n ° 13/31 relative au droit d'accès à l'information, les dispositions juridiques liées à son application sur le terrain sont toujours bloquées. A titre d'exemple, malgré la publication de la circulaire n° 2 relative à la nomination de la personne ou les personnes chargées d'accès aux informations au niveau des institutions et organismes concernés, aucune liste officielle n'a été publiée au grand public, comme prévu par la loi. Ainsi, les journalistes marocains éprouvent une grande difficulté pour exercer pleinement leur rôle de disséminateurs d'informations.
Les médias publics, une stagnation
Avec une absence de contrôle et de reddition des comptes, les médias publics ont maintenu leur stagnation et leur incapacité à fournir un véritable service médiatique à la hauteur des attentes du peuple marocain. Malgré les sommes colossales dispensées par les institutions publiques, au profit de la Compagnie nationale de la radio et de la télévision, de la deuxième chaîne, et de l'Agence du Maghreb presse, le grand public conteste la qualité des produits et des émissions proposées.