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Conférence nationale sur l'avenir de la presse : La construction démocratique suppose le soutien aux médias
Publié dans L'opinion le 09 - 12 - 2020

Alors que le secteur médiatique au Maroc continue de baigner dans la crise, les professionnels de la presse se sont réunis pour apporter plus de solutions.
Une conférence nationale sur «l'avenir de la presse marocaine entre répercussions de la pandémie et crise structurelle» a été organisée lundi à Casablanca, à l'initiative de la commission de l'entreprise de presse et de mise à niveau du secteur relevant du Conseil National de la Presse (CNP).
En raison des mesures préventives sanitaires, cette rencontre a vu la participation d'un nombre limité de personnes représentant les secteurs de l'édition, de la communication, de la publicité, de la distribution des journaux et de l'impression. Des représentants des instances professionnelles œuvrant dans ce secteur ont également pris part à cette conférence.
Les débats ont porté sur deux principaux axes, à savoir «la réalité et l'avenir de la presse marocaine après le confinement sanitaire» et «la réalité et l'avenir de l'écosystème de la presse marocaine».
Cette rencontre intervient dans le contexte de la crise que connaît la presse et qui s'est aggravée à cause de la propagation de la pandémie du Coronavirus. Chose qui ouvre plusieurs interrogations sur l'avenir du secteur.
Différents aspects à traiter pour une sortie de crise
Au Maroc, la crise sanitaire et les mesures prises pour la contenir ont conduit à une crise profonde dans le secteur de la presse, en général, et dans la presse écrite, en particulier, aggravant ainsi la crise structurelle apparue depuis plus de trois ans et qui a mis à nu divers aspects économiques, financiers et logistiques des établissements de presse. Les études de terrain menées par le CNP ont permis de constater que la plupart des acteurs du secteur de la presse s'accordent sur le fait que l'avenir de la presse n'est pas clair, en raison de plusieurs facteurs.
Les responsables des journaux estiment que le retour à la situation antérieure sera difficile après un arrêt de plusieurs mois, au cours desquels le pouvoir d'achat des citoyens a diminué et certaines habitudes de lecture ont changé. Malgré l'ouverture partielle des cafés, qui représentent 20% des ventes, la solution sera de limiter la circulation des journaux dans un tel espace qui est considéré comme une zone de lecture gratuite et un seul journal pourrait être lu par 4 à 10 personnes, selon les villes et la localisation. De même, 80% des propriétaires de journaux électroniques estiment que le nombre d'abonnés diminuera de 15 à 20% après le retour des journaux papier et la fin de l'état d'urgence, qui a contribué à l'augmentation du nombre d'abonnés.
En ce qui concerne le temps nécessaire pour retourner à une situation stable, les entreprises médiatiques sont divisées en deux catégories. 40% des médias marocains considèrent qu'il faut au moins une période de six mois, tandis que 60% considèrent qu'il faut au moins attendre un an et demi à deux ans pour une sortie de crise. Une chose est sûre : la sortie de crise nécessite de nombreuses mesures. Parmi celles-ci se présentent le soutien de la lisibilité des journaux nationaux, la réglementation du marché de la publicité, l'incitations à créer une industrie compétitive et la fortification du secteur avec des chartes éthiques particulières.
Dans ce sens, le CNP demande que ces mesures s'appliquent, dans les meilleurs délais, afin de conclure des contrats entre les différentes parties concernées, qu'elles soient privées ou publiques, pour faire face à une crise profonde qui menace de saper le rôle sociétal joué par la presse en tant que soutien au développement social et économique et en tant que pilier essentiel de la construction démocratique de notre pays.
3 questions à Nourredine Miftah
«On ne peut pas abandonner les acquis qui contribuaient, depuis des années, à la gestion bilatérale des questions relatives à la presse »
Noureddine Miftah, directeur fondateur d'Al Ayyam, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et figure de proue du paysage médiatique marocain, nous livre ses réflexions sur l'avenir de la presse nationale
- Comment jugez-vous le milieu de la presse en cette période ?
- Pendant le confinement, le Maroc et la Jordanie étaient les seuls pays où la presse écrite a été suspendue. Cela a mené à une perte financière de 220 millions de Dirhams, pendant trois mois, pour la presse nationale. Après le confinement et le retour de la presse au marché, celle-ci a connu une perte de moins 65%, comparée à la période qui précédait la pandémie. De même, la presse a perdu moins de 75% de l'offre publicitaire. Nous sommes actuellement dans un coma, et sans les subventions exceptionnelles de l'Etat, on n'aurait pas pu s'en sortir. D'ailleurs, c'est pour cette raison que nous avons réuni, ce lundi, tous les professionnels du secteur afin d'élaborer des solutions pour l'avenir de la presse.
- Pensez-vous que les subventions attribuées par l'Etat sont suffisantes pour sauver la presse ?
- Ces subventions ont été attribuées suivant de nouvelles mesures. Celles-ci doivent faire l'objet de discussion pour avoir des aides équitables. Aujourd'hui, nous remarquons un grand écart entre les petites, moyennes et grandes entreprises de presse. Les institutions reçoivent depuis 20 ans une aide de l'Etat. Cette fois-ci, et compte tenu du contexte actuel, les subventions ont été 4 fois plus élevées que celles attribuées en temps normal. Comment se fait-il alors que 80% des institutions étatiques ont reçu des subventions moins que celles qu'elles recevaient avant la crise pandémique ?
En plus, nous avons établi depuis 2005 un partenariat bilatéral entre les professionnels du secteur et les autorités publiques. Aujourd'hui, nous ne sommes pas inclus dans la prise de décisions et nous y sommes uniquement informés comme tout autre citoyen. On ne peut pas abandonner les acquis qui contribuaient, depuis des années, à la gestion bilatérale des questions relatives à la presse. C'est une conclusion principale lors de notre rencontre : il faut mener un dialogue honnête et transparent, et revoir les critères de coopération entre l'Etat et les professionnels du secteur.
- Quelles sont les autres conclusions qui ont marqué cette rencontre ?
- Il était d'abord important d'établir un état des lieux. Dans ce sens, il est important d'encourager la lecture des journaux, revoir les subventions attribuées à la presse et la manière par laquelle l'Etat travaille avec les géants du web. Les institutions publiques doivent faire plus d'efforts dans leur relation avec la presse et repenser à une nouvelle méthode pour investir dans la presse nationale.
Recueillis par H. L
Repères
Une baisse continue des revenus publicitaires
Malgré l'évolution des recettes publicitaires en valeur absolue, qui sont passées de 40 millions de dirhams en 1976 à environ 2 milliards et 800 millions de dirhams en 2005, et environ 6 milliards ces dernières années, elles restent inférieures au niveau requis. Par ailleurs, les fluctuations économiques circonstancielles, la succession des crises économiques et financières et la stagnation qui accompagne le secteur de la presse sont considérées comme une raison du manque de développement des investissements publicitaires dans les supports de communication.
La presse : un pilier important pour dépasser les crises
La Fédération Marocaine des Editeurs de Journaux (FMEJ) a tenu vendredi à Laâyoune les réunions extraordinaires de son Conseil national et de son antenne régionale dans les provinces du Sud pour marquer leur soutien à l'opération des Forces Armées Royales (FAR) à El Guerguarat. La FMEJ a affirmé que la défense infaillible de la question du Sahara est un devoir de tous les journalistes qui étaient constamment à l'avant-garde de tous les combats.


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