Pour le Fonds Monétaire Internationale (FMI), le Maroc fait partie des pays qui ont su le mieux s'adapter à la crise. Il a su orienter sa politique monétaire et sanitaire pour limiter les répercussions de la pandémie et assurer une bonne reprise de la croissance en 2021, et ce, malgré un contexte incertain et inégal dans la région MENA. Mais la vaccination accélérée et à grande échelle reste la condition sine qua non de la reprise de l'activité économique. A l'initiative du Policy Center for the New South (PCNS), un webinaire s'est tenu en début de semaine et qui a jeté un aperçu de ce que sera l'économie mondiale de demain dans son ensemble. Placée sous le thème « Prévisions économiques mondiales : quelles Perspectives pour le Maroc et la région MENA ? », cette visioconférence est venue dans un contexte où la vaccination anti Covid-19 avance. D'ailleurs, le Maroc fait partie des pays ayant le plus avancé en la matière. Sur un autre plan, la conférence virtuelle avait une importance capitale et un intérêt particulier puisqu'elle a été animée par le Chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI), chargé du Maroc, Roberto Cardarelli et Pelin Berkmen, Chef de division des analyses régionales et de la stratégie au sein de la même institution ainsi que par les experts du Policy Center for the New South (PCNS), un think tank marocain qui n'est plus à présenter. L'autre volet, non des moindres, est qu'avec le vaccin l'espoir est de mise et plus cette vaccination s'intensifie, l'économie mondiale se portera mieux. Ce qui fait dire à Roberto Cardarelli que la vitesse de la reprise économique au Maroc est tributaire du bon déroulement de l'opération de vaccination contre le nouveau Coronavirus (Covid-19). Cette déclaration vaut son pesant d'or. Car les pertes d'emplois ont grandement affecté la population marocaine au cours de l'année 2020. Ainsi, à la fin du troisième trimestre de l'année écoulée, le taux de chômage était de plus de 12,7%. En regard à ce taux, les jeunes ont été particulièrement affectés par les pertes d'emplois. Avec un taux de chômage de plus de 32%, les 15 à 24 ans ont été gravement touchés. En ce qui concerne les femmes, plus de 17,6% d'entre elles étaient sans emploi en octobre dernier. Cependant, et selon les hauts responsables du FMI, le Maroc fait partie des pays qui ont su le mieux s'adapter à la crise. Il a su orienter sa politique monétaire et sanitaire pour limiter les répercussions de la pandémie et assurer une bonne reprise de la croissance en 2021, et ce, malgré un contexte incertain et inégal dans la région MENA.
Bonne reprise Les signes annonciateurs de cette reprise sont visibles au niveau des exportations. Elles ont rebondi, et ce, dans le secteur industriel, lequel a créé environ 80.000 emplois au quatrième trimestre de l'année 2020, relève le FMI. Toutefois, quant au secteur des services, notamment le tourisme, il dépendra largement de l'avancement de la vaccination. D'ailleurs, l'institution table sur une immunisation de la majorité de la population nationale au dernier trimestre 2021. Car un accès rapide au vaccin pourrait appuyer une reprise à court terme, au même titre que le déploiement des politiques d'appui budgétaire qui pourraient favoriser un retour rapide à la croissance au niveau des pays concernés, estiment les conférenciers. Cependant, le FMI mise sur un redressement économique globalement lent au Maroc, dans le sillage du rythme de la région MENA. Le PIB du Maroc en 2019 devrait être retrouvé d'ici la fin de l'année 2021 ou le début de l'année 2022 selon les données du FMI. Cependant, le secteur du tourisme pourrait ralentir la reprise économique du pays. A ce sujet, il faut dire que le Maroc est un pays pour lequel le tourisme joue un rôle très important. Ce secteur est et continuera d'être impacté. Pour le FMI, le redressement sera long à cause des dégâts causés au secteur touristique mais aussi à cause d'autres facteurs, lesquels sont notamment financiers. Le Maroc a naturellement vu sa dette publique augmenter mais il fait également face à des risques de financement sur le secteur privé. Concernant cette question particulière, Roberto Cardarelli souligne un alourdissement. « On observe une augmentation de la dette publique et des financements croisés qui seront plus importants, peut-être de l'ordre de 15% du PIB en raison de la consolidation fiscale », pointe-t-il. En outre, pour le FMI, le véritable risque n'est pas là. Il se situe autour d'un potentiel effet d'éviction du secteur privé. « Quand les banques doivent financer une bonne partie des besoins du Trésor, cela veut dire qu'il restera moins de crédits disponibles pour le reste de l'économie, c'est-à-dire le secteur privé », poursuit-il. Potentiel effet d'éviction Par ailleurs, et bien que le coût des mesures exceptionnelles ait été absorbé par le Fonds spécial de Gestion de la Pandémie mis en place au début de la crise, le déficit budgétaire et la dette du Trésor devraient augmenter à respectivement 7,7% et 76,1% du PIB en se référant au rapport du FMI. Le Fonds spécial, qui a récolté plus de 33 Md MAD via la contribution du budget de l'Etat (pour le tiers) et des dons des entreprises et institutions publiques et de la population, a pu absorber 24,7 Md MAD de dépenses exceptionnelles liées à la crise (financement des mesures d'urgence et augmentation des capacités du ministère de la Santé). Mais la diminution des recettes fiscales devrait entraîner une augmentation du déficit budgétaire à 7,7% du PIB (+ 3,6 pts par rapport à 2019) et de la dette du Trésor à 76,1% du PIB (+ 10 pts). Fort de ce constat, l'agence de notation Fitch Rating a révisé à la baisse la note du Maroc en octobre 2020 (passant de BBB- à BB+ et perdant ainsi son Investment Grade). Cela n'a pas entraîné de conséquences négatives sur les emprunts à l'international du Royaume. Toujours est-il que la vaccination à grande échelle reste la condition sine qua non de la reprise de l'activité économique dans tous les secteurs. A propos du PCNS Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le PCNS (Policy Center for the New South) offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement. Il vise à faciliter les décisions stratégiques et les politiques publiques relevant de ses principaux programmes : Afrique, géopolitique et relations internationales, économie et développement social, agriculture, environnement et sécurité alimentaire, et matières premières et finance. Ce think tank marocain défend le concept d'un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entreprenant ; un Sud qui définit ses propres narratifs, ainsi que les cartes mentales autour des bassins de la Méditerranée et de l'Atlantique Sud, dans le cadre d'un rapport décomplexé avec le reste du monde. Il se propose d'accompagner, par ses travaux, l'élaboration des politiques publiques en Afrique, et de donner la parole aux experts du Sud sur les évolutions géopolitiques qui les concernent. Ce positionnement, axé sur le dialogue et les partenariats, consiste à cultiver une expertise et une excellence africaines, à même de contribuer au diagnostic et aux solutions des défis africains.