Alors que le niveau d'endettement du Maroc ne cesse de s'accroitre, le Royaume, aux yeux du FMI qui compte sur une reprise de la croissance dès le deuxième trimestre de cette année, n'encourt pas de risque de tomber dans le piège d'un redressement budgétaire drastique. Dans la foulée des répercussions de la crise sanitaire sur l'économie marocaine, la récession et l'ampleur du secteur informel perturbent les perspectives de reprises de la croissance. Face à la chute drastique des recettes fiscales, le gouvernement a accumulé des dettes auprès des organisations internationales et des marchés de capitaux. Une option peu périlleuse du point de vue du FMI qui estime que le niveau d'endettement du Maroc demeure soutenable, au point d'échapper à l'exigence des mesures rigoureuses de redressement économique. Lors d'un webinaire organisé par Oxfam, intitulé « Quelle relance pour le Maroc dans l'après‐Covid ? », le chef de mission du Fonds monétaire international au Maroc, Roberto Cardarelli, a fait part de ses vues pour le futur de l'économie marocaine dans la période post-Covid. Pour l'économiste italien, la reprise de la croissance s'annonce dure et imprévisible. Ceci est dû à l'ampleur de la chute des recettes fiscales de l'Etat à cause du choc de l'arrêt de l'activité économique et l'arrêt de plusieurs entreprises. La dette pas si inquiétante Alors que le Royaume a accumulé une dette importante (13 milliards de dollars), auprès des organisations internationales tels que la Banque Mondiale, le FMI et l'Union Européenne, sans compter les levées de fonds sur les marchés de capitaux, la dette extérieure n'est pas aussi inquiétante qu'on pourrait le croire. Roberto Cardarelli a indiqué, lors de son allocution, que le Maroc est actuellement à l'abri du spectre de l'ajustement structurel et des mesures rigoureuses de redressement budgétaire. Ce postulat est soutenu par plusieurs arguments que M. Cardelli a pris le soin de lister. Il s'agit des conditions confortables dans lesquelles le Maroc a contracté des dettes, à savoir des taux d'intérêts très bas, des maturités très longues et une épargne intérieure importante. « Ceci fera en sorte que le Maroc reste viable d'un point de vue financier », a-t-il poursuivi. En revanche, l'austérité n'en demeure pas moins une option envisagée, même relativement. En dépit des mesures de relance économique, le gouvernement a fait de la rationalisation des dépenses publiques une priorité, en appelant tous les départements ministériels à serrer la ceinture, et n'a pas hésité à réduire le recrutement dans la Fonction publique. Reprise dès le deuxième trimestre de 2021 S'agissant du plan de relance de 120 milliards dirhams engagé par le gouvernement sous hautes instructions royales, Roberto Cardarelli estime que le Royaume pourrait conduire une politique budgétaire accommodante jusqu'à la reprise de la croissance, prévue à 4,8% dans la Loi des Finances 2021. Un taux insuffisant pour atteindre le niveau du PIB de 2019. Il faudra donc attendre un ou deux ans pour atteindre le niveau du PIB post-pandémie. « Nous espérons que la reprise de la croissance se fasse sentir au deuxième trimestre de l'année courant », a indiqué M. Cardarelli, ajoutant que le gouvernement doit s'évertuer à réduire son niveau d'endettement aussitôt que la croissance aura repris son rythme.