Echanges extérieurs, emplois, vaccination … Les perspectives mondiales quant à la sortie de crise sanitaire restent très incertaines un an après le début de la pandémie. Les projections faites jusque-là misent sur l'accélération de la vaccination auprès de la population mais aussi sur l'efficacité des politiques publiques et économiques à gérer ce processus. Au Maroc, les signes de reprise économique sont visibles, explique Roberto Cardarelli, chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI), chargé du Maroc dans une rencontre à distance organisée lundi par Policy Center For the New South (PCNS) en partenariat avec le Fonds monétaire international (FMI). Décryptant les perspectives économiques pour le Maroc et la région MENA, l'expert est revenu sur les principaux indicateurs de croissance au Maroc dans cette période de sortie de crise. Les détails. L'agriculture et l'industrie mènent le bal Au niveau des échanges commerciaux (Goods trade), la courbe des exportations a connu une croissance plus rapide dès le mois de mai 2020 contre une progression plus lente des importations sur la même période. La dynamique de relance s'est confirmée durant les deux premiers mois de l'année 2021 avec une hausse en flèche aussi bien des importations que des exportations. En termes de chiffres, les exportations sont passées de -20% en mai 2020 à environ -2 % en février 2021 tandis que les importations étaient de près de -15% en mai 2020 atteignant environ -7% en février 2021. Dans ce schéma, l'industrie et l'agriculture ont mené la reprise, notamment en matière de création d'emplois. Par exemple, 80.000 emplois ont été créés au quatrième trimestre 2020 rien que dans le secteur industriel. Pour l'expert, ce sont des signes positifs qui permettent d'être optimiste pour la suite. Dans le même sens, la relance dans certains secteurs dépend plus étroitement de l'accélération de la vaccination. Cela concerne plus particulièrement les activités touristiques dont le poids économique est également important. Vers une immunité collective au dernier trimestre de 2021 Durant les mois à venir, le retour à une dynamique équivalente à celle enregistrée avant la Covid-19 dépendra fortement de l'accélération de la vaccination de la population. A cet égard, le Maroc s'en sort plutôt bien. Selon le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI), chargé du Maroc, le pays est l'un des meilleurs au niveau régional, voire même plus globalement. «La performance du Maroc durant les deux premiers mois de vaccination (février- mars) a même été spectaculaire», relève le responsable ajoutant que le pays a été très actif aussi bien dans la phase d'achat du vaccin que dans celle de l'administration du vaccin à la population. Cet élan a été ralenti durant le mois d'avril pour des raisons d'approvisionnement mais l'objectif d'atteindre l'immunité collective sera réalisé au dernier trimestre de cette année, rapporte l'expert expliquant que le Maroc a démontré qu'en terme de logistique il est en mesure d'accélérer ce processus. Une relance qui se fera lentement La relance pour le Maroc sera lente. Elle sera à des niveaux similaires que celle des pays de la région MENA mais en progression par rapport aux autres pays de l'Afrique du Nord. L'expert du FMI a par ailleurs mis l'accent sur la hausse des besoins de financement observés au niveau du Trésor, ce qui peut impacter la disponibilité des financements pour le secteur privé, précisant par ailleurs que la soutenabilité de la dette n'est pas menacée. Parallèlement, il est revenu sur les grandes réformes menées par le Maroc, comme la généralisation de la protection sociale, qui en plus de sa portée sociale participera au renforcement du capital humain grâce à l'accès à de meilleurs services de santé. Pour Pelin Berkmen, chef de division des analyses régionales et de la stratégie au FMI, les chemins de reprise au niveau des différents pays de MENA dépendent de la vitesse de vaccination. Dans ce sens, un accès rapide au vaccin pourrait appuyer une reprise à court terme, au même titre que le déploiement des politiques d'appui budgétaire qui pourraient favoriser un retour rapide à la croissance au niveau des pays concernés.