Le rapport « Agriculture in Africa 2021 », élaboré par OBG en partenariat avec le groupe OCP, vient de paraître, dans un contexte où la Covid-19 a affecté le circuit d'approvisionnement. Cependant, abritant 60% des terres arables du monde, l'Afrique a le potentiel de répondre non seulement à ses propres besoins alimentaires, mais aussi à ceux du reste du monde. La Covid-19 n'a épargné aucun secteur d'activité en Afrique où l'économie a été durement touchée. Et les rapports se suivent sans jamais se ressembler pour une sortie post Coronavirus. C'est dans ce cadre que le nouveau rapport sur l'industrie agricole en Afrique, élaboré par le cabinet international de recherche et de conseil Oxford Business Group (OBG), en partenariat avec le Groupe OCP, premier producteur de phosphate au monde et leader mondial sur le marché des engrais phosphatés, trouve toute sa pertinence.
Ce document explore les perspectives pour la croissance du secteur mais aussi du commerce intra-régional afin d'assurer la sécurité alimentaire mais aussi d'augmenter la part de l'activité agricole dans le PIB. Le rapport OBG-OCP vient à point nommé pour ajuster les politiques agricoles sur le continent. Déjà que dans une étude récente, la FAO, (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) estime que 45 pays dans le monde auront toutefois besoin d'une aide alimentaire extérieure.
Dans ce chiffre, plus des deux tiers viennent de l'Afrique et qui sont menacés d'insécurité alimentaire à savoir : le Burkina Faso, le Burundi, Cabo Verde, le Cameroun, la République du Congo, Djibouti, l'Erythrée, l'Eswatini, l'Ethiopie, la Guinée, le Kenya, le Lesotho, le Libéria, la Libye, Madagascar, le Malawi, le Mali. Il s'agit aussi de la Mauritanie, du Mozambique, de la Namibie, du Niger, du Nigéria, de l'Ouganda, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, de la Tanzanie, du Sénégal, de la Sierra Leone, de la Somalie, du Soudan, du Soudan du Sud, du Tchad, de la Zambie et du Zimbabwe.
Augmenter la productivité
Ce constat prouve à profusion qu'il est temps d'améliorer les outils de production par l'accélération de l'introduction des technologies digitales, lesquelles combinées à l'amélioration des chaînes d'approvisionnement permettraient d'augmenter la productivité et, par ricochet, assurer la sécurité alimentaire.
Ce qui faire dire à Sidiki Cissé, Directeur général de l'Agence nationale de développement rural de Côte d'Ivoire, dans le rapport, que les nouvelles technologies sont devenues un outil essentiel et efficace dans la chaîne de production agricole pour différentes étapes telles que la transformation et la commercialisation des produits, ainsi que le conseil aux agriculteurs, qui peut désormais se faire en ligne. « Les outils TIC, tels que les drones, peuvent améliorer la productivité, par exemple », fait-il remarquer.
Intitulé « Agriculture in Africa 2021 », le rapport dresse un tableau des performances de l'industrie agricole sur le continent, tout en fournissant des faits et chiffres essentiels sur différents thèmes dont l'exploitation et la production agricoles, le commerce transfrontalier, la contribution de l'agriculture au PIB ou encore son financement.
En effet, abritant 60% des terres arables du monde, l'Afrique a le potentiel de répondre non seulement à ses propres besoins alimentaires, mais aussi à ceux du reste du monde. Par conséquent, l'agriculture reste l'un des secteurs économiques les plus importants du continent, employant la majorité de la population et représentant 14% du PIB en Afrique subsaharienne.
Mieux, les avantages pour le commerce agricole devraient être parmi les plus importants. Une analyse 2020 du FMI a indiqué que l'agriculture représenterait 16% des changements de bien-être attendus, les petits pays en particulier devant voir un impact positif important.
Commercialisation des produits
En outre, la ZLECAF entraînera l'élimination des droits de douane pour 90% des produits originaires des pays signataires d'ici 2021, et augmentera encore à 97% d'ici 2030. La CEA estime que cela conduira à un commerce intra-africain supplémentaire d'une valeur de 10 à 17 milliards de dollars-produits agricoles- une augmentation d'environ 20 à 35% par rapport aux niveaux actuels du commerce à travers le continent.
Chiffres à l'appui, en 2019, la balance commerciale agricole du continent était de18,4 milliards de dollars, avec une facture annuelle d'importations alimentaires d'environ 68,5 milliards de dollars entre 2014 et 2019. Dans les différentes régions, l'Afrique du Nord importe la plus grande quantité de produits alimentaires, représentant 31% de toutes les importations alimentaires en Afrique.
Toutefois, l'un des défis les plus répandus auxquels sont confrontés les agriculteurs africains, qui cherchent à commercialiser leurs produits, est une infrastructure physique développée, qui fait défaut en particulier dans les régions rurales de l'Afrique.
Pire, la faible intégration des zones rurales et agricoles avec les marchés urbains entraîne une allocation inefficace des ressources et contribue souvent à d'importantes pertes après récolte, en particulier pour les produits plus périssables tels que les légumes et les fruits. Même les cultures, tels que le maïs et les haricots, qui peuvent être facilement stockées ont souvent des taux de détérioration élevés en raison du manque d'installations de stockage. Autant de problématiques auxquelles le rapport tente de remédier, pour ne pas dire corriger.
Technologie et petits agriculteurs
Pour Mohamed Anouar Jamali, PDG d'OCP Africa, plus de 60% de la population africaine vit dans les zones rurales et dépend de l'agriculture à petite échelle ou familiale. Par conséquent, les restrictions de mouvement, les perturbations de l'approvisionnement alimentaire et l'accès limité aux marchés peuvent avoir des effets dévastateurs, telle qu'une insécurité alimentaire accrue. « Nous pensons que l'investissement dans la technologie et la formation peut conduire à des améliorations dans les chaînes d'approvisionnement à travers l'Afrique. La numérisation aidera les petits agriculteurs à protéger leurs opérations contre d'autres crises futures », relève-t-il. Selon lui, des capteurs, des drones et des images satellitaires pourraient aider à l'agriculture ou à la livraison, garantissant que les systèmes alimentaires continuent de fonctionner malgré des perturbations majeures. D'ailleurs, pendant la pandémie de Covid-19, un nombre accru d'agriculteurs ont utilisé leur téléphone pour contacter les fournisseurs d'intrants, recevoir des conseils et acquérir de nouvelles compétences, prouvant que les technologies numériques et les smartphones améliorent l'industrie agricole.