Alors que le Hirak est loin de donner des signes d'essoufflement, le président algérien alerte sur tout risque de dérapage et contre des « activités non innocentes ». Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a tenu à avertir les manifestants du mouvement prodémocratie du Hirak, qui réunit chaque mardi nombre d'étudiants et de sympathisants qui marchent dans les rues d'Alger. À la suite d'une réunion du Haut-Conseil de sécurité (HCS), M. Tebboune a prévenu mardi contre les « activités non innocentes » qui « tentent d'entraver le processus démocratique en Algérie », dénonçant les « dérapages qui sortent du cadre de la démocratie et des droits de l'Homme », et menaçant qu'à l'avenir « l'Etat sera intransigeant ». Et en guise de réponse à la crise politique et socio-économique qui secoue son pays, le président algérien a fixé au 12 juin la date des élections législatives. De leur côté, les participants au Hirak ne cessent de crier à la « mascarade », brandissant de nombreuses pancartes où des portraits de citoyens faits prisonniers étaient reconnaissables. D'après le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), 24 manifestants ont été incarcérés lundi 5 mars pour « atteinte à l'unité nationale », après avoir été arrêtés lors d'une marche. Le CNLD ajoute que d'autres sympathisants, dont le « poète du Hirak » Mohamed Tadjadit, ont été arrêtés dimanche et lundi et vont passer devant le procureur du tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Un mouvement qui « reste debout » Les étudiants, de plus en plus nombreux, défilent pour « réclamer les droits à la liberté d'expression et le droit de manifester », promettant de « rester debout face aux corrompus ». Le Hirak a vu le jour en février 2019, à la suite du rejet d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Le mouvement exige un changement du « régime » politique, en place depuis l'indépendance du pays en 1962. Ce mouvement populaire inédit en Algérie est pluriel – des laïcs aux islamistes – et sans véritable leadership ni structure politique à ce jour, ce qui l'expose à des risques grandissants de divisions. Il est aujourd'hui accusé par le pouvoir d'être infiltré par des activistes islamistes, héritiers du Front islamique de salut (FIS, dissout en mars 1992), qui chercheraient à entraîner ce mouvement pacifique dans une lutte violente.