La ministre espagnole des Affaires étrangères de l'UE et de la Coopération, Arancha Gonzales Laya, a réitéré, jeudi, sur la radio nationale Espagnole (RNE), que la réunion maroco-espagnole de haut niveau n'a nullement été reportée pour des raisons politiques, mais «pour causes sanitaires liées à la pandémie». Une déclaration qui survient dans la foulée des déclarations hostiles de Podemos contre le Maroc, mais qui reste loin de convaincre l'opinion publique nationale. Les relations maroco-espagnoles n'arrivent toujours pas à sortir de l'ambiance nuageuse aggravée par la posture hostile de certains membres du gouvernement ibérique, dont et surtout le deuxième vice-président du gouvernement de Pedro Sachez qui semble persévérer dans son hostilité obsessionnelle envers le Maroc, tandis que la diplomatie espagnole continue de camper dans sa «timidité». Car oui, le voisin ibérique a depuis toujours cultivé envers le Maroc une attitude équivoque basée sur une ambivalence qui confine parfois à la schizophrénie. Au moment où les députés de Podemos se sont joints à une lettre promue par les eurodéputés de leur parti, demandant à Joe Biden de révoquer la décision de reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, prise par Donald Trump le 10 décembre, la diplomatie espagnole continue de botter en touche, laissant planer le doute sur sa réelle position à l'égard de la cause nationale du Sahara Marocain. Parmi les zones d'ombre qui attisent les débats et les interrogations de part et d'autre du détroit de Gibraltar, les motivations réelles derrière le report de la Réunion de Haut Niveau (RHN) qui était programmée pour le 17 décembre 2020, avant d'être reportée à une date ultérieure. Dans une interview à la RNE, Arancha Gonzales Laya a indiqué que cette rencontre a besoin d'un contexte épidémiologique «favorable», soulignant que le gouvernement a reporté d'autres visites officielles similaires, sans mentionner qu'il en a également assuré d'autres. Visiblement, le blocage ne vient pas du côté marocain, du fait que le Royaume a accueilli bon nombre de délégations durant les dernières semaines, notamment l'américano-israélienne qui est venue ancrer la reprise des contacts et des relations diplomatiques avec Israël et graver dans le marbre la marocanité du Sahara. Une victoire diplomatique qui a sûrement retenti comme une claque pour l'Espagne, plus que jamais larguée sur ce dossier dont elle s'est longtemps servie comme levier diplomatique pour dicter ses désidératas économiques et politiques au Maroc. «Après les avancées réalisées dans le dossier de notre intégrité territoriale, avec la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara, et au moment où on attendait que notre voisin du Nord et partenaire stratégique fasse de même, nous sommes encore une fois surpris par cette énième sortie belliqueuse d'un parti membre de la majorité gouvernementale. Ce qui interpelle sur les réelles intentions du gouvernement espagnol», nous a confié Allal Amraoui, député istiqlalien, vice-président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères, de la Défense nationale, des Affaires islamiques et des MRE, dans une interview (voir interview complète dans notre édition print disponible en kiosque). Le fait que le gouvernement espagnol n'ait pas suivi la position des Etats-Unis, interpelle à plusieurs titres. Le pays continu dans sa démarche du «politiquement correct», plaidant pour un «soutien total» au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, afin qu'il puisse «garantir le maintien du cessez-le-feu» au Sahara et faire avancer «une négociation qui permette une solution politique, négociée, juste et durable conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU». Une position très en deçà des attentes et des ambitions du Royaume du Maroc. Le Maroc cherche la clarté Le Maroc a toujours explicité ses attentes vis-à-vis de ses partenaires : «adopter une position de soutien à l'initiative marocaine d'autonomie». Ce vendredi même, Hanane Saadi, Ambassadeur du Maroc en République tchèque, a affirmé lors d'une visio-conférence organisée par le Centre des relations transatlantiques de Prague, que les amis du Maroc dans l'Union Européenne doivent prendre l'initiative de développer une position en faveur du plan d'autonomie à l'instar des Etats-Unis. La diplomate a souligné que la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara est courageuse et claire et reflète clairement la position des administrations américaines successives, ainsi que celle de la majorité de la communauté internationale. Au lieu de se contenter de déclaration bateau, les partenaires du Royaume du Maroc (notamment l'Espagne) devraient saisir l'occasion de tout débat engagé par certains groupes parlementaires européens hostiles à l'intégrité territoriale du Maroc pour convaincre les institutions européennes et les gouvernements des Etats membres de l'importance d'aller de l'avant vers une position claire en faveur de l'intégrité territoriale du Royaume, eu égard à son poids stratégique.