Malgré sa profonde hypocrisie concernant le Sahara, la position du régime algérien envers le Maroc a le mérite d'être claire. Elle est basée sur une hostilité foncière et permanente dont l'unique objectif est d'affaiblir le Royaume. Non pas par jalousie, envie maladive ou simple méchanceté comme on a coutume de le dire, mais par pur pragmatisme géopolitique visant à asseoir son hégémonie à l'échelle régionale et continentale. Une hégémonie dont l'Algérie a toujours rêvé et pour laquelle elle n'a pas, et n'aura jamais, la sagesse, le leadership et le poids critique à même de lui permettre de l'assurer, tant qu'elle ne s'est pas affranchie de la mainmise des militaires qui n'ont d'autre programme que celui de se maintenir et de se nourrir, du sommet jusqu'à la base de l'Etat algérien. En revanche, pour ce qui est de la position espagnole, on ne peut pas dire que les choses soient aussi limpides. Depuis toujours, le Royaume ibérique a cultivé envers le Maroc une attitude équivoque basée sur une ambiguïté bipolaire qui confine parfois à la schizophrénie. Dernier exemple de ces distorsions espagnoles, la sortie du chef du gouvernement, Pedro Sanchez, qui a souligné le caractère stratégique des relations entre son pays et le Maroc et qu'il s'est engagé à œuvrer pour leur consolidation à l'occasion de la réunion hispano-marocaine de haut niveau qui était programmée pour le 17 décembre 2020, avant d'être reportée à une date ultérieure. La tentation est grande de se réjouir des propos de Sanchez, mais ceux-ci, exprimés au lendemain de la sortie hostile de Podemos et son chef de file, le sulfureux Pablo Iglesias Turrión qui est par ailleurs deuxième vice-président et qui siège avec Sanchez dans le même gouvernement, s'apparentent plus à une couche de pommade visant à atténuer l'effet urticant ressenti à Rabat, suite à l'appel adressé par ce parti d'extrême gauche à Biden pour qu'il revienne sur la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. Au lieu donc de s'offusquer des gesticulations de Podemos qui reste fidèle à sa ligne odieuse envers le Maroc et dont la récente sortie ne diffère en rien de celle exprimée, le 14 décembre, par la ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya sur la chaîne Onda Cera, le mieux serait d'agir pour que cesse cette bipolarité sous couvert de démocratie, et ramener l'exécutif espagnol à plus de cohérence. Majd EL ATOUABI