Après plusieurs sacrifices fournis pour soutenir l'hôpital public en plein crise sanitaire, les médecins et le personnel soignant attendent toujours les primes exceptionnelles covid-19, au moment où le gouvernement tergiverse et continue dans son atermoiement. Huit mois se sont écoulés depuis le début de la pandémie, le personnel médical du secteur public (médecins, infirmiers, agents soignants, services des urgences), a été pris en otage par le coronavirus, et demeure engagé en première ligne bien qu'il soit épuisé par un travail ininterrompu, en plus d'être privé de vacances. Or, quid de ses rétributions qui tardent à voir le jour, malgré les promesses du gouvernement. Le 7 Août dernier, le département de Khalid Aït Taleb avait annoncé qu'une prime exceptionnelle du Covid-19 allait être bientôt octroyée au personnel de santé, "après étude des modalités de détermination de ses montants, sur la base de critères objectifs et transparents d'éligibilité et de répartition". Cette décision, destinée à absorber la colère du personnel de la santé suite à la suspension des congés, fut prise en concertation avec les centrales syndicales. Cependant, rien ne s'est traduit dans la réalité jusqu'à présent et le versement des indemnités se fait toujours attendre alors que les négociations sont toujours suspendues. C'est ce que nous confirme El Mouantadar Alaoui, président du Syndicat indépendant des médecins du secteur public. « Nous n'avons reçu aucune nouveauté de la part du ministère concernant le dossier des primes exceptionnelles du Covid-19 », a-t-il souligné, ajoutant que les syndicats attendent du ministère de tutelle qu'il réponde favorablement à leur cahier revendicatif qui transcende la question de la rétribution de l'effort exceptionnel fourni pendant la période de la pandémie. « Nous n'attendons plus une prime dont on ne connait ni le montant exact, ni la durée sur laquelle elle sera calculée », a-t-il renchéri. L'attentisme règne Pour sa part, le ministre de la Santé demeure silencieux sur cette question, malgré nos sollicitations, nous n'avons reçu aucune clarification ni information sur le sujet. Au-delà de la prime exceptionnelle, les médecins revendiquent une amélioration des conditions de travail et une révision de leur statut. Il est question de la révision de l'indice salarial 509 (ce qui équivaut un Bac+8), l'autorisation de la spécialisation en médecine de famille, et la réglementation des droits à la démission. Ainsi, l'atermoiement semble être de mise pour le gouvernement, sachant que le dossier de cette prime exceptionnelle traine depuis des moins. Khalid Ait Taleb avait annoncé qu'il avait eu l'aval du Chef du gouvernement Saad Dine El Othmani et du ministre de l'Economie et des Finances pour verser cette prime qui constitue une revendication « légitime ». Or le maintien du statu quo pourrait exalter la colère des médecins et des infirmiers, qui est à son comble actuellement. Rappelons que les médecins ont organisé une grève nationale les 4 et 5 novembre, pour protester contre la suspension des négociations concernant leur dossier revendicatif. Une grève à caractère symbolique dont le but n'était pas de paralyser le système de Santé dans les circonstances impérieuses de la pandémie.