Les images de l'infirmier giflé et des infirmiers pourchassés violement lors d'un sit in à Rabat, ont soulevé une large vague de solidarité et d'indignation sur les réseaux sociaux. Les syndicats, eux, dénoncent ! Par Hayat Kamal Idrissi
Samedi, 14 novembre. Comme c'était prévu et déjà annoncé par leurs représentants syndicaux : Les infirmiers ont organisé un sit-in à Rabat. Un ultime recours pour ces soldats de première ligne de la lutte contre la pandémie de Covid-19, pour faire entendre leurs voix auprès du ministère de la santé. Or les réseaux sociaux seront envahis, ce soir là, par les photos et les images de la répression violente de ce sit in. L'image d'un infirmier giflé par l'un des membres des forces de l'ordre a particulièrement révolté la toile. « On tabasse maintenant les infirmiers qui, depuis huit mois, se démènent dans les hôpitaux pour soigner les malades, sauver les vies et affronter la pandémie. C'est ça leur récompense ? », s'insurge-t-on, en chœur, sur réseaux sociaux.
Syndicats en colère
Indignation, incompréhension et surtout une grande solidarité avec les infirmiers qui ont été privés de leur congé annuel, de leurs primes et sont exténués physiquement et psychiquement par la grande charge de travail en cette période de crise sanitaire. Dénonçant l'intervention violente des forces de l'ordre, les syndicats ont vite réagi. Dimanche, l'Organisation démocratique de la santé relevant de l'ODT a appelé le gouvernement, « à ouvrir en urgence une enquête pour élucider les événements de ce samedi noir et expliquer à l'opinion publique l'attitude extrêmement violente adoptée dans la répression d'un sit in pacifique ». L'organisation a d'ailleurs exprimé son mécontentement en réclamant l'intervention immédiate du ministre de la santé Khalid Ait Taleb, pour satisfaire les doléances légitimes des infirmiers. De son côté l'Union nationale de la santé relevant de l'UMT, a appelé Ait Taleb, dans un communiqué, à activer la cadence du dialogue social en prêtant oreille aux revendications des infirmiers et des techniciens de santé. « Un cahier revendicatif qui n'a que trop trainé malgré son urgence et sa légitimité », ajoute le communiqué de l'UMT. Pour le Mouvement des infirmiers et techniciens de santé, l'attitude « agressive et violente » des forces de l'ordre motive davantage les troupes. Le mouvement menace d'ailleurs le ministère de passer à la vitesse supérieure pour défendre les droits des infirmiers et faire enfin entendre leur voix.
Revendications
En première ligne de ce combat sans merci contre la pandémie, les infirmiers commencent déjà à tomber sur le champ de bataille. Plus de 1200 cas contaminés dans les rangs du personnel soignant sont recensés par les syndicats. Surmenés et privés de leur droit au congé depuis le déclenchement de la pandémie, les infirmiers réclament justice : Repos, primes et primes de risques alignées, protection, moyens logistiques et renfort des ressources humaines par le recrutement des lauréats des écoles d'infirmiers en chômage... sont autant de revendications formulées par les syndicats. Rappelons que les infirmiers protestent spécialement contre la grande injustice concernant la prime de risque. « Cette dernière ne dépasse pas 1400 dhs pour les infirmiers et atteint jusqu'à 5900 dhs pour les médecins. Ceci alors que nous sommes tous exposés aux mêmes risques si ce n'est plus car plus en contact avec les malades », nous explique auparavant Afaf Elam, membre du Mouvement des infirmiers du Maroc. Pour Abdillah Sayssi, président de l'Association marocaine des infirmiers anesthésistes et réanimateurs (AMIAR), cette revendication primordiale est aujourd'hui plus que jamais d'actualité. « Les risques ne sont que plus grands avec la pandémie. « Nous nous défendons jusqu'à maintenant de mener une grève nationale par considération à la situation de crise actuelle. Mais notre patience commence à s'effriter », mettent en garde, il y a plus d'une semaine, les deux représentants. Après les évènements de ce samedi « qui ont profondément sapé le moral des infirmiers » comme l'affirment les syndicats, quel sera finalement leur prochain pas ? A suivre !