Le rapport de l'Africa Security Forum 2019 Atlantis, sous le thème « L'impact du changement climatique sur la sécurité en Afrique » est désormais disponible. Pour les organisateurs, il est impératif d'engager une réflexion sérieuse sur un nouveau modèle de coopération africaine pour faire face aux défis sécuritaires et environnementaux auxquels fait face le continent. Pour cause de confinement lié à la Covid-19, le rapport 2019 de l'Africa Security Forum, vient d'être rendu public à la grande satisfaction des défenseurs du changement climatique sur le continent. Co-organisée par le Centre de recherches et d'études stratégiques Atlantis, et le Forum international des technologies de sécurité (FITS), du 1er au 3 décembre dernier à Rabat, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette session avait pour thème fédérateur « L'impact du changement climatique sur la sécurité en Afrique ».
Un sujet d'actualité car le continent africain est aujourd'hui la région la plus exposée aux conséquences de la dégradation de l'environnement. Ce rapport, d'une cinquantaine de pages, traite ainsi de toutes les problématiques portant sur le climat, la sécurité, la sous-alimentation mais aussi la gestion de l'eau et la question de l'électricité, sur lesquelles l'Afrique est à la traine. Ayant réuni plus de trente-cinq pays africains et plus de quatre cents personnalités, ce document montre la volonté des organisateurs d'être toujours résolument tournés vers les nouvelles problématiques qui impacteront le continent africain. En témoigne ce forum qui a ouvert un nouveau champ de réflexion sur le climat et la sécurité qui sont aujourd'hui au centre des préoccupations du monde et donc de l'Afrique. Feuille de route Ce rapport regroupe par conséquent toutes les réflexions et solutions proposées par les intervenants, autour des trois thématiques dont « Sécurité alimentaire et gestion de l'eau » ; « Accroissement démographique et développement agricole » et « Anticiper les solutions de demain ». Pour les experts et personnalités de cette session de décembre, l'objectif est d'apporter des réponses à l'impact du changement climatique sur la sécurité des populations africaines. Le continent est confronté à un problème complexe, notamment le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation qui est estimé à ce jour à 240 millions. Selon le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), une hausse de température comprise entre 1,2 et 1,9°C pourrait faire exploser le nombre d'Africains sous-alimentés. Les études montrent également que cette hausse toucherait l'Afrique de l'Ouest (+95%), Australe (+85%) de l'Est (+50%), et Centrale (+25%). Pire, l'impact de la malnutrition sur le développement des enfants africains et l'avenir du continent a été évalué entre 2 et 16% du PIB par la Commission économique pour l'Afrique (CEA). Un chiffre qui suscite de nombreuses inquiétudes sachant que 2 milliards de personnes vivront en Afrique en 2050. Le rapport recommande donc la nécessité d'adopter une feuille de route africaine avec des mécanismes proactifs à même de réduire les impacts du changement climatique. Ce qui nécessite, selon les participants, des solutions pensées pour l'Afrique, par des Africains, et non l'importation en l'état de solutions qui, si elles ont fait leurs preuves sous d'autres cieux, peuvent néanmoins être inadaptées aux spécificités du continent et de ses challenges spécifiques. Source de conflits Ce qui fait dire au président du Centre de recherches et d'études géostratégiques (Atlantis), Driss Benomar, qu'il est impératif d'engager une réflexion sérieuse sur un nouveau modèle de coopération africaine. Ceci pour faire face aux défis sécuritaires et environnementaux auxquels fait face le continent. Pour Benomar, également président de l'Africa Security Forum, les répercussions du changement climatique sur la géographie physique de la planète sont de nature à influer sur le contexte géopolitique et à ébranler les territoires fragiles. Ils peuvent, ainsi, impacter l'aptitude des Etats à s'auto-diriger et, par conséquent, générer des conflits. Autrement dit, la baisse des rendements agricoles, conjuguée à une très forte croissance démographique et un changement climatique, exerceront une pression sans précèdent sur les ressources et économies africaines. Si le statu quo est maintenu, l'Afrique ne pourra subvenir qu'à 13% des besoins alimentaires de ses habitants en 2050. Ce qui, sans aucun doute, sera source de conflits et d'insécurité si rien n'est entrepris maintenant. D'où l'importance de ce rapport. Enfin, rappelons que l'Africa Security Forum organisé par le Think-Tank Atlantis est une conférence constituant une plate-forme de réflexions et de débats sur les différentes problématiques des enjeux sécuritaires pour l'Afrique. Abordant des sujets cruciaux et d'actualité, l'Africa Security Forum a ainsi pour vocation de contribuer à l'émergence de solutions permettant aux décideurs du Continent de proposer des réponses aux menaces endogènes et exogènes du 21ème siècle. Wolondouka SIDIBE