Naviguer en 5G sur infrastructures Huawei, le Maroc s'y aventurera-t-il au risque de susciter l'ire de l'Oncle Sam ? La réponse à cette question constitue en soi un positionnement de politique extérieure. D'une part, la Chine, déjà première puissance économique mondiale en parité de pouvoir d'achat, tient à marquer le XXIème siècle en y apposant son cachet à travers le projet de nouvelle Route de la soie (Initiative « Une ceinture, une route »). Le Maroc n'est pas intégré dans le tracé, mais ce n'est pas son emplacement géostratégique qu'il a ici à jouer. Le réchauffement climatique a ouvert, pour tout le long de l'année, les routes maritimes de l'Arctique, permettant de passer de l'océan Pacifique à l'Atlantique, sans avoir à traverser le détroit de Malacca, le canal de Suez et le détroit de Gibraltar. Autant de couloirs placés sous contrôle de la thalassocratie américaine. Emerger parmi les pays disposant de l'internet des objets, du cloud et du Big Data, en installant un réseau de téléphonie mobile de 5ème génération, est autrement plus gratifiant sur le plan techno-industriel et commercial pour le Maroc. Surtout que le Royaume dispose de sa propre « route » historique à promouvoir, celle qui le relie au cœur de l'Afrique subsaharienne. Les Etats-Unis, pour leur part, quasiment vidés de leur substance industrielle par les délocalisations, mais gardant intacte leur capacité de nuisance grâce au statut du dollar en tant que principale monnaie des échanges commerciaux internationaux, mettent autant de bâtons dans les roues de la Chine qu'ils le peuvent. Ce sont les Etats-Unis, repérés en train d'écouter les communications de la chancelière allemande Merkel, qui préviennent que les Chinois peuvent espionner les pays qui auront installé les infrastructures 5G de Huawei chez eux. Confucius a dit : « Rien n'est jamais sans conséquences. En conséquence, rien n'est jamais gratuit ». Ahmed NAJI