Aussitôt après l'annonce par la Russie de sa promesse de « millions » de vaccins dès début 2021, l'Organisation mondiale de la Santé a elle aussi annoncé des préconisations que les Russes risquent de mal les prendre. Quand entend l'OMS plaider pour le respect des protocoles et réglementations en vigueur dans le développement d'un vaccin contre le nouveau coronavirus, juste après l'annonce du vaccin russe, on peut tout de suite penser qu'il y a quelque chose de louche dans cette annonce. Surtout quand le porte-parole de l'OMS Christian Lindmeier, interrogé sur les annonces russes au cours d'une conférence de presse en ligne, lance : « Parfois, des chercheurs individuels affirment avoir trouvé quelque chose, ce qui est bien sûr, en tant que tel, une excellente nouvelle. Mais entre trouver ou avoir la possibilité d'avoir un vaccin qui fonctionne et avoir franchi toutes les étapes, il y a une grande différence ». Le même responsable va plus loin en rappelant ces règles : « tout vaccin et tout médicament à cette fin doivent bien sûr être soumis à tous les différents essais et tests avant d'être homologués pour leur déploiement ». « Il rappelle aussi qu'il existe des lignes directrices et des directives claires, des réglementations afin de faire avancer les choses de manière sûre et efficace. Christian Lindmeier conclut que l'OMS n'a pour l'heure « rien vu d'officiel ». Russia aims to approve a coronavirus vaccine within two weeks, although testing is not finished and concerns about safety remain https://t.co/Et6EczjSsD — CNN Breaking News (@cnnbrk) July 29, 2020 Vaccin russe La Russie a annoncé, il y a quelques jours, que trois entreprises biomédicales seraient en mesure de produire dès septembre et de manière industrielle un vaccin développé par le laboratoire de recherches en épidémiologie et microbiologie Nikolaï Gamaleïa. « Selon les premières estimations (…) nous pourrons fournir dès cette année plusieurs centaines de milliers de doses de vaccin par mois, puis par la suite jusqu'à plusieurs millions en début d'année prochaine », a affirmé le ministre russe du Commerce Denis Mantourov à l'agence publique TASS. Le ministère de la défense russe qui collabore avec le centre Gamaleïa a affirmé que des essais cliniques sur des militaires avaient « clairement montré une réponse immunitaire apparente » face au nouveau coronavirus, « sans effets secondaires ou anomalies ». Des chercheurs ont toutefois exprimé leur préoccupation face à la rapidité de la mise au point des vaccins russes, en estimant que certaines étapes pourraient être sautées afin d'accélérer le travail sous la pression des autorités. L'OMS de son côté insiste sur la nécessité de suivre les règles permettant un « développement sûr d'un vaccin », « afin de s'assurer que nous savons contre quoi le vaccin agit, à qui il peut aider et, bien sûr, également s'il a des effets secondaires négatifs, si les effets secondaires médicaux sont plus importants que le bénéfice réel ». La course au vaccin est lancée à travers la planète avec actuellement 26 candidats vaccins au stade des essais cliniques (testés chez l'être humain) et 139 au stade de l'évaluation pré-clinique, selon des données de l'OMS. (Avec Agences) LIRE AUSSI COVID-19. Pour qui roule l'OMS?