Les conditions exceptionnelles du confinement auraient préparé le terrain aux violeurs d'enfants. Les lieux clos et les milieux familiaux ont constitué un champ de chasse favorable à ces prédateurs humains. Par Hayat Kamal Idrissi
Ikram, Meriem et bien d'autres enfants croyaient qu'ils étaient à l'abri en cette période de confinement. Leurs parents aussi ! Ils s'inquiétaient par rapport à la pandémie, au Covid-19, mais ne se doutaient pas qu'une autre menace, encore plus dangereuse, guettait.
Le loup est dans la bergerie
« Les pédophiles ont trouvé dans le confinement une occasion pour assouvir leur pulsions criminelles. On ne peut pas incriminer le confinement en soi car ces prédateurs trouvent toujours un moyen pour attaquer leur victime », explique Reda Mhassni, psychologue clinicien. Ce dernier note toutefois que les conditions exceptionnelles et les restrictions liées au confinement ont favorisé l'apparition de comportements pervers et de violences sexuelles. « L'isolement, l'angoisse, le stress, le choc lié à la crise sanitaire... ce sont là des émotions qui ont favorisé l'expression de certaines dépravations sous-jacentes » explique le clinicien. Faisant souvent partie du milieu familial ou du voisinage, les violeurs d'enfants n'ont pas raté « l'occasion en or qu'est le confinement. Les parents baissant leur garde au sein de la demeure familiale, l'enfant est à la merci du pédophile souvent insoupçonné qu'il soit un oncle, un cousin, un grand père ou un voisin parfois même un père », met en garde Mhasssni. Ce dernier relève d'ailleurs l'une des problématiques participant à l'impunité de ce type de « crimes commis entre famille ».
Loi du silence
« La peur du scandale et de la stigmatisation poussent beaucoup de parents à taire les affaires de viols de leurs enfants. En ne dénonçant pas ces crimes, ils en deviennent complices et c'est l'enfant qui en portera les traces pour le reste de sa vie surtout en l'absence de suivi médical et psychique », soutient le psychologue. L'affaire de Ikram de Tata, à peine 6 ans et violée sauvagement par un voisin, est une illustration des propos du praticien. Sans le grand buzz provoqué par l'affaire et par la libération de l'accusé, le père n'aurait pas retiré son renoncement aux poursuites judicaires du violeur. Une affaire qui nous rappelle celle du pédophile Koweitien rapatrié alors que le procès est toujours en cours au tribunal de Marrakech. Une situation alarmante qui provoque d'ailleurs l'ire des associations de protection des enfants. Début juin, le Réseau lddf-injad contre la violence basée sur le genre émet une alerte en fustigeant le taux de viol perpétrés contre les enfants pendant le confinement. Dans un communiqué, le réseau s'inquiète surtout par rapport aux crimes non dénoncés dans des régions où la loi du silence règne encore sur ce type de crimes. Appelant l'Etat à une prise en charge intégrale des victimes (Judiciairement, psychiquement et socialement ), Injad condamne l'impunité et appelle au renforcement des peines contre les violeurs d'enfants.