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la pédophilie : un drame marocain
Publié dans La Gazette du Maroc le 11 - 07 - 2008

Il n'y a pas plus de pédophiles aujourd'hui qu'avant, mais ces sales histoires sont plus médiatisées. Le Maroc est à la traîne sur le plan législatif, éducatif, de soutien aux victimes et l'Omerta est omniprésente.
A lire certains confrères, la pédophilie serait l'apanage des touristes occidentaux, de ce que l'on appelle le tourisme sexuel. Celui-ci existe parce qu'il profite d'une situation d'impunité et de facilité d'action bien réelles. Les affaires de pédophilie, portées à la connaissance du public, ne sont que la partie visible de l'iceberg. En général, les victimes et les familles préfèrent le silence par peur de «Lahchouma» ou pire et plus abject, parce que le prédateur a acheté ce silence. Notre dossier tend à prouver que ce phénomène existe, qu'il était culturellement toléré. Il existe au sein de la famille, puisque les cas d'inceste se multiplient, à l'école, des enseignants étant déjà condamnés, dans la rue les prédateurs « chassant » devant les écoles, sans être inquiétés, et ailleurs. La pédophilie est aussi liée, fortement, au travail des enfants. Les petites bonnes bien sûr, sont les premières à venir à l'esprit. Mais que dire des relations Maâlem-apprenti, ou des épiciers qui partagent le même coin pour dormir avec leurs aides pendant des années ?
Nous sommes face à un drame prégnant, qui profite du tabou pour proliférer. Sous la houlette de Lalla Meriem, le conseil de l'enfance avait entamé une grande campagne de sensibilisation qui n'a été ni reprise, ni mise à profit pour légiférer. Car le Maroc est défaillant sur tous les plans. Sur le plan législatif, la loi prévoit des peines très légères. Le maximum est de cinq ans et encore faut-il qu'il y ait violences, car la loi marocaine, contrairement à toutes les législations du Monde, laisse à penser qu'un enfant peut-être consentant. Et dans ce cas, on a déjà vu des pédophiles écoper de quelques mois, moins que celui qui a émis un chèque sans provision de 1000 DH !
Expliquer tout aux enfants
Aucun parlementaire, aucun groupe, n'a jamais voulu répondre aux attentes des associations et proposer un durcissement de l'arsenal pour le rendre dissuasif. Sur le plan de l'information : Ni dans la famille, ni dans les écoles, ni chez nos télés publiques, les enfants ne sont informés des risques. Parce qu'il faudra alors leur parler de leur corps, leur expliquer qu'il leur appartient et que ce n'est pas l'idéologie dominante. Sur le plan du suivi des victimes : il n'existe aucune structure, à part les associations, pour assumer ce suivi. Or, l'enfant n'a pas que des séquelles physiques, mais aussi des traumatismes qui peuvent détruire sa vie. Dans certains milieux, l'enfant violé est stigmatisé à tel point, qu'il finit par se convaincre qu'il est coupable ou tout simplement que c'est sa destinée, auquel cas, il devient pour le coup « consentant ». La protection de l'enfance : l'un des premiers devoirs d'une société moderne et de son émanation l'Etat, nécessite qu'on en finisse avec cette chape de plomb, qui assure une relative impunité aux prédateurs. Reconnaître d'abord que le phénomène est endogène, que nous ne sommes pas un peuple de musulmans angéliques que seuls des dépravés occidentaux salissent. D'autant plus que depuis des siècles, le Malhoun art des artisans a chanté « Laghziel », qu'il existe des centaines de qasida sur ce thème, et presque autant de proverbes. Ensuite changer les lois, en particulier en enlevant pour les mineurs, toute distinction entre le viol et l'acte non accompagné de violence et surtout d'assimiler la pédophilie au rapt, comme dans tous les pays évolués. C'est un minimum de 15 ans, pas de 6 mois, que ceux qui protègent l'enfant offrent aux pédophiles. Mais surtout mettre en place des systèmes de veille, en responsabilisant les familles et en les incitant à informer leurs enfants, mais surtout à poursuivre, en criminalisant l'acte du silence, celui des enseignants et des médecins qui ne préviennent pas la police pour « ne pas avoir de problèmes ». Cette tumeur sociale est une cause qui mérite un plan multiforme. C'est parce que nous en sommes convaincus, que nous lui réservons ce dossier et non pour céder à un quelconque sensationnalisme.
L'hchouma
L'Omerta au service de l'impunité
Les parents refusent de croire leurs progénitures et s'enferment ensuite dans le silence. Le manque d'acteurs sociaux agissant en ce domaine et en l'omerta. Ainsi dans une école primaire de Casablanca, une petite fille a raconté à plusieurs reprises à sa maîtresse qu'un membre de sa famille vient régulièrement chez eux et qu'il la sodomise la nuit. La mère refuse d'y croire ou d'entamer la moindre procédure, ni même consulter un médecin. Que fait l'enseignante ? rien, sauf en faire un motif de dépression !
Il y a pire. A Mohammedia très récemment, une petite fille a été enlevée, violée, puis jetée sur la voie publique. Ses souvenirs sont très clairs : il s'agit de 4 hommes de type Européen parlant une langue étrangère et non circoncis. Physiquement, elle est délabrée, psychiquement son traumatisme est immense. La femme médecin qui l'a soignée a passé une heure à vouloir convaincre le père de déposer plainte. Le monsieur est « connu » à Fedala, il a peur du scandale, donc il refuse. 4 prédateurs étrangers circulent en escomptant une impunité, qu'aucun pays ne leur assure plus. A Casablanca, une fille de 9 ans est sauvagement violée par son cousin de 16 ans. Le médecin la traite et comprend parfaitement que « c'est quand même la famille ». Ces attitudes cachent des cas incestueux aussi. En Europe, le médecin est obligé d'alerter la police et les services sociaux (que nous n'avons pas) dès qu'il constate des sévices sur un enfant et encore plus quand ces sévices sont sexuels. Le pire des cas est raconté par une militante associative. Le père d'une petite fille de 10 ans, violée par un homme de 60 ans déjà grand-père, a retiré sa plainte pour 30.000 DH. Ce père-là ne mérite pas la garde de son enfant.


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