La crise du coronavirus a coûté cher à l'économie nationale et africaine. Aujourd'hui, l'innovation frugale est un impératif pour la relance économique et pour le développement social dans le continent. Le contexte de la crise économique due à la pandémie de la Covid19 a poussé à bout les anciens modèles économiques et a mis à l'épreuve les gouvernements à travers le monde. Les avis sont unanimes : l'Afrique a fait preuve de résilience et de leadership dans sa réponse à la crise du Covid-19, et le continent a agi rapidement et a été proactif, en adoptant des mesures préventives en amont, tout en trouvant un équilibre, entre protéger les vies, atténuer les effets économiques et continuer à éradiquer la propagation de la pandémie Covid-19. Tel a été l'objectif d'un web-act organisé par Maroc Impact pour explorer des alliances d'actions à massification socio-économique. Intervenant en ouverture de l'événement virtuel, Nadia Fettah Alaoui, ministre marocaine du tourisme, de l'artisanat, du transport aérien et de l'économie Sociale et solidaire a mis le point sur l'importance de l'économie sociale et solidaire pour limiter les précarités et créer de la richesse surtout dans le monde rural, dont les habitants sont particulièrement impactés par la crise. Au Maroc, on compte 160.000 associations et 27.000 coopératives avec plus de 150.000 adhérents, ce qui montre que réellement la notion de l'économie sociale et solidaire se développe de plus en plus. « Chaque association et/ou coopérative regroupe des personnes ayant le même objectif, appartenant au même territoire et collaborent ensemble pour créer un circuit court entre le consommateur et le producteur. C'est donc une intelligence collective qui règne, cette intelligence collective doit être pensée à l'échelle du continent africain à travers une coopération sud-sud», déclare la ministre. Un choc imprévu La crise su coronavirus s'est imposé aux économies de l'Afrique, bouleversant l'offre et la demande. Le pari économique et social est l'enjeu principal dans un contexte de prémices d'une récession économique mondiale et inévitable, pour le Maroc, au cours des deux mois d'état d'urgence sanitaire, l'économie marocaine a perdu 1 milliard de dirhams par jour, ce qui correspond à 6 points de la croissance de son PIB. L'Union Africaine a évalué à 20 millions le nombre d'emplois disparus en quelques mois. Dans un tel contexte, l'innovation frugale s'avère être un impératif à la relance économique et au développement social dans le continent. Cette démarche qui consiste à répondre à besoin de manière simple et avec un minimum de ressources est présentée par Navi Radjou , chercheur, essayiste et conseiller en innovation et leadership à New York, membre de la Judge Business School de l'Université de Cambridge, comme la meilleure solution pour gérer l'après-crise. Il a ainsi énuméré quatre bonnes pratiques de la frugalité, à savoir : utiliser ce qui est abondant pour créer ce qui est rare; éviter le complexe de "pharaon" et aller à la rencontre du consommateur là où il est sans forcément lui proposer un produit cher ; faire de la recherche scientifique avec peu de moyens et miser sur l'intelligence collective pour mieux avancer. Navi est catégorique «le continent est pionnier dans l'innovation frugale surtout pendant la crise du Covid19 ». Opportunités indéniables De son côté, la présidente de l'Université Hassan II de Casablanca et experte internationale des Smart Cities , Aawatif Hayar, a expliqué que le concept de la ville intelligente frugale et sociale qui a réussi grâce à deux aspects : le capital humain composé de jeunes assoiffés de réussite et la technologie omniprésente qui ne coûte pas cher. Le digital est donc, l'outil par excellence qui permettra d'innover en plus d'un capital humain bien formé. « Ces deux composantes ont fait leur preuve au Maroc dans le domaine de l'enseignement », insiste t-elle. Pour Karim Sy, fondateur de Jokkolabs, espace de travail collaboratif en Afrique de l'Ouest et incubateur de start-up à fort impact social, c'est la notion d'intelligence collective qui représente la voie du futur. « Dans chaque crise il y a des opportunités. Et cette pandémie a été l'occasion pour l'Afrique de se redécouvrir, d'innover, de se faire confiance et de faire confiance à sa jeunesse. Les africains ont naturellement cette approche d'impact social, elle est presque innée », tranche t-il avant d‘ajouter qu'aujourd'hui les nouvelles technologies et le digital en particulier permettent au continent de s'ouvrir sur le monde et de se réinventer », dit-il. Pour le ministre ivoirien de la promotion de la PME, Félix Mezian Anoblé, il est essentiel de capitaliser sur les ressources dont dispose le continent et de les faire revivre, notamment en orientant les jeunes vers l'entrepreneuriat et en créant des écosystèmes et des chaines de valeur qui permettront de développer et d'enrichir les différents secteurs d'activité en Afrique. Autres axes de croissance : « En cette période d'incertitude, l'expérimentation et l'opérationnalisation de solutions concrètes disruptives, des alliances coordonnées d'idées et de valeurs communes centrées sur l'innovation frugale sont impératives pour déployer des alliances d'actions à massification socio-économiques », conclut la présidente de Maroc Impact, Ghizlaine El Manjra.