Alors que d'autres galeries marchandes ont repris leurs activités, Souk Lakriâa et les Kissariates de Derb Sultan doivent rester fermés. Le cri de détresse des commerçants. Par Hayat Kamal Idrissi « Je suis commerçant à Kissariate Aziza depuis 15 ans. Aujourd'hui, je fais partie des 170 commerçants de cette galerie ayant subi de lourdes pertes à cause de la crise liée au Covid-19 », nous met dans le bain « lamine » des boutiquiers de Aziza. En ce samedi, ils sont venus en masse sur les lieux pour protester contre la décision de prolonger le « confinement » de leur commerce.
Loi équitable
« Nous ne sommes pas contre la loi ! Nous ne demandons que son application équitable pour tout le monde. Pourquoi d'autres galeries marchandes ont pu ouvrir tandis que nous sommes condamnés à fermer boutique ? », s'insurge le représentant des commerçant de Aziza. Arrivés au bout de leur patience, ils réclament l'autorisation d'ouvrir à l'instar de Derb Ghellaf et de Derb Omar. « Jugez par vous-mêmes ! Mes étalages sont remplis d'articles d'hiver et de mi-saison. Lorsqu'on nous a imposé la fermeture au lendemain du confinement, ma boutique était remplie de marchandises. Le dernier de ces articles a couté à son achat, au moins 600 dhs. Que vais-je faire avec cette marchandise maintenant qu'on est en plein été ? C'est une grosse perte assurée pour mon commerce ! », déplore lamine, dépassé. Même détresse du côté du propriétaire de la boutique voisine. « Nous sommes pour la loi, mais contre la hogra. Nous sommes tous dans une situation économique alarmante. Nous frôlons la pauvreté », indique Abderahmane qui vend des chaussures et des sacs. D'après lui, les commerçants des produits de seconde nécessité tels les vêtements et les chaussures, sont les plus touchés par cette crise. Raison de plus selon lui, d'autoriser la réouverture des boutiques. Il en va de leur survie.
« Nous nous soumettrons à toutes les instructions de prévention et de protection. Il suffit de nous indiquer une procédure détaillée à suivre et nous allons nous y plier volontiers. Notre objectif est d'ouvrir mais aussi de nous protéger et protéger nos clients », ajoute Réda, commerçant de prêt à porter pour femmes. Il nous affirme que la galerie marchande de Aziza a investit 16.000 dhs en équipements préventifs que ça soit les appareils, les produits désinfectants ou les bavettes. « Nous ne demandons pas d'aide ! Il faut juste nous libérer les mains pour pouvoir sauver nos petits commerces », réclame-t-il.
Opération sauvetage
Sauver leurs commerces devient la priorité des protestataires. Ils évoquent des dettes cumulées, des engagements financiers et familiaux... « Nous avons des fournisseurs qui risquent de déposer nos chèques sans provisions actuellement. Ils ne vont pas prendre en considération notre situation, le fait que nous avons des foyers et des enfants à prendre en charge, des loyers et des factures à payer ! », nous explique lamine de Kissariat Aziza avant d'ajouter. « Eux aussi, ont des engagements auprès de leurs fournisseurs. Nous sommes tous piégés et la situation doit être débloquée le plutôt possible. Sinon nous courons tous à notre perte », s'inquiète-il.
Des pistes de solutions pour débloquer la situation ? Les commerçants en colère ne réclament pas d'aide directe. « La seule aide qu'on demande c'est de nous laisser travailler. On réclame des crédits mis en suspension jusqu'à 2021. C'est la seule manière de nous aider à redémarrer et à reprendre notre activité progressivement, en adéquate harmonie avec le mouvement de reprise générale », conclut Mustapha, un opticien de souk Laakriâa. Même requête qui revient comme un leitmotiv chez la plupart de ses collègues réunis ce samedi : « Laissez-nous travailler et gagner notre pain ! Nous agonisons ! », répètent-ils en chœur. Leur cri sera-t-il entendu ?