Sans travail, sans revenus, sans couverture sociale, ...les musiciens sont en détresse totale. Des SOS ont été lancés et plusieurs pétitions ont été signées. En vain. Mounia Kabiri Kettani Hassan est un artiste chanteur, il a consacré 25 ans de sa vie pour l'art. En contrepartie, il n'a aujourd'hui même pas de quoi subvenir aux besoins les plus élémentaires de ses deux enfants, payer l'école de sa fille, ...bref, il n'a pas de quoi vivre décemment. Parce que finalement ce métier d'artiste « l'a trahi », comme il n'arrête de le répéter. Et il n'est pas le seul. Ils sont plus de 10.000 musiciens et artistes chanteurs qui sont aujourd'hui sans travail, ni revenus, suite à la fermeture de leurs lieux de travail (restaurants, cabarets, hôtels...), ou encore la suspension des événements, fête de mariages...Pour le monde des musiciens, la crise actuelle a des allures de « tsunami social». D'autant plus, qu'ils ne bénéficient d'aucune couverture sociale. «La perte de revenus dans cette phase cruciale les amène dans une situation précaire. D'autant plus que la situation de certains d'entre eux n'est déjà pas rose quand l'économie est florissante. La plupart des travailleurs vivant sont à bout, certains sont en train de crever », alerte le Mostafa Bertoune, président du syndicat national des musiciens professionnels affilié à l'UGTM. Au bord du gouffre Depuis le début de la crise, ils ont beau se plaindre et dénoncer leur vécu quotidien de plus en plus précaire, la situation va de mal en pis. «Cela fait plus d'un mois qu'on a pas de quoi manger. On vit grâce à l'aide de la famille, des amis...la situation est lamentable », nous confie l'un des musiciens qui n'a d'autre source de revenus que son travail de luthiste dans l'un des restaurants huppés de Casablanca. Dans l'imaginaire collectif, les artistes et musiciens réussissant à vivre de leur passion ont une vie trépidante et riche, faite d'opportunités grisantes et de succès. Mais la réalité est bien éloignée de cette image d'Epinal. Confronté au Covid-19, le monde culturel a littéralement coulé. S'ils ont survécu tant bien que mal aux deux premières phases de confinement, de nombreux artistes et professionnels du spectacle en situation précaire n'en peuvent plus. Si certains ont au moins la chance d'avoir leur propre maison, la plupart habitent dans des petites chambres, prennent en charge toute leur famille et payent leur loyer à la fin du mois. «je suis endetté jusqu'au cou. Et je n'ai toujours pas payé les 4.500 dirhams de loyer ni les 900 dirhams de l'eau et l'électricité », déplore un autre musicien. Aujourd'hui, ils sont dans l'impasse et n'ont d'autres issues que de vendre leurs instruments de musique pour avoir de quoi manger et faire manger leurs enfants au moins pendant 2 ou 3 semaines. « La situation est juste catastrophique. Imaginez qu'on n'a pas de nourriture. L'Etat doit savoir qu'on n'exige pas l'impossible. On veut juste qu'on nous écoute et nous soutienne pour combler nos besoins. Et tout le monde est conscient que l'Etat est capable d'arranger notre situation », ajoute l'un artistes chanteurs à Marrakech. Ni couverture ni indemnité D'après Mostafa Bertoune, de nombreux courriers ont été envoyés au ministère de la culture et aux différentes parties prenantes pour alerter sur la situation de cette frange de la population qui souffre en silence. Beaucoup de promesses ont été données. Mais rien de concret jusque là. D'ailleurs même cette indemnité versée pour le secteur informel, les musiciens n'en ont pas eu droit. Sur la toile, les voix de ces professionnels de l'art s'élèvent et les statuts de certains déchirent le cœur. Des initiatives de solidarité sont lancées et quelques stars se sont mobilisées pour venir à l'aide de quelques uns en totale détresse. Mais, les avis sont unanimes : le ministère doit réagir ! et la balle est dans son camp !