Les ténors du Parti Travailliste britannique (au pouvoir depuis 1997) ont exprimé dimanche leur soutien au chef du Parti et Premier ministre, Gordon Brown, sévèrement critiqué depuis l'échec retentissant essuyé jeudi dernier par son Parti lors de l'élection partielle de la circonscription de Crewe, nord de l'Angleterre. La perte de cette circonscription, jadis un fief travailliste imprenable, a incité plusieurs membres de cette formation à demander le départ de Gordon Brown, responsable, selon eux, de la chute sans précédant de la popularité du Parti. Brown, qui a accédé à la primature britannique en juillet 2007 en remplacement de Tony Blair, suscitait d'énormes espoirs au sein des électeurs, qui le considérait comme l'homme qu'il fallait pour renforcer la position économique du pays et mener le Parti Travailliste à un quatrième mandat consécutif à la tête du gouvernement. La confiance des électeurs, reflétée par les sondages très favorables à celui qui avait dirigé le portefeuille de l'Economie et des Finances pendant dix ans, avait incité Brown à étudier sérieusement la possibilité d'appeler à des élections anticipées pour mettre à profit sa popularité. Or, son recul de dernière minute avait été sa première grande erreur. Depuis, les choses ont pris des tournures inattendues, accentuées par le ralentissement économique et l'envolée des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires. La défaite ignominieuse subie par les Travaillistes lors des élections municipales du début du mois de mai est venue confirmer «la descente aux enfers» du Parti Travailliste, relégué à une position de dauphin face à son rival de tous les temps, le Parti Conservateur. Plus que jamais isolé, Brown n'a eu de cesse d'imputer cette situation à la crise économique et aux préoccupations des électeurs face à la flambée des prix, tout en soulignant qu'il était l'homme qu'il faut pour diriger la Grande-Bretagne en cette période de crise. Si plusieurs membres du Parti Travailliste se sont prononcés pour un changement à la tête du Parti avant qu'il ne soit trop tard, les ténors de cette formation, à l'instar de l'ancien vice-Premier ministre, John Prescott, ont mis en garde contre une telle initiative, qualifiée d'hasardeuse. D'après ces membres influents du Parti, Brown, de par son expérience, est capable d'aider le Royaume-Uni à surmonter la crise actuelle. Le ministre de la santé, Alan Johnson, dont le nom est cité comme successeur de Gordon Brown, a indiqué que la question du changement à la tête de la formation travailliste ne se pose pas, relevant que Brown a apporté une grande contribution à la prospérité du Royaume-Uni. «Je crois que Brown a la force, le courage et les idées nécessaires pour régler les problèmes que le pays affronte», a-t-il ajouté. La victoire remportée par le Parti Conservateur dans la circonscription de Crewe est chargée de symbolisme pour ce Parti, qui n'avaient pas arraché un siège à son rival travailliste dans une élection partielle depuis 1982. David Cameron, le chef des conservateurs, tout en se gardant de tout triomphalisme a célébré la victoire de son Parti, la qualifiant de «fin du New Labour». D'après lui, les travaillistes «ne sont plus le parti de l'espoir ni le parti des opportunités. C'est la fin du New Labour». La presse britannique, dans sa quasi-totalité, estime, quant à elle, que les Tories sont désormais les favoris pour remporter les prochaines élections générales, qui se dérouleront au plus tard en 2010.