Les beaux jours arrivent et les températures particulièrement élevées en ce mois de mai font déjà penser à la période estivale. En attendant les vacances, pas à pas, les Marocains voient leurs voisins européens se déconfiner progressivement et annoncer une réouverture des frontières pour accueillir les touristes. Des vacances, oui, mais sous une nouvelle forme. Les hôteliers marocains restent prudents et se préparent à l'après déconfinement. Déconfinée depuis quelques jours, l'Europe, l'un des continents les plus touchés par la pandémie du covid-19, desserre progressivement ses mesures de sécurité et commence à faire des envieux, notamment au Maroc. Des pays comme l'Espagne qui accueille plus de 80 millions de visiteurs chaque année, la France, l'Italie, ou la Grèce, misent sur la reprise du tourisme cet été, pour relancer la machine économique. Réouverture des plages privées en France, ou en Grèce, réouverture des cafés, restaurants et terrasses en Espagne, réouverture imminente des musées en Italie, retour des cérémonies religieuses en France, réouverture prochaine des frontières aux touristes étrangers en Espagne et réouverture des frontières aux touristes de l'UE le 3 juin en Italie… Un semblant de vie normale mais au prix d'une discipline de fer. Les vacances cet été auront un arrière-goût un peu amer, car plus rien ne sera comme avant. Il va falloir désormais respecter à la lettre plusieurs mesures de sécurité mises en place par les autorités et appliquées dans la plupart des établissements hôteliers.
Des mesures de distanciation strictes et des activités en plein air Pour cette période estivale pas comme les autres, les hôteliers marocains, bien que inquiets au sujet d'une reprise normale restent optimistes et préparent déjà leur plan d'action pour l'après déconfinement. « Nous sommes très confiants, la localisation de notre établissement ainsi que ses 231 hectares de jardins verdoyants seront les atouts majeurs que nous mettrons en avant à la reprise », affirme Afif Salibi, Directeur Général du Fairmont Royal Palm Marrakech, qui veille activement à l'entretien et au maintien de la qualité des espaces verts du resort. « L'ensemble de nos restaurants disposent de terrasses spacieuses, toutes ouvertes avec vue imprenable sur les jardins, le golf et l'Atlas. L'agencement de notre hôtel devrait nous permettre dans les circonstances actuelles, d'appliquer très aisément toutes les mesures sanitaires et de distanciation physique imposées. » Mehdi Reddad, Directeur d'hôtels à Beni Mellal et Bin El Ouidane affirme pour sa part son intention de concentrer l'ensemble des activités en plein air, et de renforcer les jardins d'enfants à l'extérieur. « Nous souhaitons que nos clients puissent profiter au maximum de nos espaces verts. Nous continuerons à faire des sorties en bateaux autour du lac, tout en limitant bien sûr le nombre de personnes admises à bord pour éviter que les gens ne soient collés les uns aux autres. Plusieurs réaménagements sont également prévus pour assurer la protection des clients pour qu'ils puissent profiter en toute sécurité des activités nautiques au bord du lac, notamment pour les Jet skis et les virées en bouées. ». Protocole sécuritaire Ces mesures de précautions sécuritaires, d'hygiène, et sanitaires sont aussi mises en place par les hôtels situés en bord de mer qui limitent au maximum le contact avec les clients et proposent l'ensemble de leurs services à l'extérieur, dans des espaces ouverts. « Nous avons instauré un protocole sécuritaire très strict qui concerne le respect des distanciations, la désinfection des mains… et tous les contacts avec les clients sont limités », rassure Noury Saladin, Directeur Général du Sofitel Tamuda bay. « A leur arrivée à l'hôtel, les vacanciers ouvrent eux-mêmes la porte de leur voiture, leurs bagages sont par la suite systématiquement nettoyés. Des plexiglas vont être installés au niveau de la réception, et les clients scanneront la fiche de police pour la remplir directement sur leur téléphone. Nos employés effectuent déjà des jeux de rôle pour s'habituer aux nouvelles procédures de check in et essayer d'apparaitre le plus naturellement possible pour ne pas perdre ce contact très important avec les yeux. Nous allons nous conformer au programme All Safe du groupe Accor : marquages au sol, limitation du nombre des personnes dans les ascenseurs… Pour divertir les gens, l'hôtel prévoit des animations musicales en plein air, dans le sable et aucune ouverture de la discothèque n'est prévue pour le moment. Fini la folie des buffets ! Pour ce qui est de la restauration, les buffets seront pratiquement bannis, les petits déjeuners seront servis dans les chambres et tout s'effectuera à l'extérieur, nous assurent les hôteliers qui inviteront désormais leurs clients à se restaurer en terrasse, avec une distanciation de 1,5 m entre les tables, et qui seraient servis par du personnel portant des masques et des gants. « On va faire des show cooking avec des plexiglas de séparation, nous explique Noury Saladin. Le client ne pourra plus se lever et circuler librement dans le restaurant, il sera pris en charge et installé en terrasse par les hôtesses dès son arrivée. Il pourra alors voir le buffet de loin et verra les cuisiniers travailler à travers des parois en plexiglas, mais il sera servi à table ». Baignades sous haute surveillance Pour ce qui est de la piscine et des plages privées, les hôteliers envisagent plus d'espace entre les différents transats. « Nous avons instauré 2 mètres entre chaque transat, précise Noury Saladin, la capacité de transats est réduite de moitié et les places sont systématiquement désinfectées. On ne posera plus un chapeau et une serviette roulée sur le transat comme d'habitude, le client aura la serviette de plage dans sa chambre et doit la ramener lui-même. Les hôteliers garantissent également une baignade sans danger. « La concentration des produits désinfectants sera plus élevée dans les piscines, promet un responsable Marketing d'un grand resort à El Jadida. Les capacités en transats vont être nettement réduites, et donc, il y aura moins de monde que d'habitude. Même chose pour la plage, le nombre sera réduit de moitié». Pour ce qui du protocole des lavages, les hôteliers affirment que les températures seront nettement plus élevées pour tout ce qui est textile et serviettes, avec des produits spécifiques anti-covid. Marché national En attendant la réouverture des frontières, les hôteliers marocains misent tout sur la clientèle marocaine et proposent des offres promotionnelles pour séduire les touristes nationaux. « Pour la reprise, nous proposerons des expériences conçues pour répondre au mieux aux nouvelles attentes de la clientèle nationale. Nous recevons d'ailleurs déjà de nombreuses demandes de la part de résidents Marocains qui n'ont qu'une seule hâte, pouvoir profiter à nouveau du panorama et des activités en plein air qu'offre notre hôtel », assure Afif Salibi, DG du Fairmont Royal Palm Marrakech. « Nous avons déjà des réservations pour l'été et même pour ce mois de mai, confirme le DG du Sofitel Tamuda Bay. Depuis une dizaine de jours, le téléphone sonne, nous avons beaucoup de demandes de disponibilités, après le 15 juin. Nous avons aussi toute une campagne promotionnelle dans le cadre du programme All Safe, avec un quota quotidien de chambres mises en vente sur nos sites web, ceci étant, les places sont limitées ». Pour Mehdi Reddad, il n'y a pas mieux que la formule « All inclusive » pour attirer la clientèle marocaine. « Bien que ça ne soit pas la politique de l'établissement, nous allons proposer aux Marocains, qui représentent 60% de notre clientèle, des packages tout inclus à des prix attractifs, avec un spa ou un soin offert. Le DG de l'hôtel Chems Du Lac Bin El Ouidane parle également de la possibilité de créer un label marocain de renommée internationale qui garantirait une hygiène exemplaire, pour encourager les touristes étrangers à revenir. Il déplore néanmoins une perte à gagner puisqu'une grande partie de sa clientèle constituée de MRE en provenance d'Espagne, sera absente cet été. Il appelle à une exonération fiscale pour qu'il puisse maintenir sa masse salariale. « La plupart de nos employés sont au chômage partiel, certains travaillent pour nous depuis une vingtaine d'années et nous aimerions les garder avec nous ! », espère-t-il.