Premier souverain pontife de l'Histoire à fouler le sol de la péninsule arabique, le pape François participe lundi 4 février 2019, à une rencontre interreligieuse internationale aux Emirats arabes unis, avant de célébrer mardi une messe géante totalement inédite pour la région. « Je suis ici comme un frère »: cette déclaration du pape est reprise par toute la presse émiratie. Le chef des 1,3 milliard de catholiques dans le monde a eu un entretien avec le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, homme fort des Emirats, qui s'enorgueillit de la « coexistence pacifique » entre les religions dans son pays. Le souverain pontife a certainement évoqué avec lui la situation au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique théâtre de la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU en raison d'une guerre dévastatrice. Avant d'arriver dimanche à Abou Dhabi, le pape avait pressé les protagonistes au Yémen de « favoriser de manière urgente le respect des accords établis » sous l'égide de l'ONU, surtout pour une trêve dans la ville portuaire de Hodeida, essentielle à l'acheminement de l'aide internationale. La population yéménite paye un lourd tribut et « de très nombreux enfants souffrent de la faim », a-t-il rappelé. Les Emirats sont critiqués par des ONG pour leur intervention militaire au Yémen depuis 2015, au côté du pouvoir en guerre contre les rebelles Houthis. Durant sa visite à Abou Dhabi, le pape a assisté à une cérémonie militaire: des avions de chasse ont survolé le gigantesque palais présidentiel, lâchant dans les airs une fumée jaune et blanche, couleurs du drapeau du Vatican. Il a remis à son hôte un médaillon encadré représentant la rencontre en 1219, en pleine croisade, entre Saint François d'Assise et le sultan Malek al-Kamel en Egypte, un jalon vieux de 800 ans du dialogue entre musulmans et catholiques.