Il est de notoriété publique, aujourd'hui que le système anti-terroriste mis en place par le Maroc est devenu un cas d'école pour d'autres pays. Le dispositif qui veille sur la sécurité des Marocains, et auquel ces derniers doivent leur tranquillité, est sollicité par plusieurs pays dont la France, la Belgique, les Etats-Unis ainsi que plusieurs pays africains. Pour Eli Hadzhieva, juriste et fondatrice de l'ONG Dialogue pour l'Europe, basée à Bruxelles et spécialiste des affaires européennes, «le Maroc est un allié pour l'Europe tant pour les ques- tions de migration, de développement, de lutte contre la radicalisation, de coopération éco- nomique et commerciale que pour les relations avec l'Union africaine». «Nous avons beaucoup à apprendre du Maroc» , disait Gilles de Kerchove, le Coor- dinateur de l'Union européenne (UE) pour la lutte contre le terrorisme, à la veille d'une visite au Maroc en janvier 2016. Efficacité reconnue «Le Maroc est un pays partenaire des Etats-Unis qui se démarque par sa stabilité en Afrique du nord, et s'évertue à faire bénéficier les pays amis de son savoir-faire et de son expérience en matière sécuritaire» , soulignait le rapport du Département d'Etat sur le terrorisme dans le monde, pour l'année 2016. «Les services de sécurité marocains ont ciblé de manière efficace et pu démanteler effectivement nombre de cellules terroristes dans le pays, en mettant à contribution la collecte de renseignements, le travail policier, et la coopération avec les partenaires régionaux et internationaux» , développe le rapport. Les services d'Abdellatif Hammouchi ont pu démanteler plusieurs groupes terroristes liés aux réseaux internationaux de Daesh, Al-Qaïda dans le Maghreb Islamique et Jabhat Al-Nusra. Grâce à cette efficacité, le Maroc était parmi les premiers qui ont créé le Forum global pour la lutte contre le terrorisme (GCTF), dont il assume depuis avril 2016 la co-présidence. Cette reconnaissance internationale de l'approche marocaine a ouvert plusieurs portes de coopération avec des pays européens et avec les Etats-Unis. Ce dernier pays a d'ailleurs mis en place avec le Maroc une coopération triangulaire dans le domaine de lutte anti-terroriste en faveur des pays du Sahel, concrétisée par la signature, en août 2014, d'un accord-cadre bilatéral sur l'assistance antiterroriste. Les deux pays s'étaient engagés à renforcer les capacités régionales, particulièrement dans le domaine de la formation du personnel des services de sécurité civile des pays partenaires dans les régions du Maghreb et du Sahel, à travers la mobilisation de l'expertise mutuelle dans des domaines tels que la gestion des crises, la sécurité des frontières et les investigations. Des faits avaient révélé l'importance des services anti-terroristes marocains pour certains pays européens. C'est le cas par exemple de la localisation en novembre 2015, à Saint-Denis, en France, d'Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats de Paris. Immédiatement après, la Belgique avait sollicité la collaboration des services marocains dans le but de remonter la filière de Molenbeek. En 2008, le système de renseignement et de contre-espionnage, avait permis de démanteler le réseau Belliraj – opérant depuis la Belgique et soupçonné de préparer des attaques d'envergure au Maroc. Les vertus du partage Lors de sa visite au Maroc pour rencontrer son homologue Abdelouafi Laftit, le ministre espagnol de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido, a plaidé pour l'intensification de la collaboration en matière de lutte contre le terrorisme avec le Royaume. Ayant conclu des conventions bilatérales, les deux pays avaient mis en place des mécanismes d'action commune et de coordination continue, notamment les centres de coopération sécuritaire maroco-espagnols au niveau de Tanger-Med et Algésiras. Les officiers de liaison, les patrouilles maritimes conjointes ainsi que l'équipe d'analyses et d'informations en matière de lutte contre le trafic de drogue à travers des avions légers, font partie de ce mécanisme bien rodé aujourd'hui. Le système mis en place a permis au Bureau Central d'investigations judiciaires (BCIJ) de démanteler plusieurs cellules terroristes opérant sur les deux pays. L'Europe, les Etats-Unis ainsi que plusieurs pays africains sont d'abord attirés par les résultats de la lutte antiterroriste sur le sol marocain. Les services marocains, qui ont adopté la stratégie de la prévention, ont réussi à tenir le pays loin des attaques. Et ce n'est pas par manque de Djihadistes. Plusieurs cellules ont été démantelées à quelques jours seulement du passage l'acte. Les menaces n'ont certes pas cessé, mais de toute manière, l'entreprise terroriste devient trop risquée pour les instigateurs. Les probabilités ne sont pas en leur faveur. Et c'est justement ce que mettait en valeur Gilles de Kerchove lorsqu'il expliquait que «l'expérience marocaine ne repose pas uniquement sur la dimension sécuritaire, mais s'appuie également sur le volet de la prévention à travers notamment l'encadrement religieux». Prévention veut dire renseignement et c'est justement la pièce maîtresse du dispositif marocain mis en évidence par le rapport américain de 2016 cité plus haut. Le point fort du Maroc reste la collecte de renseignement. Cette approche a d'ailleurs permis d'appréhender plusieurs terroristes sur le point d'attaquer des prisons, des centres de sécurité, des festivals et des centres de loisir. C'est pourquoi le Maroc s'est imposé comme un allié sûr de l'Europe en matière de lutte anti-terroriste. Abdellatif Hammouchi s'est imposé non seulement au Maroc mais dans le monde. Les pays qui ont bénéficié de sa coopération l'ont reconnu. L'Espagne lui avait décerné la Croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge, en octobre 2014. La France a suivi avec la Légion d'honneur, moins d'un an plus tard.