Le Roi Mohammed VI a adressé, dimanche 20 août 2017 un discours à la Nation à l'occasion du 64e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Un discours qu'il a presque, entièrement, consacré, à l'Afrique. En s'arrêtant sur la Révolution du Roi et du Peuple, la qualifiant d'épopée nationale symbolisant pour l'éternité la communion entre le Roi le peuple, le Souverain a souligné que ce moment phare de l'histoire nationale a été le catalyseur d'une prise de conscience aigüe et d'une foi accrue dans la communauté de destin qui unit le Maroc à son continent. « Aujourd'hui, cette œuvre solidaire se poursuit dans le but de réaliser le développement commun et le progrès partagé auxquels aspirent tous les peuples africains », a affirmé le Roi Mohammed VI avant de réexpliquer le fondement des liens historiques unissant le Royaume à son continent en mettant en exergue ces trois phases clés : la participation, en 1960, à la première opération de maintien de la paix au Congo ; la tenue, la même année, à Tanger, de la première réunion de la Commission de développement de l'Afrique ; et la création inédite, au sein du gouvernement de 1961, d'un ministère pour les affaires africaines ayant pour mission de soutenir les mouvements de libération. S'y est ajoutée, la même année, la tenue de la Conférence de Casablanca, « qui posa les premiers jalons pour l'avènement, en 1963, de l'Organisation de l'Unité Africaine ». Le Roi Mohammed VI en conclut que l'engagement du Maroc à défendre les Causes et les intérêts de l'Afrique ne date pas d'aujourd'hui. « C'est plutôt une orientation immuable que Nous avons héritée de Nos Ancêtres, et que Nous continuons à conforter avec assurance et fierté », insiste-t-il. Dans ce discours dédié à l'Afrique, le Souverain clarifie, encore une fois, le pourquoi du choix du Maroc de se tourner vers l'Afrique. Le Roi Mohammed VI dit clairement que ce n'est une décision fortuite, ni le résultat de calculs conjoncturels ou des supputations éphémères. « Il est plutôt le gage de notre fidélité à cette histoire commune, et l'expression d'une foi sincère dans la communauté de destin qui nous rassemble ». Le discours royal ne laisse aucune zone d'ombre concernant ce choix du Maroc de fusionner avec son continent :« Axée sur une connaissance pointue de la réalité africaine, Notre politique continentale est magistralement illustrée à travers plus de cinquante déplacements effectués au cours de Notre règne dans plus de vingt-neuf pays, dont quatorze ont été visités depuis octobre dernier. Elle s'articule également autour de la promotion des intérêts communs par la mise en place de partenariats solidaires gagnant-gagnant. Cette approche concrète trouve sa meilleure illustration dans les mégaprojets de développement que Nous avons lancés, comme le gazoduc atlantique Nigéria-Maroc, la construction de complexes de production d'engrais en Ethiopie et au Nigéria, la réalisation de projets de développement humain destinés à améliorer les conditions de vie des populations africaines, comme les services et les installations sanitaires, les établissements de formation professionnelle, les villages de pêcheurs. De plus, cette politique a été couronnée par le renforcement de nos partenariats économiques, le retour du Maroc à l'Union Africaine et l'Accord de principe donné pour l'adhésion de notre pays au sein de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. La réintégration par le Maroc de l'Institution continentale constitue un tournant diplomatique majeur dans la politique extérieure de notre pays ». L'Afrique a bien montré ainsi, elle aussi, qu'elle tient au Maroc, et le Souverain s'en félicite et remercie l'ensemble des pays du continent qui se sont tenus aux côtés du Royaume et même pour ceux qui n'ont pas appuyé sa demande : « C'est un franc succès pour notre orientation africaine, surtout au regard des obstacles que certains ont tenté de dresser sur notre chemin. C'est aussi une reconnaissance solennelle de la crédibilité dont le Maroc jouit auprès de nos frères africains, et une preuve éloquente de la place privilégiée qu'ils lui réservent dans leurs cœurs ». L'avenir commence aujourd'hui Pour le Roi Mohammed VI, le retour du Maroc au sein de sa famille africaine, pour important et décisif qu'il est, n'est pas une fin en soi. « Car l'Afrique a toujours été et demeurera en tête de nos priorités. Ce qui importe, en définitive, pour nous, c'est de contribuer à son essor et de servir le citoyen africain ». Pour le Souverain, l'Afrique représente l'avenir qui commence aujourd'hui. « Quiconque considère que le retour à l'Union Africaine a été la seule et unique motivation derrière tout ce que nous avons entrepris jusqu'à présent, montre par là qu'il ne Me connaît pas vraiment », ajoute le Roi Mohammed VI. Pour lui, l'heure est à l'action et le Maroc est soucieux de poursuivre les efforts qu'il mène à l'intérieur de son continent, depuis plus de quinze ans. Le Souverain souligne que ce retour est essentiellement le début d'une nouvelle étape qui sera marquée par un travail conjoint avec tous les pays africains pour donner corps à un véritable partenariat solidaire et œuvrer ensemble à l'essor du continent et à la satisfaction des besoins des citoyens africains. « Nous sommes engagés actuellement à construire une Afrique sûre d'elle-même, solidaire, unie autour de projets concrets, ouverte sur son environnement », insiste Mohammed VI qui rappelle que c'est en souscrivant à cette conception intégrée de l'Afrique que le Royaume a officialisé sa volonté d'adhérer à la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. En remerciant les dirigeants des Etats-membres de cette communauté d'avoir donné leur accord de principe pour l'adhésion du Maroc à cette entité régionale, en tant que membre à part entière, le Souverain précise que c'est une décision politique historique, qui marque une étape clé dans le processus d'intégration africaine, conçue exclusivement comme la synthèse de toutes les intégrations régionales. « Ceci est d'autant plus vrai que, dans un contexte particulier de politique internationale, les regroupements régionaux sont désormais des acteurs influents ». Partenariats fructueux et équilibrés « Se prévalant de son statut au sein de cette Communauté, le Royaume du Maroc s'attachera à asseoir les fondements d'une intégration réelle pensée pour servir l'Afrique et réaliser les attentes de ses peuples qui aspirent au développement et à une vie digne menée dans un climat empreint d'unité, de sécurité et de stabilité », a déclaré le Roi Mohammed VI. Et d'ajouter : « Nous avons choisi de mener une politique de solidarité à l'égard du reste des pays africains en mettant en place, avec eux, des partenariats équilibrés, sur la base du respect mutuel et dans l'intérêt bien compris des peuples africains ». Le Souverain a tenu, là aussi, à clarifier les objectifs recherchés par le Royaume : « Le Maroc n'a jamais cherché à faire valoir l'argent comme monnaie de change dans ses rapports avec ses frères africains. Il a plutôt fait le choix de mettre son savoir-faire et son expérience à leur disposition, car Nous sommes persuadé que la vraie source de profit pour les peuples n'est pas l'argent précaire, mais l'essence impérissable de la connaissance. Et ces pays le savent bien. Voilà pourquoi ils sollicitent la coopération du Maroc et son soutien pour appuyer leurs efforts dans de nombreux domaines, et non l'inverse. Ils ont, en effet, conscience de la volonté qui Nous anime de construire avec eux des partenariats fructueux, axés sur des investissements et des programmes rigoureusement définis associant les secteurs public et privé dans les pays concernés ». Dans son discours, le Roi Mohammed VI a mis à nu les mystificateurs. « Quant à ceux qui, bien qu'au fait de la vérité, s'ingénient néanmoins à colporter nombre de mystifications, notamment que le Maroc débourserait des sommes considérables en Afrique, au lieu » de les allouer aux Marocains, il est clair que ce n'est pas l'intérêt du pays qui les guide. En réalité, l'orientation du Maroc vers l'Afrique ne changera rien à nos positions et ne se fera pas au détriment des priorités nationales. A l'inverse, elle apportera une plus-value à l'économie nationale et contribuera à renforcer les relations de notre pays avec sa profondeur africaine. D'ailleurs, ce choix judicieux s'est répercuté directement et de façon positive sur la question de notre intégrité territoriale, comme en témoignent les positions des pays à ce sujet et les décisions de l'Union Africaine y afférentes. Cette nouvelle donne a eu pour effet de renforcer la dynamique que ce dossier connaît au niveau des Nations Unies ». Avancées pour le Sahara marocain « Placée sous le signe de la fermeté et de la rigueur, 2016 a été aussi l'année de l'acte joint à la parole au vu de la manière dont ont été contrées les manœuvres engagées pour porter atteinte à nos droits. Pour 2017, c'est l'année de la clarté par excellence et du retour aux principes et aux termes référentiels retenus pour le règlement de ce conflit artificiel suscité autour de la marocanité du Sahara », a affirmé le Souverain. Et le Roi Mohammed VI d'ajouter : « Cette approche ferme et claire a permis de remettre le processus de règlement onusien sur la bonne voie et de barrer la route aux menées qui cherchent à le dévier vers un horizon inconnu ». Ce rappel des faits illustre bien les avancées réalisées dans le dossier du Sahara marocain : « Cette orientation a été réaffirmée en avril dernier dans le rapport du Secrétaire général des Nations Unies et à travers les résolutions du Conseil de sécurité. Outre le respect des références encadrant le processus de règlement engagé et l'appréciation positive de l'Initiative d'autonomie marocaine perçue comme un cadre de négociation valable, l'accent a été mis sur l'établissement des responsabilités juridiques et politiques qui incombent à la partie véritablement impliquée dans ce conflit régional. Menée à la fois avec sérénité et fermeté, la gestion proactive de la crise d'El-Guergarate a permis, par ailleurs, de faire échec aux tentatives destinées à altérer la situation qui prévaut dans notre Sahara, et de démystifier la chimère entretenue par les ennemis du Maroc autour de supposés « territoires libérés ». Parallèlement, la proposition marocaine d'autonomie bénéficie d'un appui international soutenu, illustré par le nombre croissant de pays ayant retiré leur reconnaissance à cette entité fantomatique, ainsi que par la régularisation du cadre juridique régissant le partenariat économique entre le Maroc et bon nombre de grandes puissances ». Le discours royal reconfirme la détermination du Maroc à aller de l'avant dans sa stratégie africaine. « La Révolution du 20 août n'a pas été uniquement un événement saillant dans l'histoire du Maroc. Elle a eu aussi des conséquences majeures et des prolongements significatifs dans les sphères maghrébine et africaine », rappelle le Roi Mohammed VI. Et le Souverain de conclure : « Aujourd'hui, nous avons grand besoin de faire nôtres les valeurs de sacrifice, de fidélité et de don de soi permanent pour porter dignement le flambeau de cette Révolution renouvelée sur la scène nationale et continentale. »