La loi de finances 2008 a été fortement critiquée par les groupes de l'opposition qui lui ont trouvé plusieurs failles. Pour le groupe de la mouvance (UMP) comme pour celui de la Justice et du développement à la chambre des représentants, le projet de loi de finances 2008 ne répond pas aux besoins du développement du pays et les hypothèses sur lesquelles il repose sont loin de la réalité vécue. Said Ameskane, président du groupe de la mouvance UMP estime que le projet de loi de finances ne répond pas aux attentes populaires considérant que le monde rural est le parent pauvre du programme du gouvernement en général et de la loi de finances en particulier. S'agissant du volet relatif à l'emploi, S. Ameskane a indiqué que le projet de loi de finances ne contient aucune mesure qui prouve que le gouvernement va honorer ses engagements portant sur l'emploi de 250.000 chômeurs par an. Ce projet "ne répond pas non plus aux problématiques sociales", à un moment où l'on assiste à "un recul du pouvoir d'achat et du niveau de vie général avec une concentration des richesses", a indiqué le groupe de la Justice et du développement. Selon ce groupe, le projet ne se base sur aucune vision stratégique économique et sociale globale. On est loin des argumentaires un peu rapides des défenseurs de la loi de finances. Le groupe istiqlalien pour la justice et l'égalitarisme à la Chambre des Représentants, parti de premier ministre, trouve que le projet de loi de finances 2008 se distingue par l'importance des crédits alloués aux secteurs social, de l'équipement et de l'aménagement du pays. Intervenant lors de la discussion du projet de loi de finances 2008 à la Chambre des représentants, la présidente du groupe istiqlalien, Latifa Bennani Smires a mis l'accent sur l'importance accordée aux secteurs sociaux, ce qui permettra, a-t-elle dit, de placer le développement humain, la lutte contre la pauvreté, l'exclusion et la préservation du pouvoir d'achat des citoyens à la tête des priorités du gouvernement. Après avoir évoqué les recettes et les dépenses de l'Etat prévues dans le projet de loi de finances, la députée a souligné les fortes pressions d'ordre interne et externe qui pèsent sur les dépenses publiques. Devant la capacité limitée d'augmenter ces ressources ainsi que les taxes, il est impératif d'assurer l'efficacité économique des dépenses publiques à travers une gestion judicieuse des fonds publics, objectif que le gouvernement s'emploie à atteindre, a-t-elle souligné. Abordant la question de la gestion des fonds publics et l'efficience des politiques générales, Latifa Bennani Smires a affirmé le soutien de son groupe au gouvernement afin de parachever les réformes entreprises dans ce domaine et de promouvoir une nouvelle culture financière en matière de gestion des deniers publics. Elle souligne, par ailleurs, que la gestion génératrice de trésoreries nécessite la poursuite des efforts de mise à niveau du secteur financier à travers la modernisation de l'arsenal juridique régissant le secteur bancaire, l'assainissement des établissements publics, ainsi que la promotion des institutions de crédits et du marché des capitaux. La critique n'est pas venue uniquement des rangs de l'opposition puisque le plus grand allié de l'Istiqlal, l'Union socialistes des Forces Populaires (USFP) a dit ce qu'il pensait de cette loi de finances. Et ce n'était pas gai. Le groupe socialiste à la chambre des représentants est même allé jusqu'à présenter des amendements tous refusés par le gouvernement dont l'USFP est membre. Ce qui pousse à se demander si l'USFP a été consulté avant la présentation du projet aux députés. Les groupes de la majorité et de l'opposition se rejoignent pour demander la révision du système de gestion de la Caisse de compensation, en vue de la rendre plus efficace et orienter ses interventions vers les catégories des citoyens les plus démunis. Ils estiment que la Caisse de compensation a échoué dans son rôle, notamment à travers la spéculation sur les prix qu'elle a généré. Le président du groupe socialiste, Ahmed Zaidi, a relevé la contradiction illustrée par l'augmentation des crédits alloués à la Caisse et le recul du pouvoir d'achat des citoyens, appelant le gouvernement à intervenir pour maîtriser les prix. De son côté, le chef du groupe de l'Union constitutionnelle, Chaoui Belassal, a fait remarquer que le financement de la consommation à travers les subventions de produits alimentaires de base se fait au détriment du développement, ce qui favorise la pauvreté. Concernant la réforme fiscale, prévue par le projet de loi de finances 2008, les groupes de la majorité ont mis l'accent sur la nécessité d'une réforme plus équitable qui contribue à l'encouragement des entreprises, à la lutte contre l'évasion fiscale et à l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens, ajoutant que le projet de loi de finances accorde des avantages fiscaux aux banques et aux grandes entreprises au détriment des salariés et des PME. Les groupes de la majorité et de l'opposition ont été également unanimes à souligner la nécessité de la révision de la politique des barrages, qui, malgré son impact positif considérable sur le développement rural, est désormais dépassée à cause des changements climatiques, ont-t-il souligné.Ils ont appelé, dans ce cadre, à l'utilisation des eaux non conventionnelles, comme les eaux usées et celles de mer.