Vendredi 18 juin 2011, sur l'esplanade de la Villa des arts-Fondation ONA de Casablanca, le public venu nombreux s'impatiente en attendant le lancement de la deuxième édition de la rencontre des chorales affiliées à Maroc en chœur. Décalé, car coïncidant avec la diffusion du discours royal, le début du concert n'aura lieu qu'à 21h30. Une heure d'attente qui en valait la peine. Car aussitôt le coup d'envoi donné, le public est sous le charme. La couleur est annoncée par les voix angéliques du chœur d'enfants Tempo dirigé par Anas Bennis. Secondés par le chœur d'enfants «A mi-voix», dirigé par Sara Bencheikh, et CantaRé, dirigé par Meriem Raki, les petits choristes ont vite conquis l'assistance. De blanc vêtus, profondément concentrés, ces enfants talentueux ont su communiquer leur flamme. Encouragés par les applaudissements du public, ils ont laissé libre cours à leur petites voix. Fier de ses poulains, Adnane Matrone, le chef de chœur et initiateur de l'événement, affichait un large sourire bienveillant qui a fait pousser des ailes à ces jeunes choristes, dont les benjamins avaient 6 ans. Changement de chœur et changement d'âge, les jeunes choristes de l'ISCAE et ceux de Casablanca semblent vivre la même communion avec leur chef. «C'est la passion du chant et de la musique qui nous lie tous, que ce soit dans le Chœur des jeunes de Casablanca ou dans l'association Maroc en chœur», nous explique Matrone, le verbe enthousiaste. Répertoire bicolore Arborant plusieurs casquettes, ce jeune chef de chœur est également guitariste soliste, pianiste, auteur et compositeur. Grand spécialiste du chant choral occidental, il reste toutefois fidèle à ses premières amours : les mélodies et les standards orientaux et marocains. Le fruit de cette passion consommée est un répertoire particulier enrichi par les influences occidentales et mettant en vedette un beau patrimoine musical. Tout cela livré avec une «émotion communicative». «La culture chorale est occidentale à la base. Notre objectif, c'est de se l'approprier à travers des harmonisations et des compositions marocaines et arabes. C'est là où s'opère notre plus grand effort», analyse Adnane Matrone. Volontaire et profondément engagé, le chef de chœur ne cesse de composer, d'innover et de réinventer des morceaux à succès puisés dans les répertoires marocain et oriental. Ainsi, lors du concert de la Villa des arts, le public a pu apprécier de belles chansons découvertes sous un autre jour. De «Zourouni» de la grande Faîrouz à «Dour biha ya chibani» en passant par «Al madi fate» de Nass El Ghiwane et leur emblématique «Allah Yamawlana», Maroc en chœur a prouvé, avec grande grâce, que le chant choral peut porter les couleurs marocaines de la plus belle des façons. L'interprétation remarquable des jeunes choristes sous la direction de Matrone a conforté l'assistance dans cette agréable impression de «remake» réussi. «Notre répertoire a rencontré un grand succès que ce soit lors de représentations nationales ou dans des événements internationaux. D'ailleurs, notre prestation au Festival international «Choralies Vaison la Romaine 2010» a été une véritable réussite», nous raconte Matrone. Le secret de cet engouement ? Ce répertoire bicolore mariant chant arabe et harmonies occidentales. Un atout que le chef de chœur érige en objectif pour le Chœur des jeunes de Casablanca. Réseau choral Pour la petite histoire, cette chorale est la section jeune de la Chorale polyphonique de Casablanca, dirigée par Marie-Claire Agoumi. Lancée en septembre 2006, cette section est née de la volonté de mettre en place une chorale marocaine. Démarrant avec une vingtaine de choristes, le nouveau chœur va vite se démarquer en présentant un double répertoire occidental et marocain. A force de répéter hebdomadairement, les jeunes choristes de Casablanca, menés par un leader intransigeant, vont explorer d'autres horizons en se constituant un répertoire de plus en plus riche. Avec un rythme de trois concerts par an, le jeune chœur va se construire une identité à part. Au bout de cinq ans d'existence, forte de son succès et convaincue par ses choix, la troupe va initier le mouvement «Maroc en chœur». «C'est une association à but non lucratif dont l'objectif principal est la promotion et la diffusion du chant choral au Maroc. Grâce à cette initiative, les chœurs membres se sont constitués en réseau afin de permettre un meilleur échange en voie d'un plus grand professionnalisme», explique Matrone. A ces motivations s'ajoute l'envie de faire de «Maroc en Chœur» une plateforme de formation de jeunes choristes mais également de chefs de chœur. A peine âgé d'un an, Maroc en chœur a déjà fait ses preuves en donnant le jour à trois chorales d'enfants : le chœur de SOS village, le chœur de Sainte nounou et la chorale de l'école El Bilia. «Ce que nous avons réalisé en une année d'existence est énorme ! Maroc en chœur ne cesse d'attirer de nouveaux chœurs qui viennent nous rejoindre dans cette fabuleuse aventure. Aujourd'hui, nous comptons 13 chœurs affiliés issus de Casablanca, Tétouan, Marrakech et Tanger. D'autres sont sur la même voie», annonce l'heureux initiateur de ce projet. Son carburant ? «C'est la volonté, l'énergie et la passion des ces jeunes choristes désireux de partager leur amour pour le chant avec un public toujours aussi réactif», répond tout simplement Adnane Matrone. Côté financier, il confirme que l'association et le Chœur des jeunes de Casablanca fonctionnent avec les cotisations des membres. «Mais nous bénéficions du soutien de plusieurs institutions qui croient en nous, je cite l'Ecole internationale de musique de Casablanca qui nous offre un lieu pour faire nos répétitions hebdomadaires, l'ISCAE de Casablanca qui est toujours à nos côtés en rendant accessibles ses infrastructures, l'Ecole Elbilia, la Villa des arts-Fondation ONA et bien d'autres», énumère le chef de chœur avec reconnaissance. Des projets futurs de Maroc en chœur ? «Peut être un festival de chorale. L'idée est là, elle nous taraude l'esprit, mais ça demande beaucoup d'énergie et des moyens financiers et logistiques importants. Nous étudions sérieusement le projet, s'il n'aboutit pas cette année cela sera pour l'an prochain… nous y tenons». Le rendez-vous donné, avis aux choristes et autres amateurs. A vos pupitres !