Pour mettre fin à la polémique (mettre toute la lumière) autour des déchets italiens exportés au Maroc et des informations erronées et confuses qui ont provoqué un tollé ces dernières semaines dans les réseaux sociaux, l'Association Professionnelle des Cimentiers (APC) a tenu à clarifier les choses (remettre les pendules à l'heure) et de mettre toute la lumière sur le sujet en conviant des journalistes marocains – dont l'Observateur du Maroc et d'Afrique-, à visiter des plateformes de gestion et de traitement de déchets en Italie et en Allemagne ainsi qu'une cimenterie utilisant les RDF (tissus, bois, cartons, papiers broyés, plastique,...) comme combustibles alternatifs. L'objectif étant d'expliquer d'abord au plus grand nombre le processus de gestion et de valorisation des déchets dans les cimenteries mais surtout de démontrer la non dangerosité de ces combustibles de substitution. La société italienne de traitement de déchets, que nous avons visité «DECO SA» et qui fournit le RDF à la cimenterie Lafarge est située à Pescara, et donc, les déchets ne proviennent pas de la région de Naples, comme certains sites d'infos l'ont affirmé ! Lafarge Holcim a précisé que les 2500 tonnes importés payés 25 euros la tonne étaient simplement un test tout comme celui effectué auparavant, et sans aucun incident, par Ciment du Maroc (avril 2016) et Ciments de l'Atlas (2015) fournis tous deux par la société SUEZ UK (ex SITA UK). Pour l'APC, la valorisation des déchets dans les cimenteries et l'utilisation du RDF représente ce qu'il y a de meilleur dans l'économie circulaire. C'est une solution écologique qui résout un problème environnemental (enfouissements des décharges et brûlage des déchets à l'air libre) d'autant plus qu'elle permet de produire des combustibles alternatifs de qualité à partir de déchets ménagers banals (résidus de tissus, bois, papiers broyés, cartons et plastiques), traités (tri, broyage, homogénéisation et bio-séchage) et conditionnés. Les déchets exportés au Maroc ne sont pas dangereux. Déçu et écœuré par la façon dont l'information a été traitée dans les médias marocains, Fabrizio Déprio, PDG de Deco SA a tenu à préciser en présence de Thomas Guillot, responsable de Géocycle Europe, représentant Lafarge Holcim, lors d'un point de presse jeudi 28 juillet à Pescara que les déchets traités et exportés au Maroc ne sont pas nocifs pour la santé. « Nous avons été choqués par l'information relayée par la presse marocaine, il y a eu peu de vérités et beaucoup de confusion, ce qui risque de causer du tort à notre société », « d'autant plus que l'exportation de ces déchets a été effectuée dans le respect des normes de sécurité les plus élevées », a déclaré le PDG de l'unité de traitement italienne certifiée aux normes européennes de qualité (Iso 9001 et Iso 14001), et dont la capacité de traitement annuelle avoisine les 270.000 tonnes de déchets. Ces derniers transformés en RDF, sont réutilisés à hauteur de 70% en Italie et 30% sont exportés à Chypre et en Bulgarie. Pour Déprio, « le Maroc est en train d'adapter son dispositif pour la gestion des déchets et a la volonté de transition vers une économie circulaire qui s'inscrit dans le cadre du développement durable, et DECO SA peut apporter son expérience en la matière. D'autant plus que l'utilisation des RDF permet de réduire la quantité des déchets dans les décharges et de diminuer la quantité du charbon utilisé dans les cimenteries ». L'APC préconise le développement d'une filière locale Etant donné que le Maroc est actuellement à 90% au niveau de l'enfouissement (élimination des déchets en décharges organisées), l'APC préconise à cet effet le développement de plateformes de traitement de déchets au Maroc et donc la valorisation des déchets locaux. Abdelmoula Baoui, chargé du suivi des usines du groupe cimentier allemand HeidelbegCement a précisé « qu'en attendant le développement d'une filière locale de traitements de déchets au Maroc, les RDF apparaissent comme une solution logique vu qu'ils constituent une source d'énergie moins polluantes que les combustibles fossiles ». Pour sa part, Jan Theulen, directeur des ressources alternatives à HeidelbegCement nous a affirmé que les combustibles alternatifs sont moins polluants que les combustibles fossiles (charbon, pétrole,...) et « permettent de diminuer de 28% les gaz à effet de serre pour les déchets biodégradables (biomasse) dans les pays industrialisés et jusqu'à 50% dans des pays comme l'Indonésie, la Turquie ou le Maroc ». Si aujourd'hui le Maroc ne dispose pas d'unités de production des RDF malgré les 7 millions de tonnes de déchets qu'il génère par an, des projets bien avancés sont programmés notamment à Rabat, Marrakech et Béni Mellal. Dans le cadre d'un partenariat public/privé, les cimentiers sont disposés à investir dans des unités de production des combustibles alternatifs issus des déchets ménagers locaux. Une convention a été signée à cet effet avec le Ministère de l'environnement et le Ministère de l'intérieur en juin 2015. Ainsi, trois plateformes de transformations des déchets industriels en combustibles alternatifs pour cimenterie fonctionnent aujourd'hui au Maroc (2 à Casablanca + 1 à Tanger) et trois projets de plateformes de valorisation de déchets ménagers en combustibles alternatifs sont en cours ou à l'étude, notamment à Rabat (Oum Azza), à Marrakech et Béni Mellal. Rappelons qu'après avoir interdit l'importation des déchets industriels au Maroc le 14 juillet dernier suite à la polémique des déchets italiens arrivés à El Jadida, le gouvernement a levé cette interdiction 15 jours plus tard pour les déchets genre pneus déchiquetés, ferraille ou textile,…. Une décision qui néanmoins ne concerne pas les déchets RDF importés d'Italie dont on attend toujours les résultats de l'incinération. Ce diaporama nécessite JavaScript.