Edité avec le soutien de Rotary Casablanca Corniche, le nouveau livre de Mounir Serhani dont le lancement officiel est prévu le 17 juin 2016, est une œuvre purement philosophique dans laquelle il interroge une problématique majeure de la pensée arabo-musulmane. Il s'agit de l'interprétation du texte sacré qui reste néanmoins rétive à la lecture unique et arrêtée. Ce livre, dédié au penseur libre, Ibn Rushd, latinisé en Averroès, ressuscite l'âge d'or d'une philosophie ouverte sur l'Autre, la tolérance et le vivre-ensemble. Une pensée dont nous avons besoin aujourd'hui, ne serait-ce que pour affronter les assassins de la liberté et le fanatisme aguerri refusant tout esprit de dialogue. Car, parallèlement au commentaire des textes d'Aristote, Averroès a défendu l'acte de philosopher remis en cause par les accusations d'infidélité émises par Al Ghazâli contre les philosophes. Ses œuvres interrogent plusieurs questions politiques telles que le rapport entre la philosophie et la religion, la Loi et la raison, le philosophe et la cité. En effet, la philosophie politique d'Averroès renoue avec la méthode rationnelle afin de lutter contre le fanatisme et le dogmatisme intellectuels. Le Discours Décisif, ayant un statut plus juridique que philosophique, instaure pluralité et tolérance car « le docteur de la Loi », considéré comme le précurseur de la sécularisation, lie l'interprétation du Texte aux règles de démonstration : « Que la Révélation nous appelle à réfléchir sur les êtres en faisant usage de la raison, voilà qui ressort à l'évidence de maints versets du Coran« , écrit ce penseur libre. L'Islam au risque de l'interprétation montre comment se met en place une approche positive de la Loi qui permet de déceler les signes d'une pensée séculière et d'une interprétation plurielle à même de consacrer des valeurs universelles telles que la tolérance, la diversité et le vivre-ensemble dont le monde arabo-musulman a besoin aujourd'hui, plus que jamais. La lecture de ce livre nous démontre, arguments à l'appui, que l'Islam est loin d'être une religion de guerre ou de dissidences. C'est une foi qui dialogue avec la raison, les lumières des vérités plurielles et le bonheur de vivre en société. Réhabiliter ce philosophe qui a souffert de l'Inquisition injuste et exclusive c'est revoir notre patrimoine érudit sous le signe de la grandeur et du post-modernisme à même de nous réconcilier avec notre passé et encore avec notre religion qui ne cesse de nous sauver quand on est au bord de l'abîme, ce dogmatisme ténébreux qui tue au nom de l'unique vérité et se nourrit de l'exclusion de l'autre en faisait fi de toutes les valeurs recommandées par la Loi. Ainsi celle-ci nous enseigne-t-elle que tolérer l'autre n'est autre que le recevoir dans sa différence.