Comme chaque samedi soir, Hicham et sa bande font le tour des Club d'Aïn Diab à Casablanca. Après une soirée arrosée, ils rentrent chez eux sous le regard attentif mais bienveillant des patrouilles de police. Selon le nouveau Code de la route (de l'article 207 à 212) notre conducteur éméché devrait subir un contrôle par alcootest et détecter la présence effective d'alcool dans son haleine. Les labyrinthes de l'administration «En 2009, 925 conducteurs marocains on été impliqués dans des accidents où le facteur alcool est la cause», annonce Mohammed Benjelloun, chef de division exploitation à la direction des routes au ministère de l'équipement et du transport. Ce chiffre reflète-t-il la réalité? Quand on sait que les routes marocaines connaissent une moyenne de 70.000 accidents par an, la conduite dans un état d'ébriété ne représente donc que 1,32 % des l'ensemble des accidents ! Selon le responsable du ministère de l'Equipement et du transport, «la mise en place de l'éthylotest sur les routes devrait dissuader la conduite en état d'ébriété». L'idée d'introduire l'alcootest remonte à 2007. «On a fait l'acquisition d'un premier lot à l'époque mais finalement ce premier test n'a pas eu lieu», révèle Ibrahim Zouhri de la direction de la sécurité routière au département Ghellab. Alors que la discussion autour du nouveau code battait son plein, le ministère fait l'achat d'un lot mais qui s'avère inadéquat, il sera remplacé par 250 éthylotests qui peuvent chacun servir 300 fois. Donc, de quoi effectuer 75.000 tests pour un démarrage. Pour éviter toute polémique, le ministère avait même consulté le Conseil des uléma pour avoir un avis favorable à son utilisation. Après le feu vert de ces savants, il fallait remettre ce matériel aux agents de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie royale chargés de l'utiliser. Chose faite, fin septembre 2010. «Il est prévu que la police et la gendarmerie fassent aussi des commandes pour des alcootests», affirme le responsable au ministère de l'Equipement et du transport. Côté Sûreté nationale, rien ne filtre officiellement. Cependant, un responsable de la circulation routière comme des agents de la circulation, que nous avons interrogés, affirment n'avoir rien reçu d'officiel dans ce sens. L'autre partenaire de ce processus est le ministère de la Santé. Un laboratoire public devrait être mobilisé pour effectuer des tests cliniques sur la présence d'alcool dans le sang. Ces analyses se font à la demande du conducteur pour prouver définitivement la présence ou non de l'alcool dans le sang. Les frais d'analyses sont à la charge du conducteur. En attendant la mise en place réelle de l'alcootest, Hicham et sa bande continuent à conduire en état d'ébriété.