La demande des crédits augmente, et parallèlement, les sociétés de crédits sont de plus en plus regardantes. D'après Abderrahim Ghiati, administrateur directeur général d'Eqdom «cette année, nous avons senti un fléchissement de l'octroi du crédit parce que l'environnement n'est pas propice». Selon lui, le Maroc, à l'instar du reste du monde, vit dans un environnement fragile, où le risque de chômage est toujours pesant. Certes, le Maroc, a mieux vécu cette période que bien d'autres pays, mais il y a des secteurs qui ont souffert et connu des moments difficiles. On a même parlé de chômage technique, d'une baisse de la commande extérieure, ce qui a affecté les salariés. De ce fait, selon A. Ghiati, les sociétés de crédits à la consommation sont devenues un peu plus regardantes, au niveau du risque, et ont quelque peu freiné leur production. C'est pour cette raison qu'à l'instar de l'année précédente, il n'y a pas vraiment eu d'augmentation du crédit à la consommation. Cependant, en dépit de la conjoncture difficile, il ne faut pas oublier que l'emprunt est devenu le quotidien du Marocain. Or quand les périodes de crédit coïncident ou se succèdent dans un court délai, cela risque de générer un surendettement. En réaction à ce constat, A. Ghiati affirme : « Je ne suis pas d'accord sur ce point parce que tout est relatif. Il faut se comparer avec d'autres pays. Au Maroc on est très loin du niveau de surendettement de l'Angleterre ou la France. On parle d'un million de personnes, donc le nombre de Marocains qui contractent un crédit à la consommation ne représente qu'une minorité. D'un autre côté, le crédit à la consommation n'est pas une chose mauvaise en soi, le mauvais c'est l'abus». En ce qui concerne le niveau de surendettement au Maroc, A. Ghiati explique que pendant un temps les gens ont été alarmés par le surendettement et que Bank Al Maghrib a pris les choses en mains en instituant une enquête annuelle du surendettement, des crédits à la consommation et des banques. Il s'est révélé que finalement, il n'y a pas de véritable problème, mais le risque est toujours là et il faut rester vigilant. Pour A. Ghiati, l'endettement constaté est un endettement normal. Ce qui n'est pas normal, c'est quand on n'a pas les moyens et qu'on aspire à des choses qui ne sont pas du niveau de vie de la personne. A la question de la responsabilité des sociétés de financement, et de l'engagement du système financier tout entier, A.Ghiati répond : «dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix il y avait une certaine anarchie dans ce secteur, plus de trente six sociétés de crédits à la consommation, des circuits parallèles, des revendeurs d'électroménager qui faisaient directement du crédit… et donc tout cela a participé à l'augmentation du crédit et donc à un certain endettement. Mais aujourd'hui, les choses se sont arrangées, il y a dix-neuf sociétés de financement, dont la majorité sont des filiales de banques».