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Le regard critique de Rancinan
Publié dans L'observateur du Maroc le 19 - 04 - 2016

‘Pour sa 1ère exposition solo en Afrique, le photographe français présente au nouvel espace dédié à l'art contemporain de la Fondation Montresso*, son célèbre « radeau des illusions », une photographie monumentale de 9*13m, à l'image de son œuvre, à la fois poétique et politique.'
Photographe engagé d'art contemporain mondialement connu pour ses fresques poétiques dépeignant les vérités cachées et sordides de ce monde, ses compositions des grands maitres classiques tels Géricault ou Velasquez et ses portraits des plus grands dirigeants de la planète (Hassan II, Fidel Castro, le Pape Jean Paul II, F. Mitterrand, Lichtenstein, Arafat, Moubarak, Bill Gates...), Gérard Rancinan regarde et porte un témoignage éveillé et critique sur son époque. Son exposition inaugurale du nouvel espace muséal de la Fondation Montresso* (3 4vril-5 juin 2016) retrace, à travers une trentaine de photographies, les grandes étapes de sa création incluant une série de Portraits (1975-2015), la Trilogie des Modernes (2007-2013) et Le destin des hommes (2015). Ses travaux accompagnés de réflexions signées Caroline Gaudriault, basés sur la pensée et l'intelligence placent l'Homme face à sa modernité, son positionnement aujourd'hui et son héritage culturel. Ses paraboles photographiques plutôt décalées, véritables métaphores de l'Humanité, théâtralisent à outrance la réalité du monde contemporain et relatent les métamorphoses du siècle en cours, un monde schizophrène, ambigu et contradictoire en proie au chaos et à la décadence.
Votre photo est plutôt engagée. Engagée est un mot un peu galvaudé, c'est plutôt une photo critique qui dénonce, une photo remplie de sens qui prend ses responsabilités. Chez moi, le fond est plus grand que la forme. En tout cas, c'est ma quête, je cherche à ce que chaque photo évoque et donne du sens à celui qui la regarde. Il ne faut pas que ça soit chiant, ni triste, ni pesant...Ce sont des petits miroirs d'une époque. Le photographe, c'est un magicien qui arrête le temps et te met dans une boîte pour toujours.
Vous cherchez à ce que vos photos choquent ? Oui, que ça provoque, c'est le but. Toute œuvre doit être provocante. Cela dit, on n'est pas obligé de faire vulgaire, on peut provoquer par la manière dont c'est fait, par le message qui passe, par la forme aussi. On peut provoquer le regard, l'attention, la pensée, l'imagination.
Sur des sujets d'actualité qui vous révoltent ? Des sujets qui me font rire souvent, qui me révoltent aussi, qui m'agacent, qui m'énervent...Je ne suis ni un révolté, ni un engagé, ni un militant. Mon travail est à la fois poétique et politique.
Comment êtes-vous passé de la photo de reportage à la photo d'art ? La presse occidentale s'effondrait et plusieurs magasines disparaissaient au profit du digital, on a donc suivi le mouvement. Lorsqu'on a fait un reportage sur la migration, ça n'intéressait personne, c'était trop réaliste ! Alors, on a abordé le problème autrement avec « Le radeau des illusions ». L'impact était mondial. En théâtralisant un événement, en le rendant iconique, il avait 10 fois plus de force que dans les journaux ! Les gens veulent vivre la fiction et voir la réalité comme un spectacle. On leur a proposé un spectacle qui racontait une vérité.
Justement ce radeau exposé dans le monde vient s'échouer sur le désert marocain. Pourquoi ? Je veux que cette photo ait plusieurs vies. Les musées enferment l'œuvre et l'artiste dans un espace. J'aime que mes œuvres vivent, c'est pour ça que j'ai mis des photos à l'extérieur. La même photo, je l'ai mis dans un étang, à moitié noyée, puis sur un mur au musée Himalayas (Shangaï). Le challenge du désert était intéressant, c'est comme si ce radeau n'arrivait plus à avancer et qu'il ne restait plus que des hommes dessus qui essaient de le faire avancer. Je l'ai offert à la Fondation Montresso* et on va essayer de le mettre sur un mur en plein Marrakech.
Pourquoi ce penchant pour les photos monumentales ? Au-delà des techniques qui le permettent, ce choix parle de notre époque, grandiose, folle, décadente, grandiloquente, criarde, gueularde, une époque de bouleversements... J'aime que le regardeur soit face à la photo, que la photo le regarde et qu'il pénètre dedans. Ce n'est pas un travail d'orfèvre, c'est un travail de détail. Est-ce que Géricault ou Delacroix faisaient de petits tableaux ?
Vous trouvez que vos œuvres sont belles ? C'est prétentieux de le dire, mais ça me plait. Je suis un artiste d'art contemporain avec une formation classique, je n'efface pas le passé. Pour moi, l'art doit être beau. L'art contemporain aujourd'hui, extrême, détruit trop souvent la beauté et c'est dangereux de faire cela. Car si on détruit le beau, c'est parce que c'est trop compliqué d'être Michel-Ange, Giotto ou Velasquez, ... regardez comment ils ont détruit la cité antique de Palmyre !
Pour vous, la photo et l'art sont indissociables ? La photo est une forme d'art, c'est un témoignage d'un moment, d'un instant, que ça soit une photo de guerre, de mariage, de joie... La forme artistique, c'est ce mélange d'esthétisme, de beauté, de message passé. Il n'y a aucune hiérarchie dans une photographie, le contrat, c'est le message.
Vous avez photographié Hassan II pour le Figaro. Quel souvenir en gardez-vous ? C'est un homme très ouvert et très curieux, j'ai fait un voyage avec lui de Rabat jusqu'à Fès. Il posait pleins de questions, sur mon métier, et comme il savait que j'étais de Talence, près de Bordeaux, il m'a demandé si « la rosière de Pessac » existait toujours. Histoire de me signifier que les traditions de la région l'avaient beaucoup touché lorsqu'il était étudiant à Bordeaux !
Vous êtes aussi l'un des rares photographes à avoir fait le portrait posé de Fidel Castro ? Oui, j'ai longtemps rêvé de ce moment. Quand j'ai fait son portrait debout sur les rochers, fixant l'Amérique, il m'a dit « c'est un défi, tu le marqueras ». Après, on a visité une église, il s'est mis sous la croix du Christ et m'a dit : « tu diras à tout le monde que je ne détruis pas les églises ». Un an après, il recevait le Pape !
C'est difficile de photographier des dirigeants du monde ? Non, parce que c'est le photographe qui a la main et qui prend la photo, c'est lui le chef de l'action. Moubarak avait dit à l'un de ses ministres lorsque je m'étais approché de lui pour arranger sa cravate : « le patron dans l'instant, c'est lui ».
Un autoportrait, ça ne vous a jamais tenté ? C'est narcissique comme exercice mais, j'en ai fait un au Pakistan lorsque j'ai photographié Musharaf. Sinon, j'apparais sur une reproduction un peu exagérée que j'avais faite des « Ménines » de Velasquez avec cette folie de l'humain de concurrencer Dieu, de lutter contre le temps, de rester jeune.
L'idée du banquet est récurrente dans chaque série. C'est une référence artistique, classique, mais c'est aussi un lieu où on peut raconter des choses. Autour d'une table, on partage des idées, des envies, des sociétés. Tout se passe autour de la table, les plus grands complots, les grandes décisions,...la table est fédérateur d'un monde, c'est presque une métaphore de l'Humanité.
Vos projets ? On va travailler sur un projet qui parle de démocratie, qu'on est en train de bafouer, de piétiner.


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