‘L'Association pour le Droit et la Justice au Maroc, crée en 2012 et basée en France, représente les victimes de spoliation au Maroc ‘ L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Comment est née votre association ? Stéphane Vabre : Douze membres de ma belle-famille espagnole, dont Alexandro Segarra, le cousin de mon épouse et président actuel de l'association, ont été spoliés de leur succession au Maroc. C'est en tentant de trouver des solutions pour récupérer ce legs que l'on s'est rendu compte de l'ampleur du phénomène. Nous avons alors décidé de défendre les nombreuses victimes de ces confiscations illégitimes en créant une association en partenariat avec le cabinet Maitre Viviane Sonier (avocate au barreau de l'Ardèche ), qui avait déjà en charge quelques affaires similaires. Quelle a été la suite réservée à l'appel que vous aviez lancé à François Hollande lors de sa visite au Maroc au début du mois d'avril 2013 ? Nous avons été assurés qu'une suite serait donnée à nos doléances. La malchance a voulu que des incidents diplomatiques successifs surviennent entre le Maroc et la France quelques temps plus tard, entrainant la suspension des accords de coopération judiciaire entre Paris et Rabat le 26 février 2014. Plusieurs des dossiers pris en charge par notre association sont pendants depuis cette date. Nous avons néanmoins bon espoir quant au réchauffement des relations entre nos deux pays. Combien d'affaires de spoliation immobilière suivez-vous actuellement ? Une centaine environ. Pour vous donner une idée de l'ampleur du fléau, fin mai 2014, nous étions saisis de 175 affaires ayant trait à des spoliations ou des tentatives de confiscation illégitime de biens immobiliers (terres rurales, terrains en zone urbaine, appartements, maisons, villas…). Les biens spoliés se trouvent dans toutes les grandes villes du Maroc. Les victimes sont des Marocains résidant à l'étranger ou au Maroc, des Français, des Espagnols, des Italiens et des Suisses. Les spoliateurs peuvent être des réseaux d'escroquerie organisés, comme des proches des victimes qui abusent de leur faiblesse liée à leur âge, à leur état de santé, ou consécutive à un deuil par exemple. Gardez-vous espoir de voir un jour ces affaires résolues ? Oui, je reste optimiste, car on se sent entendus. Nous avons rencontré des gens de bonne volonté au Maroc comme en France, qui nous ont assuré de leur soutien et donné envie de poursuivre notre engagement en faveur de la justice. Nous avons notamment été reçus par les ministres marocain et français de la Justice. Certains dossiers complexes, comme celui de l'affaire Gérard Bénitah, qui a obtenu gain de cause après une dure bataille judiciaire, constituent également un signe positif et encourageant. Enfin, il ne faut pas oublier que notre association a seulement 2 ans d'existence, notre combat ne fait que commencer ! ✱ * à l'heure où nous mettions sous presse, Mustapha Ramid annonçait sa visite prochaine à Paris avec Christiane Taubira pour relancer la coopération judicaire entre les 2 pays.