Venu présenter son dernier film « Loin des hommes », « Far from men » -du français David Oelhoffen- à la 14e édition du FIFM, l'immense acteur américain Vigo Mortensen a reçu un vibrant hommage dimanche 7 décembre célébrant magistralement l'ensemble de sa carrière. L'acteur, à la fois producteur, peintre, poète, musicien, photographe et éditeur, rendu célèbre au début des années 2000 par la trilogie du « Seigneur des anneaux », a reçu son étoile d'or des mains de l'actrice française et membre du jury, Mélanie Laurent, juste après avoir présenté devant 7000 personnes son film à la place Jamaa El Fna. « Je suis fier de ce que nous avons réalisé, en famille, avec notre équipe marocaine, algérienne et française », a déclaré le héros des « Promesses de l'ombre », en évoquant son tournage non loin de la ville ocre, dans les montagnes de l'Atlas. Un film qui lui tient à coeur et dont l'action se déroule en 1954 en Algérie et où il incarne le rôle de Daru, un instituteur d'origine espagnol, aux premières heures de la guerre d'indépendance. Profondément ému, le comédien a tenu à s'exprimer en arabe en déclarant se sentir chez lui à Marrakech L'Observateur du Maroc : Ce soir, Marrakech célèbre votre carrière, est ce qu'il y a un film qui vous a marqué le plus ? Viggo Mortensen : Non, le succès des « Seigneurs des anneaux » m'a évidemment donné plus d'opportunités de bosser avec plusieurs réalisateurs comme David Cronenberg, et autres. J'ai fait des films en Espagne : « À la triste »,...peut être que d'une certaine façon, ça m'a permis de faire « Loin des Hommes ». C'est comme si on me disait quel est votre enfant préféré? Je les aime tous. Est ce qu'il y a un réalisateur qui vous a donné plus confiance en vous ? On peut apprendre de tout le monde, la confiance vient de toi-même. Je pense que David Cronenberg m'a compris très bien, m'a aidé à faire du bon travail. « Loin des hommes », c'est la 1e fois que vous jouez dans un film français. Qu'est c e qui vous a séduit dans le rôle de Daru? C'est un conte émouvant d'Albert Camus. Jaime Camus comme écrivain et comme philosophe, sa position morale, je l'admire et je pense que l'adaptation de David Oelhoffen est bien, le scénario est très beau, je voulais faire ce film, c'était surprenant parce qu'un producteur m'avait vu parler français sur Youtube pendant le centenaire des Canadiens à Montréal en 2009, il m'a écrit et m'a demandé si je pouvais faire un film français en entier, et j'ai dit : « ce n'est pas impossible, est ce que vous pouvez m'envoyer le scénario », puis ça s'est bien passé et on a fait le film. Vous parlez en arabe? J'ai dû apprendre l'arabe pendant quelques mois, j'aimais beaucoup cela, je trouvais cela intéressant d'appendre des choses nouvelles, je devais parler de temps en temps avec le personnage de Réda en arabe et avec les autres, il y avait des scènes qu'on a tourné et qu'on n'a pas utilisé dans le film mais je parlais beaucoup l'arabe à ce moment là. Vous avez vécu aux USA, Venezuela, Argentine, Danemark. Comment est ce qu'on ressent ce mélange culturel en la personne de Vigo? Ça m'intéresse de voir le monde d'un point de vue des autres, c'était comme ça pour moi, quand j'étais un petit garçon, j'ai toujours voyagé, beaucoup, physiquement, avec l'imagination, et je continue à faire ça dans mon métier, je pense que c'est mon devoir d'essayer le mieux possible de voir le monde d'un point de vue différent. Tout le monde est intéressant et compliqué. Depuis quand parlez-vous français? J'avais 11 ans quand mes parents se sont séparés, avec ma mère et mes deux frères, on habitait près de la frontière canadienne et j'ai appris à la télé, en regardant Radio Canada. Comment choisissez-vous vos rôles? Je fais des films que je veux voir au cinéma. Quand je fais un film, c'est l'histoire qui compte. Vous avez co-poduit Jauja de d'Alonso Lisandro. Un film qui vous tient à coeur. C'est un peu un retour aux sources? Oui, c'est le 2e film que j'ai fait en Argentine, je suis fan de Lisandro, de son cinéma, et le scénariste, c'est Fabien Cassas, un poète qui est un ami depuis longtemps. C'était intéressant parce que c'est dans ce pays que j'ai appris à monter à cheval, à la campagne, j'ai joué un personnage qui n'était pas à l'aise en Argentine, avec un fort accent danois comme mon père quand il parlait espagnol. Et entre les prises, j'étais très content, ...les chevaux, les paysages, la campagne, ça me renvoyait à mon enfance Après des personnages très tourmentés et solitaires, pensez-vous à incarner des rôles plus légers? Je cherche toujours à avoir des moments légers dans mes films, même dans « Promesses de l'ombre », un film très sérieux, il y a des moments légers entre moi et Naomi Watts... Des projets ? Je voudrais réaliser et écrire le scénario de Horsecatcher, et pouvoir adapter ce roman à l'écran. C'est l'histoire d'un cheyenne qui doit apprendre à tuer l'ennemi pour un rite de passage