Les coûts d'emprunt des Etats en zone euro ont chuté à des niveaux sans précédent le 21 courant au moment où les investisseurs ont misé sur la décision de la BCE de prendre des mesures agressives pour éviter un effondrement déflationniste. Et ce, suite aux premières données indiquant que la reprise économique de la région a enregistré un ralentissement en août. L'indice « flash » des directeurs d'achat pour le bloc monétaire a chuté de 53,8 à 52.8 en juillet sur fond de tensions géopolitiques susceptibles d'affecter le sentiment des manufacturiers de la zone euro. Bien que le chiffre soit supérieur à 50, niveau crucial qui signale une expansion de l'activité, l'élan semble trop modeste pour créer des emplois dans une région où le chômage s'affiche à deux chiffres. Les données du PMI « concordent avec une croissance fragile et une inflation faible, ce qui renforce la probabilité que la BCE devrait agir », précise Alessandro Tentori, responsable stratégie des taux chez Citigroup. Face aux appels à la BCE pour procéder à un assouplissement quantitatif dans le but de débarrasser la région de la menace de stagnation, le président Mario Draghi devrait prendre la parole lors du sommet de Jackson Hole des banquiers centraux aux Etats-Unis. Toute action prise par la BCE pour procéder à un QE devrait conduire à un achat massif des obligations d'Etat en zone euro. Les rendements des obligations espagnoles à 10 ans, qui évoluent en sens inverse des prix, ont chuté à un plus bas de toute l'ère euro de 2,37%, tandis que ceux des obligations italiennes étaient à peine plus élevés que leur plus bas historique à 2,59%. Quant aux rendements portugais, ils sont tombés à leur plus bas de 3,22 % dans presque une décennie malgré les craintes suscitées par les défaillances de son système bancaire déclenchées par la crise qui a touché la plus grande banque du pays, Banco Espírito Santo, le mois dernier. Chris Williamson, chef économiste chez Markit, a soutenu que la région était sur la voie de la croissance de 0,3-0,4 % au troisième trimestre. Un niveau « peu susceptible de stimuler un redressement réel sur le marché du travail ». La chute de l'indice de production manufacturière (PMI) a suivi une faiblesse des chiffres du produit intérieur brut en zone euro, la semaine avant dernière, en plus d'une reprise freinée au deuxième trimestre. Les données suggèrent que ses usines ne sont plus catalyseurs de la reprise, vu que le PMI a enregistré une chute estimée à 50,8. Selon Jennifer McKeown, éconnomiste chez Capital Economics, « cette enquête devrait renforcer la pression sur la BCE pour faire plus en vue de soutenir l'économie chancelante de la zone euro, même si d'autres grandes banques centrales commencent à évoluer dans le sens contraire»❚