Le ralentissement de la croissance dans le secteur manufacturier de la zone euro en mai se confirme et a même été un peu plus fort que prévu, selon une nouvelle estimation datée d'hier de l'indice des directeurs d'achat (PMI) pour ce secteur. L'indice PMI manufacturier a finalement baissé à 55,8 points après 57,6 points en avril, a annoncé la société Markit, qui le réalise. C'est un plus bas depuis trois mois, et un peu inférieur à la première estimation de 55,9 points donnée le 21 mai. L'indice reste, pour le huitième mois consécutif, au-dessus de la barre des 50 points qui signale une progression de l'activité. Mais sa baisse traduit un fléchissement du taux de croissance. «La reprise du secteur manufacturier ralentit fortement», a commenté Markit dans son communiqué. Elle a précisé que ce ralentissement concernait la production et les nouvelles commandes dans tous les pays, mais qu'il était particulièrement marqué en Allemagne, première économie de la zone. Pour le chef économiste de Markit, Chris Williamson, l'indice «met en évidence la vitesse à laquelle l'incertitude entourant la crise de la dette souveraine semble avoir atteint l'activité économique». «Le taux de contraction de la croissance observé en mai dans le secteur manufacturier n'a été dépassé qu'une seule fois au cours des treize années d'existence de l'enquête, au lendemain de la faillite de (la banque américaine) Lehman Brothers, qui avait donné le coup d'envoi de la crise bancaire en 2008», note-t-il. Signes encourageants L'économiste relève «certains signes encourageants», notamment le fait que «les ventes à l'export atteignent un plus haut depuis près de dix ans et l'emploi progresse pour la première fois depuis deux ans». Mais il prévient que l'emploi «devrait reculer au cours des prochains mois» et que «toute amélioration de la compétitivité sur les marchés extérieurs résultant de la baisse de l'euro pourrait présenter un intérêt limité si le ralentissement de la demande outrepassait les frontières de l'Europe». En ce qui concerne l'activité de l'industrie manufacturière française, elle a continué à se développer en mai, tout en montrant des signes de ralentissement, selon les chiffres de Markit. L'indice des acheteurs PMI se replie à 55,8 points, contre 56,6 points en avril. Un niveau de l'indice supérieur à 50 points reflète une croissance de l'activité et un niveau inférieur une contraction. «Cette baisse de l'indice PMI reflète principalement un volume moins important des nouvelles commandes et de la production, ces deux variables affichant toutefois les taux d'expansion les plus forts depuis le début de l'enquête», selon Markit. Le volume des nouvelles commandes progresse pour le onzième mois consécutif, la demande en provenance du marché national et des marchés étrangers se renforçant depuis avril. Le taux de croissance des nouvelles commandes à l'export se maintient à un niveau proche du pic de quarante mois observé en avril, alors que la demande en provenance d'Asie, d'Europe et des Etats-Unis se renforce au cours de la dernière période d'enquête. «La croissance conserve son élan en mai dans l'industrie manufacturière française, reflétant à peine l'impact de la crise de la dette souveraine européenne», résume Jack Kennedy, économiste chez Markit.